COVID-19 : les scientifiques s’intéressent aux cellules souches du sang

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Rédigé par Estelle B. et publié le 2 juin 2020

Le SARS-CoV-2 est un nouveau virus contre lequel aucun organisme humain n’avait été immunisé avant le début de l’épidémie de COVID-19. Comment le système immunitaire peut-il réagir face à un nouveau virus ? L’immunité innée peut-elle avoir une certaine forme de mémoire ? Des chercheurs français se sont penchés de près sur ces questions et semblent avoir trouvé quelques éléments de réponse auprès des cellules souches du sang.

Maquette 3D sur les celulles souches du CCOVID-19

Immunité innée et immunité adaptative

Longtemps, les scientifiques et les médecins ont considéré que seule l’immunité adaptative possédait une mémoire des infections passées. Récemment, les travaux d’une équipe française ont conduit les chercheurs à envisager que l’immunité innée serait elle aussi capable d’une certaine forme de mémoire.

À savoir ! Il existe deux grands types d’immunité : l’immunité innée et l’immunité adaptative. L’immunité innée est la première ligne de défense du système immunitaire, qui se met en place dès le contact avec un corps étranger, sans reconnaissance spécifique. L’immunité adaptative est une réaction plus lente du système immunitaire, qui nécessite que l’organisme ait préalablement été exposé une première fois à l’agent étranger. L’immunité adaptative est à la base de la vaccination

L’immunité innée est assurée par certains types particuliers de globules blancs, les monocytes et les granulocytes, des cellules sanguines à durée de vie très courte. En posant l’hypothèse que l’immunité innée est capable d’une certaine forme de mémoire, les chercheurs ont envisagé que la mémorisation était assurée par les cellules souches sanguines, qui elles ont une durée de vie extrêmement longue.

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Les cellules souches sanguines, porteuses de la mémoire des infections

Pour vérifier cette hypothèse, des souris ont été exposées à un composé présent à la surface d’une bactérie pathogène courante, Escherichia coli. Puis, les cellules souches sanguines des souris ont été prélevées pour être transférées à des souris sans système immunitaire. Un tel transfert permettait de reconstituer le système immunitaire des souris à partir des cellules souches sanguines transférées. Les souris ont ensuite été infectées par une autre bactérie pathogène, Pseudomonas aeruginosa.

Les chercheurs ont alors observé un taux de mortalité de 75 % chez les souris contrôles (qui n’avaient pas bénéficié d’un transfert de cellules souches), mais seulement de 25 % chez les souris ayant reçu un transfert de cellules souches sanguines. Ce résultat indique que les cellules souches sanguines peuvent exercer une fonction de mémoire pour l’immunité innée, car cette mémoire n’est pas spécifique d’un agent pathogène en particulier.

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Un mécanisme intéressant pour la recherche sur le SARS-CoV-2

Pour mieux comprendre ce mécanisme de mémoire de l’immunité innée, les chercheurs ont ensuite analysé le génome des cellules souches sanguines des souris infectées. Ils ont observé des remaniements importants au niveau de certains gènes et identifié une protéine particulière qui jouerait un rôle clé dans la restructuration du génome des cellules souches. Ce remodelage du génome des cellules souches permettrait une réaction optimale du système immunitaire en cas de nouvelle exposition à un agent pathogène.

Les résultats obtenus par les chercheurs français suscitent un vif intérêt dans le cadre de la pandémie actuelle de COVID-19, liée à l’exposition à un virus encore inconnu il y a quelques mois. La mise en évidence d’une mémorisation de l’immunité innée, portée par les cellules souches sanguines, et la compréhension des mécanismes associés à cette mémoire, pourraient être très utiles pour développer de nouveaux traitements contre la COVID-19 et faciliter la mise au point des vaccins contre le SARS-CoV-2.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Les cellules souches sanguines ont une mémoire immunitaire et ouvrent des pistes dans la recherche sur le Covid-19. Communiqué de Presse. INSERM. Consulté le 5 janvier 2020.

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