Déconfinement des pays européens : À chacun sa stratégie

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Rédigé par Deborah L. et publié le 6 mai 2020

Après plusieurs semaines où la vie s’est figée, l’Europe amorce enfin son déconfinement dans l’attente de la découverte d’un vaccin ou d’un traitement pour enrayer la pandémie de COVID-19. Mais véritable casse-tête pour les gouvernements, les plans de déconfinement diffèrent selon les pays européens. Tour d’horizon de leurs différentes stratégies.

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Des stratégies de déconfinement différentes selon les pays

Alors que la pandémie de COVID-19 commence enfin à marquer le pas dans les pays européens les plus touchés (Italie, Espagne, France, Royaume-Uni) avec un nombre de décès journaliers en baisse, certains gouvernements amorcent un début de déconfinement.

C’est le cas de l’Allemagne, où la crise sanitaire ayant été jugée « sous contrôle » d’après le ministère de la santé allemand, le déconfinement a pu débuter le 20 avril dernier. Globalement, les commerces d’une surface inférieure à 800 mètres carrés ont pu rouvrir leurs portes à la condition que la « distanciation sociale » soit strictement respectée. Quant aux lieux culturels, aux bars et restaurants, ils sont toujours fermés et les grands rassemblements sportifs ou musicaux demeurent interdits au moins jusqu’au 31 août prochain. Si les crèches restent fermées, les établissements scolaires ont rouvert depuis le 4 mai pour les élèves en fin de cycle, les examens de fin d’année n’ayant pas été annulés.

Depuis lundi dernier, la Norvège a décidé de rouvrir les crèches, les maternelles ainsi que les écoles avec des classes aux effectifs réduits à 15 élèves. L’Italie a pour sa part fait le choix de maintenir les écoles fermées jusqu’au mois de septembre. Les entreprises rouvrent progressivement et très prudemment. Les espagnols ont dû vivre quant à eux un confinement très sévère, qui a été prolongé jusqu’au 9 mai prochain. Depuis quelques jours, ils ont néanmoins retrouvé le droit de se promener et de faire du sport. Autre confinement prolongé jusqu’au 7 mai, celui du Royaume-Uni, où le premier ministre Boris Johnson vient de se remettre au travail après avoir été lui-même atteint par le COVID-19.

En France, le premier ministre Edouard Philippe a dévoilé mardi dernier sa « stratégie nationale du plan de déconfinement » prévue pour le 11 mai prochain. Les écoles devront rouvrir progressivement mais cette décision prête à controverse. Les commerces rouvriront leurs portes à l’exception des restaurants et des bars qui restent toujours dans l’attente d’une décision gouvernementale. Quant aux transports publics, ils se préparent à accueillir à nouveau du monde mais ne fonctionneront pas encore à plein régime et craignent de ne pas pouvoir assurer la sécurité des usagers en cas de forte affluence.

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Des stratégies différentes en termes de port du masque de protection

En ces temps de déconfinement, s’il est un accessoire indispensable, c’est bien le masque de protection. Devenu en quelques semaines une denrée rare et recherchée, le masque, dont la plupart des stocks sont produits en Chine, fait en effet l’objet de toutes les convoitises, au point que son prix s’est envolé. Il faut dire que certains pays ont rendu le port du masque obligatoire, générant une demande plus importante que l’offre disponible. C’est le cas de l’Allemagne, où la population a l’obligation de se masquer dans les transports en commun et dans les commerces de la plupart des régions.

À savoir ! Une ville allemande du nom de Iéna avait pris les devants en imposant dès le 6 avril dernier le port du masque à ses 110 000 habitants, y compris les enfants scolarisés. Plus de trois semaines plus tard, le bilan de cette mesure semble positif puisque Iéna est l’une des villes les moins frappées par le coronavirus en Allemagne.

En Italie, pays européen le plus touché par l’épidémie de COVID-19, le port du masque est obligatoire depuis le 4 mai dans les transports en commun, les commerces et sur le lieu de travail. Le gouvernement italien a également annoncé qu’il allait plafonner le prix des masques de protection à destination du grand public.

Dans d’autres pays européens en revanche, le port du masque est recommandé mais pas imposé. C’est le cas de l’Espagne où des masques sont distribués par les forces de l’ordre depuis le 13 avril dernier et en Suisse où l’armée livre quotidiennement des masques dans les commerces.

En France, le port du masque est recommandé pour tous mais pas imposé. Certaines communes pensent néanmoins à le rendre obligatoire. A partir du 11 mai prochain, le port du masque sera obligatoire dans tous les transports en commun du pays. Les premières distributions de masques en tissu auront lieu dans les pharmacies, les transports publics et chez les buralistes. A partir de cette semaine, les enseignes de grande distribution mettront également en vente des stocks conséquents de masques grand public. Si le prix des masques chirurgicaux à usage unique vient d’être plafonné à 95 centimes d’euro par masque, celui des masques en tissu ne sera pas encadré même si des contrôles seront effectués pour éviter les dérives.

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Des stratégies différentes en termes de tests sur les populations

A ce jour, le dépistage de l’infection par le SARS-CoV-2 se base sur la réalisation d’un test PCR (réaction en chaîne par polymérase) qui permet de mettre en évidence la présence du virus grâce à la détection de son matériel génétique par des techniques de biologie moléculaire.

À savoir ! Ce test PCR, qui s’effectue au moyen d’un prélèvement naso-pharyngé, permet de préciser si, à un instant T, la personne est porteuse ou non du virus. Les résultats sont disponibles en quelques heures.

Les pratiques de dépistage diffèrent d’un pays européen à l’autre. En France, le ministère de la Santé ambitionne de pouvoir réaliser « au moins 500 000 à 700 000 tests par semaine » afin de dépister toute personne présentant des symptômes du COVID-19. Mais notre pays est en retard par rapport à d’autres Etats membres comme l’Allemagne, qui a su mettre sur pieds une politique de dépistage massive dès le début de l’épidémie.

Il est par ailleurs possible de réaliser un autre type de tests sur les populations : les tests sérologiques. Réalisés sur un prélèvement sanguin, ils permettent de mettre en évidence la réponse immunitaire du patient face à l’infection, grâce à la détection des anticorps. Ces tests sont donc destinés à identifier les personnes ayant développé une immunité contre le SARS-CoV-2. C’est ainsi que l’Italie, gravement touchée par la pandémie qui a déjà tué 26 000 italiens, entamera à partir du 4 mai une campagne nationale de tests sérologiques sur 150 000 personnes. Beaucoup plus fiables que les tests PCR effectués par prélèvement nasal, ces tests sérologiques dépassent les 95 % de précision d’après Domenico Arcuri, chargé italien de la gestion de la crise. Le gouvernement britannique a également fait de ces tests sérologiques un élément crucial de sa stratégie de lutte contre le virus.

En France, face au doute émis par plusieurs scientifiques, la Haute Autorité de Santé a mis de côté le recours massif aux tests sérologiques qui devaient pourtant représenter un outil majeur du déconfinement (5 millions de ces tests avaient été commandés par le gouvernement). Cependant, le Grand Est a choisi d’avoir recours à cette politique de dépistage sérologique à grande échelle notamment dans les Ehpad. L’objectif affiché étant de cartographier la présence du virus dans cette région sévèrement touchée par l’épidémie.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Coronavirus : l’Europe entame un déconfinement à hauts risques. SCIENCES ET AVENIR. Consulté le 28 avril 2020.
– Coronavirus : quel programme pour le déconfinement en Europe ? EURONEWS. Consulté le 28 avril 2020.
– Europe: le journal de bord du déconfinement. LES ECHOS. Consulté le 28 avril 2020.
– En Europe et dans le monde, le déconfinement se prépare, pays par pays. LE MONDE. Consulté le 28 avril 2020.
– Port du masque en Allemagne: Iéna, ville modèle. RFI. Consulté le 28 avril 2020.
– Masque obligatoire ou pas ? Ce que font nos voisins. CAPITAL. Consulté le 28 avril 2020.
– Quels pays testent le plus leur population ? STATISTA. Consulté le 28 avril 2020.
– Virus : 150000 tests sérologiques en Italie à partir du 4 mai. LE PARISIEN. Consulté le 28 avril 2020.
– COVID-19 : tests PCR et tests sérologiques sont complémentaires. VIDAL. Consulté le 28 avril 2020.
– Coronavirus : le gouvernement change-t-il de stratégie sur les tests sérologiques ? FRANCEINFO. Consulté le 28 avril 2020.