Et si la Covid-19 avait une signature olfactive ?

Actualités Coronavirus (COVID-19)

Rédigé par Deborah L. et publié le 19 décembre 2020

Le coronavirus n’a pas fini de livrer tous ses secrets ! Une étude française vient de mettre en évidence une signature olfactive spécifique des infections à Covid-19 dans l’air expiré des patients atteints de formes graves de la maladie. Ces résultats permettent d’envisager de nouvelles méthodes de dépistage plus rapides et moins invasives que les tests PCR sur prélèvement nasopharyngé.

Femme qui tousse

Covid-19 : une signature olfactive caractéristique

Une récente étude française des Hôpitaux Foch et Raymond-Poincaré (AP-HP) s’est intéressée à la composition de l’air expiré des patients atteints de Covid-19. Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont recruté 40 patients intubés et ventilés, dont 28 atteints de la forme grave de la Covid-19 et 12 atteints d’un autre syndrome respiratoire aigu.  Entre les mois de mars et juin derniers, les chercheurs ont relevé et analysé quotidiennement l’air expiré des malades au moyen d’un spectromètre de masse.

À savoir ! Un spectromètre de masse désigne un appareil d’analyse des ions ou des molécules chargées. Il permet notamment de détecter en temps réel des molécules appelées « composés organiques volatils » présentes dans l’air expiré. Extrêmement puissant, cet appareil constitue le support de plusieurs études cliniques réalisées sur des patients souffrant de pathologies sévères.

Grâce à cette technique non invasive donnant un résultat en moins de deux minutes, les scientifiques ont pu analyser les composés organiques volatils expirés par les malades. En les comparant ensuite à ceux expirés par le groupe témoin non atteint de Covid-19, les scientifiques ont observé que certains de ces composés seraient caractéristiques de cette infection. Ils ont ainsi pu mettre mis à jour une « signature olfactive » de la Covid-19, avec une fiabilité de détection s’élevant à 93 % : « On a branché directement le tuyau de notre spectromètre de masse sur le respirateur qui sert à faire respirer les patients. Cinq molécules étaient très différentes entre les patients qui avaient la Covid-19 et ceux qui ne l’avaient pas », précise Stanislas Grassin Delyle, professeur de pharmacologie à l’hôpital Foch.

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Vers de nouvelles formes de dépistage de la Covid-19 ?

Publiés le 4 décembre dernier dans la revue eBioMedicine, ces résultats prometteurs ouvrent la voie à de nouvelles formes de dépistage de la Covid-19. Des tests olfactifs non invasifs et rapides viendraient ainsi compléter l’arsenal des tests existants.

Deux pistes sont actuellement explorées par les scientifiques pour la détection de cette signature olfactive :

  • La création de « nez électroniques » : il s’agit de dispositifs portables équipés de capteurs capables de distinguer la signature olfactive de la Covid-19 dans l’air expiré des patients malades.
  • L’utilisation des capacités olfactives animales, comme celles des chiens. Des expériences ont déjà démontré que sur présentation de prélèvements d’air expiré et de sueur, les chiens étaient capables de détecter la Covid-19.

Si les résultats de cette étude inédite sont encourageants, les auteurs tiennent cependant à préciser qu’ils ont été obtenus auprès de patients atteints de formes graves de Covid-19 à leur entrée en réanimation. Il semble donc pertinent d’approfondir les recherches pour s’assurer que cette nouvelle technique puisse détecter la maladie à des stades beaucoup plus précoces.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Un nez électronique pour détecter le Covid. Le quotidien du pharmacien.. Consulté le 15 décembre 2020.
– L’haleine pour dépister la Covid ? France Inter. Consulté le 15 décembre 2020.
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