Selon les estimations, entre 30 et 40 % des personnes ayant été infectées par le SARS-Cov2 se plaignent plusieurs semaines ou mois après l’infection d’un brouillard mental. Récemment, des chercheurs français ont découvert que certaines cellules protégeant le cerveau étaient frappées de mort cellulaire à la suite de la Covid-19. Une découverte qui pourrait expliquer ces symptômes neurologiques à moyen et long terme de la maladie.
Le brouillard mental, un symptôme post-Covid fréquent
Au-delà des premiers signes désormais bien connus de la Covid-19, une fraction importante des patients infectés par le SARS-Cov2 témoigne de symptômes perdurant plusieurs semaines ou plusieurs mois après la maladie. Parmi ces symptômes, figure notamment le brouillard mental, qui se caractérise par :
- Une confusion mentale ;
- Des troubles cognitifs ;
- Des difficultés de concentration ;
- Des oublis de mots ;
- Une perte de mémoire ;
- L’impression d’avoir le cerveau embrumé.
Ce brouillard mental interpelle depuis de nombreux mois les chercheurs, qui tentent de comprendre les conséquences neurologiques de la Covid-19. Sur le plan épidémiologique, ce symptôme est plus fréquent chez les personnes ayant été hospitalisées pour une Covid-19 et est souvent associé à des troubles du sommeil, des troubles anxieux et une fatigue chronique.
Un effet sur les cellules endothéliales et la barrière hémato-encéphalique
Parmi les travaux entrepris, certains viennent d’être publiés dans la revue scientifique Nature Neuroscience et s’attachent à décrire les effets du SARS-Cov2 sur l’irrigation vasculaire cérébrale. Au niveau cérébral, les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins constituent la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière joue un rôle capital pour isoler le cerveau et le système nerveux central du reste de la circulation sanguine, et ainsi les protéger contre les agents pathogènes ou les substances toxiques. En revanche, la barrière hémato-encéphalique laisse passer les nutriments de la circulation sanguine pour couvrir les besoins nutritionnels des cellules cérébrales.
Les chercheurs se sont justement intéressés de près à ces cellules endothéliales cérébrales qui constituent la barrière hémato-encéphalique, pour étudier les conséquences éventuelles de l’infection par le SARS-Cov2 sur ces cellules. En étudiant en parallèle des modèles d’études précliniques et le cortex cérébral de patients décédés des suites de la Covid-19, les chercheurs ont découvert que l’infection par le SARS-Cov2 était responsable de la mort des cellules endothéliales du cerveau, compromettant de fait l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique et donc le bon fonctionnement du cerveau.
Une composante neurologique à évaluer en cas de forme sévère
Pour parvenir à un tel résultat, le virus SARS-Cov2 serait capable d’entraîner la coupure d’une protéine spécifique (la protéine NEMO) dans les cellules endothéliales, en utilisant son propre matériel génétique et la machinerie cellulaire des cellules endothéliales. Sans cette protéine essentielle, les cellules meurent. La mort de ces cellules endothéliales entraîne alors l’apparition de vaisseaux dits fantômes dans le cerveau, c’est-à-dire des vaisseaux non fonctionnels, car privés de leurs cellules endothéliales.
La destruction des cellules endothéliales a deux conséquences majeures sur le fonctionnement du cerveau, potentiellement réversibles selon les chercheurs :
- La fragilisation de la barrière hémato-encéphalique susceptible d’entraîner des micro-hémorragies cérébrales ;
- Une mauvaise irrigation de certaines régions du cerveau pouvant entraîner le décès du patient dans les formes les plus sévères.
Ces nouveaux résultats alertent sur les conséquences neurologiques potentiellement graves de la Covid-19, qui doivent être appréhendées dès le début de la prise en charge des patients, en particulier en cas de formes sévères de la maladie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Covid-19 : quel impact de l’infection au SARS-CoV-2 sur l’irrigation vasculaire du cerveau ? presse.inserm.fr. Consulté le 15 décembre 2021.