COVID-19 : Dans les secrets de la perte de l’odorat

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Rédigé par Deborah L. et publié le 8 octobre 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la perte de l’odorat est fréquemment rapportée par les personnes infectées par le coronavirus. Si des premiers travaux de recherches ont permis de mieux en connaître la prévalence et les caractéristiques, les investigations se poursuivent pour tenter de percer à jour les secrets de ce symptôme particulier.

Femme qui sent l'odeurs des fleur, portant son masque en tissus sous le menton

Une étude pour tenter de comprendre le mécanisme de la perte d’odorat

Lors d’une infection au SARS-CoV-2, il est fréquent que les patients se plaignent d’avoir perdu l’odorat. Si ce symptôme appelé « anosmie » peut sembler de prime abord spectaculaire, il reste néanmoins connu des scientifiques.

Un consortium de la Fédération internationale des sociétés d’ORL a en effet déjà permis de mener des travaux sur l’anosmie ainsi que sur la dysgueusie (perte de goût) chez les patients atteints de Covid-19 afin de mieux connaître la prévalence et les caractéristiques de ces symptômes particuliers.

L’équipe du service ORL de l’Hôpital Foch a souhaité approfondir ces recherches pour tenter de percer à jour les secrets de la perte de l’odorat. Pour cela, les scientifiques ont souhaité explorer la piste du système nerveux central. L’objectif affiché était double :

  • Comprendre l’origine de la perte de l’odorat
  • Comprendre l’évolution de ces symptômes de la Covid-19

Pour mener à bien ces recherches, l’équipe du service ORL de l’Hôpital Foch a mené une étude publiée dans le Journal of Infection. Cette étude a inclus 23 patients dont :

  • 19 patients présentant une anosmie
  • 4 patients ne présentant pas d’anosmie

Le Professeur Stéphane Hans, chef du service ORL de l’hôpital Foch, explique cette démarche : «Étonnés par la sévérité de l’anosmie de certains patients, nous avons réalisé une étude IRM chez des patients Covid anosmiques et des patients Covid non anosmiques. Parmi les patients anosmiques, tous ont eu une atteinte au niveau du bulbe olfactif ».

À savoir ! Le bulbe olfactif désigne une région du cerveau dont la fonction principale est de traiter les informations olfactives envoyées par les molécules odorantes captées par les cellules olfactives situées dans le nez. Le signal chimique envoyé par ces molécules odorantes est alors transformé en influx nerveux avant transmission au cerveau.

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Anosmies de longue durée : la piste neurologique privilégiée

Dans le cadre de l’anosmie liée à la Covid-19, il semble donc que l’atteinte puisse avoir deux origines :

  • Une origine respiratoire : avec un œdème dans la partie supérieure du nez et une récupération en moins de 15 jours.
  • ne origine neurologique : avec une atteinte du bulbe olfactif et une anosmie qui se prolonge durant 2 ou 3 mois. Les neurones olfactifs exposés à l’environnement sont en effet directement connectés au système nerveux central ce qui suppose que s’ils sont infectés par un virus, le système nerveux pourra l’être également.

Les récents travaux menés par l’hôpital Foch et l’Université de Mons (Belgique), montrent que 75 à 85 % des patients anosmiques semblent récupérer leur odorat deux mois après la fin de la maladie ce qui corrobore l’hypothèse de l’origine neurologique.

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La perte d’odorat serait caractéristique d’une forme légère ou modérée de Covid-19

Bonne nouvelle : d’après cette étude, l’anosmie serait caractéristique d’une forme légère ou modérée de Covid-19. Pour preuve, lors du pic épidémique du printemps dernier, les patients hospitalisés en soins intensifs n’ont pas développé de trouble de l’odorat d’après le Professeur Stéphane Hans.

Prochaine étape pour les chercheurs ? Poursuivre les investigations en soumettant les patients à une seconde IRM. L’objectif sera de vérifier s’il existe un lien entre la récupération de l’odorat et la diminution de l’atteinte au niveau du bulbe olfactif. L’épidémie de grippe approchant, elle sera également étroitement surveillée vu que la grippe s’accompagne elle aussi d’anosmie et d’autres symptômes ORL.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Anosmie du Covid-19 : une atteinte respiratoire mais aussi neurologique. Le quotidien du médecin. Consulté le 4 octobre 2020
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