Coronavirus : les chercheurs du monde entier se mobilisent

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Rédigé par Juliette S. et publié le 10 mars 2020

Alors que le coronavirus continue de se propager en France et dans le monde : 90 663 cas confirmés et 3 125 morts (et 48 128 personnes guéries), virologues, généticiens, médecins, épidémiologistes du monde entier ont mis leurs travaux actuels de côté afin de faire progresser les connaissances sur le virus et endiguer l’épidémie. Découvert il y a près de deux mois, d’importantes avancées scientifiques ont déjà été faites. Ainsi, les premiers essais thérapeutiques pourraient débuter en France rapidement en réponse à un besoin urgent, au vue de la forte probabilité d’une pandémie du virus, perspective validée par l’OMS.

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Le scénario d’une pandémie se dessine

Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, la « fenêtre d’opportunité » pour maîtriser la propagation du virus se referme et il faut “se préparer à la possibilité d’une pandémie”.

Interrogé par France 24, Jean-Stéphane Dhersin(directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et spécialiste de la modélisation d’épidémies), explique que la variable calculée en fonction du nombre d’individus contaminés doit être inférieur à 1 pour qu’une épidémie s’arrête d’elle-même. Dans le cas du coronavirus, elle serait de 2,5. Selon lui, “il existe un risque que l’épidémie décolle”.

Frédéric Tangy, directeur du laboratoire d’innovation vaccinale à l’Institut Pasteur, également interrogé par France 24, ajoute que les nouveaux foyers trouvés en Iran et en Italie pourraient constituer un tournant dans l’histoire de l’épidémie. Mais il note que l’OMS a raison de dire qu’il reste du temps avant de pouvoir se prononcer sur la gravité de la situation. En effet, grâce aux mesures prises par la Chine, après un pic de cas diagnostiqués positifs, la courbe du nombre de cas diminue.

Enfin, tous les experts s’accordent à dire que la meilleure ressource pour lutter contre le virus est le personnel hospitalier, qui s’organise pour établir des tests de dépistage.Comme le note Jean-Stéphane Dhersin “Il y a davantage de cas de porteurs du virus qui ne présentent aucun symptôme mais peuvent tout de même transmettre le virus, ce qui rend le dépistage plus difficile”.

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Une course dans la recherche d’un traitement

À présent, les pouvoirs publics s’accordent à dire que l’épidémie du coronavirus ne sera pas vaincue dans les jours ou même les semaines à venir. Les laboratoires du monde entier s’attellent à trouver un traitement, mais également des outils de prévention.

Actuellement, plusieurs solutions sont en train d’être testées :

  • La société californienne Gilead annonce un essai clinique d’un médicament, initialement développé pour lutter contre le VIH et l’Ebola, qui portera sur 1 000 patients en Asie et dans le reste du monde.
  • En France, à Lyon, une équipe de 10 chercheurs, qui ont accès à des échantillons prélevés sur des cas confirmés, affirme avoir validé une stratégie de repositionnement de médicament, pouvant apporter une réponse rapide.

Dans les deux cas, il est question de mettre en place un traitement rapide, à partir de molécules déjà présentes sur le marché. Pour Manuel Rosa-Calatrava, chercheur lyonnais, “L’intérêt c’est de recycler des médicaments déjà sur le marché. Grâce à notre technologie on va puiser dans la pharmacopée existante”, ce qui permet de gagner du temps lorsque l’on sait que “Le développement jusqu’à la mise sur le marché, quelle que soit la pathologie visée, est en moyenne de 10 à 12 ans” et qu’avec “le repositionnement de médicament, le temps de développement est beaucoup plus court jusqu’à la mise sur le marché”.

Autre sujet de ces derniers jours : le recours à la chloroquine, utilisée comme traitement antipaludique, qui serait efficace contre le virus. Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille s’exprime à ce sujet “C’est l’un des médicaments les plus sûrs qui existe. C’est d’ailleurs aussi, sous son nom commercial de Nivaquine, l’un des plus prescrits au monde avec l’aspirine”. Mais, à ce jour, aucun essai clinique ne valide son efficacité, et pour l’Insermil est primordial d’avoir une visibilité sur des données issues d’essais cliniques impliquant des patients infectés par SARS-Cov-2”. Enfin, pour le moment, il n’existe pas encore de vaccin officiel contre la maladie, même si la mobilisation est importante, avec la Commission européenne, qui a notamment octroyé 100 millions d’euros pour en financer sa recherche.

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Discerner le vrai du faux

Suite à cette épidémie, de nombreuses informations ont circulé à son sujet, mais comment faire le tri ? Santé sur le net fait le point.

  • Peut-on attraper le virus en buvant l’eau du robinet ?

Non, cette maladie, dont la transmission est respiratoire, ne compte, à ce jour aucun cas de contamination par l’eau.

  • Qui sont les personnes les plus à risque ?

Comme pour la grippe, les personnes souffrant de maladies chroniques comme l’hypertension et le diabète, et les personnes âgées ou fragiles sont le plus à risque. À ce jour en revanche, aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans.

  • À partir de quelle distance le risque de transmission existe-t-il ?

Le coronavirus se transmet par gouttelettes, émises par une personne infectée. Il faut donc un contact étroit avec une personne malade comme notamment : partager un même lieu de vie, un contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou une discussion en l’absence de mesures de protection.

  • Comment se protéger ?

Le gouvernement français relaie ces 6 mesures préventives :

  • se laver les mains très régulièrement,
  • tousser ou éternuer dans son coude,
  • saluer sans se serrer la main,
  • éviter les embrassades,
  • utiliser des mouchoirs à usage unique,
  • porter un masque quand on est malade.
  • Doit-on tous porter des masques ?

Là encore, le gouvernement français est très clair : “Le port du masque, si vous n’êtes pas malade ou si vous n’avez pas voyagé dans une zone touchée par le virus, n’est pas recommandé et son efficacité n’est pas démontrée”.

  • Peut-on continuer à prendre les transports en commun ?

Aucun communiqué à ce jour ne suggère de ne pas les prendre.

  • Y a-t-il un risque de pénurie de médicaments ?

Aujourd’hui, aucun problème d’accès n’a encore été signalé. Mais la production venant majoritairement de Chine, cette situation est suivie de près par le ministère des Solidarités et de la Santé.

Aujourd’hui, Santé publique France, en lien avec l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) et l’OMS (Organisation mondiale de la santé) surveille de très près l’évolution de la situation internationale. En France, pays considéré comme disposant des capacités à mettre en œuvre les mesures de prévention nécessaires, la propagation du virus est considérée comme “faible” même si le risque d’importation de nouveaux cas est considéré commemodéré à élevé. Ainsi, grâce à une vigilance accrue et un apprentissage des précédentes épidémies, la France est prête pour “casser les chaînes de transmission”. S’informer régulièrement et ne pas céder à la panique sont donc à l’heure actuelle deux recommandations primordiales et  importantes pour que la gestion de cette épidémie se fasse dans les meilleures conditions.

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Juliette S., Rédactrice scientifique

– Coronavirus : où en est-on des traitements et vaccins ? LES ECHOS. Consulté le 3 mars 2020.
– Coronavirus : les essais cliniques prêts à démarrer en France. L’EXPRESS. Consulté le 3 mars 2020.
– Coronavirus : la possibilité d’une pandémie se précise. FRANCE24. Consulté le 3 mars 2020.
– Data as reported by 10AM CET 02 March 2020 Coronavirus disease 2019 (COVID
– Coronavirus Covid – 19, le point sur la situation. GOUVERNEMENT.FR. Consulté le 3 mars 2020.
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