Covid-19 et perte d’odorat : Comment agit le SARS-CoV-2 ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 15 juillet 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les professionnels de santé ont observé que l’anosmie ou perte d’odorat était un symptôme fréquemment rencontré chez les patients atteints de Covid-19. Si des études internationales récemment menées soutiennent que le virus infecterait les neurones olfactifs, des chercheurs français supposent de leur côté que le SARS-CoV-2 infecterait d’autres cellules présentes dans la muqueuse nasale.

Image d'un nez de femme avec un dessin de coronavirus

Un lien possible entre perte de l’odorat et neurones olfactifs ?

Lors d’une infection au SARS-CoV-2, il est fréquent que le patient se plaigne d’avoir perdu l’odorat. S’il semble spectaculaire, ce symptôme appelé anosmie, est néanmoins bien connu des scientifiques pour qui il est lié à la capacité de certains virus à infecter les neurones olfactifs.

À savoir ! Grâce à leur petite taille, les molécules odorantes sont captées par les cellules olfactives (épithélium olfactif) situées dans la cavité nasale. Le signal chimique envoyé par ces molécules odorantes est ensuite transformé en influx nerveux qui va voyager jusqu’aux deux bulbes olfactifs situés à la base du cerveau grâce aux prolongements des neurones de l’épithélium olfactif. L’information  est enfin transmise au cerveau, au niveau d’une région appelée cortex piriforme. Une fois traitée, cette information sera envoyée à de nombreuses autres régions du cerveau.

Les neurones olfactifs exposés à l’environnement sont en effet directement connectés au système nerveux central ce qui suppose que s’ils sont infectés par un virus, le système nerveux pourra l’être également. L’hypothèse selon laquelle le  SARS-CoV-2 pourrait envahir le système nerveux est d’ailleurs appuyée par  un nombre conséquent de patients présentant des manifestations neurologiques, dans les formes les plus sévères de Covid-19.

Il s’avère donc aujourd’hui plus que nécessaire pour la communauté scientifique de percer à jour le lien  entre SARS-CoV-2 et perte de l’odorat. Dans ce contexte, une équipe de chercheurs français de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), en collaboration avec l’Anses, a mis au point un modèle expérimental chez le hamster pour étudier l’impact de l’infection au SARS-CoV-2 sur les cellules de la muqueuse nasale.

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Le SARS-CoV-2 infecterait plutôt les cellules de soutien

Publiés le 3 juillet dernier dans la revue Brain Behaviour and Immunity, les travaux menés par ces scientifiques supposent que le SARS-CoV-2 n’infecterait pas les neurones olfactifs mais d’autres cellules de la muqueuse nasale.

À savoir ! L’épithélium olfactif est composé de neurones olfactifs entourés de cellules de soutien appelées cellules sustentaculaires.

Il faut savoir que le virus du SARS-CoV-2 parvient à pénétrer dans les cellules au moyen d’un récepteur spécifique à ce virus, appelé ACE2. Ce récepteur spécifique ACE2 est présent au niveau des cellules de soutien mais pas au niveau des neurones olfactifs.

Dans leur étude, les scientifiques ont ainsi observé que chez le hamster, le SARS-CoV-2 infectait massivement ces cellules de soutien mais pas les neurones olfactifs.

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 Une nouvelle hypothèse pouvant expliquer la perte de l’odorat

L’équipe de chercheurs a par ailleurs constaté que l’infection des cellules de soutien s’accompagnait chez le hamster d’une desquamation de la muqueuse nasale à l’origine d’une perte des neurones olfactifs. Cette perte des neurones olfactifs chargés de la détection des odeurs pourrait alors expliquer la perte d’odorat.

À savoir ! Hors domaine dermatologique, on parle de desquamation pour toutes les muqueuses dont l’épithélium perd des cellules.

Mais bien qu’elle se desquame à cause de l’infection virale, la muqueuse nasale peut néanmoins se régénérer grâce à des cellules capables de se diviser tout au long de la vie pour renouveler les différents types de cellules. Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont ainsi pu constater 14 jours après le début de l’infection une récupération de 50% de la structure initiale de la muqueuse nasale.

Selon cette hypothèse et si le même mécanisme que chez le hamster infecté  s’opérait chez l’Homme, il pourrait être à l’origine du symptôme de perte d’odorat et éviterait l’entrée dans le système nerveux du SARS-CoV-2 suggérée par d’autres études.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Perte d’odorat : le SARS-CoV-2 n’infecterait pas les nerfs olfactifs. Anses. Consulté le 8 Juillet 2020.
– Massive transient damage of the olfactory epithelium associated with infection of sustentacular cells by SARS-CoV-2 in golden Syrian hamsters. Brain, Behavior, and Immunity ? sciencedirect.com. Consulté le 8 Juillet 2020.