A la découverte d’un nouvel antibiotique

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 juillet 2017

L’antibiorésistance (résistance aux antibiotiques) constitue actuellement un enjeu majeur de santé publique. Pour certains patients infectés par des bactéries multirésistantes, plus aucun traitement antibiotique n’est efficace et le décès peut être inéluctable. Très récemment, des scientifiques ont isolé un nouvel antibiotique à partir du sol, la pseudouridimycine, qui suscite un vif intérêt au sein de la communauté médicale.

Nouvel antibiotique

Un antibiotique issu du sol

Des chercheurs ont découvert dans un échantillon de terre prélevé en Italie un nouvel antibiotique, qui s’avère efficace sur des bactéries multirésistantes aux antibiotiques disponibles. Baptisé pseudouridimycine ou PUM, cette substance pourrait, dans les années à venir, jouer un rôle capital dans la lutte contre l’antibiorésistance.

La pseudouridimycine est produite par un microorganisme présent dans le sol. Sa découverte fut totalement fortuite, dans le cadre d’un échantillonnage systématique du sol, pour rechercher des microorganismes.

Testé en laboratoire, le PUM s’est montré très efficace contre une vingtaine de bactéries différentes, y compris certains streptocoques et staphylocoques multirésistants aux antibiotiques. Chez la souris, il permet de guérir les infections bactériennes, notamment la scarlatine.

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Un mécanisme d’action inédit

L’utilisation extensive des antibiotiques au cours des dernières décennies a favorisé l’émergence de bactéries multirésistantes aux antibiotiques existants. Dans certaines situations extrêmes, ces microorganismes causent un problème sanitaire grave, puisqu’aucun antibiotique disponible ne permet de stopper les infections qu’ils provoquent. Les patients peuvent alors décéder de ces infections, sans aucune solution thérapeutique.

En étudiant plus précisément le mécanisme d’action de la pseudouridimycine, les chercheurs ont montré que le PUM neutralise une enzyme essentielle pour les bactéries : l’ARN polymérase. Sans cette enzyme, les bactéries sont incapables de se multiplier et meurent.

Il existe déjà sur le marché un antibiotique agissant sur cette enzyme, la rifampicine. Mais le PUM possède à la fois un site de liaison et un mécanisme d’action différents de ceux de la rifampicine.

Ces différences constituent des avantages très importants pour ce nouvel antibiotique :

  1. Aucune résistance croisée avec la rifampicine (les bactéries résistantes à la rifampicine ne seront pas résistantes au PUM) ;
  2. Un effet synergique avec la rifampicine (les deux antibiotiques administrés conjointement ont des effets supérieurs par rapport à leur utilisation seule) ;
  3. Un risque 10 fois plus faible de déclencher une résistance par rapport aux antibiotiques actuels.

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Bientôt des essais cliniques

Forte de ces atouts, la pseudouridimycine pourrait avoir un bel avenir thérapeutique selon ses découvreurs. Des essais cliniques pourraient débuter dans les trois prochaines années et si les résultats sont satisfaisants, une commercialisation de ce nouvel antibiotique pourrait avoir lieu dans les dix ans à venir. Les auteurs de cette découverte soulignent à cette occasion l’intérêt de rechercher des antibiotiques d’origine naturelle. Les microorganismes ont en effet bénéficié de millions d’années d’évolution, pour concevoir des substances particulièrement actives contre les autres microorganismes.

Par ailleurs, la probabilité d’une résistance au PUM est très faible, selon les spécialistes, en raison de son mécanisme d’action particulier. Il s’agit à ce jour de la seule substance agissant ainsi sur des bactéries. En revanche, des composés possèdent le même mode d’action sur certains virus et ont ainsi révolutionné ces dernières années le traitement de l’infection par le VIH ou de l’hépatite C.

Le PUM pourrait ainsi s’avérer être une découverte capitale pour la lutte contre les infections bactériennes et l’antibiorésistance.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Antibacterial Nucleoside-Analog Inhibitor of Bacterial RNA Polymerase. Cell 169(7):1240-1248. Maffioli, Sonia I. and al. 2017.