Vif mécontentement de l’UFC-Que Choisir en cette période estivale. L’association de défense des consommateurs a annoncé le 7 juin dernier avoir repéré 23 produits cosmétiques « hors la loi » mais néanmoins en vente libre. Bilan de ses conclusions dans un contexte pour le moins inquiétant…
Des produits préoccupants voire « hors la loi »
C’est après avoir identifié 12 composés préoccupants (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants…) dans les listes d’ingrédients des produits cosmétiques, que l’UFC-Que Choisir a choisi de publier une base de données des produits les contenant.
A savoir ! D’après la définition de l’ANSES (Agence Nationale de SEcurité Sanitaire), un perturbateur endocrinien est une substance chimique d’origine naturelle ou artificielle et responsable d’un trouble du fonctionnement des glandes endocrines (lieu de production des hormones). Les perturbateurs endocriniens peuvent agir à différents niveaux en empêchant une hormone de se fixer sur son organe cible, ou en perturbant sa production ou sa régulation. C’est donc leur capacité à perturber le système hormonal qui rend ces substances dangereuses pour notre santé.
Cet hiver, l’association lançait un appel à la mobilisation massive des consommateurs afin qu’ils contribuent activement à alimenter cette base de données. Les résultats ne se sont pas fait attendre vu que le contenu de la base a doublé en quelques mois à peine. C’est ainsi que plus de 1000 produits cosmétiques contenant des substances indésirables ont été classés et jugés « préoccupants » par l’association.
Le 7 juin dernier, l’UFC-Que Choisir a réactualisé sa base de données de cosmétiques chargés en substances indésirables. Elle a ainsi pointé du doigt 23 produits qu’elle qualifie de « hors la loi » car composés de substances rigoureusement interdites. Les produits incriminés sontdes produits d’usage courant diffusés via tous les circuits de distribution (officines, grandes et moyennes surfaces, magasins spécialisés etc…).
Il s’agit essentiellement de produits non rincés et particulièrement les produits destinés aux cheveux frisés ou crépus. Ils contiennent en effet des conservateurs interdits depuis juillet 2016 tels que la methylisothiazolinone (MIT) et la methylchloroisothiazolinone (MCIT) alors même que le risque de réactions allergiques est décuplé du fait du contact prolongé avec la peau.
Les produits de maquillage ne sont pas en reste puisque l’UFC-Que Choisir a dénoncé la présence d’isobutylparaben dans un fond de teint sous forme de poudre minérale. Ce conservateur est un perturbateur endocrinien avéré et interdit depuis 2 ans au sein de l’Union Européenne.
Quant aux produits destinés aux enfants, loin d’être inoffensifs, ils renferment également de la méthylisothiazolinone (MIT) et de la méthylchloroisothiazolinone (MCIT) qui sont encore plus allergisants en mélange, et ce en dépit des allégations « pour usage fréquent dès 3 ans ».
Plus grave encore, une mise en garde de l’association contre un soin très courant destiné à soigner l’érythème fessier des nourrissons. Ce produit renferme du BHA (hydroxyanisol butylé), un antioxydant potentiellement perturbateur endocrinien, qui, associé à la lanoline, peut générer des risques d’eczéma d’après la Haute Autorité de Santé (HAS).
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Des mesures au ralenti
Si certains ingrédients interdits sont encore massivement présents dans les produits cosmétiques actuellement sur le marché, ce serait en raison de « la complexité de certaines chaînes de distribution » d’après Patrick O’Quin, Président de la Febea (Fédération française des entreprises de la beauté). Ce dernier a appelé les distributeurs à les « retirer immédiatement du marché, conformément à la réglementation ».
Mais c’est surtout la pression des lobbys et la difficulté des Etats membres à s’accorder sur des mesures à prendre au niveau européen, qui ralentissent considérablement l’avancée des choses. Certaines interdictions prennent en effet plusieurs années avant d’être mises en place.
Après deux années de réflexion, la Commission européenne a proposé l’an dernier une définition des perturbateurs endocriniens. Cette définition a été rejetée par certains Etats membres, reportant de nouveau le vote qui était initialement prévu.
Dans ce contexte plus que troublé, l’UFC-Que Choisir appelle la Commission européenne à « publier enfin une définition ambitieuse des perturbateurs endocriniens prenant en compte les perturbateurs endocriniens suspectés afin d’empêcher l’utilisation de ces composés nocifs ». Affaire à suivre…
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Déborah L., Docteur en Pharmacie