La dénutrition, un enjeu dans le cancer de stade avancé

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Rédigé par Estelle B. et publié le 17 novembre 2022

Dans les stades avancés de cancer, une proportion importante de patients présente un état nutritionnel altéré, voire une dénutrition plus ou moins sévère. La prise en charge de la dénutrition chez ces patients à l’état de santé fragile représente un enjeu important pour les équipes soignantes. Une étude française s’est penchée sur l’intérêt respectif de la nutrition parentérale et de l’alimentation orale. Résultats.

nutrition parentérale

Nutrition parentérale ou alimentation orale ?

Des chercheurs français ont récemment mené une étude prospective, multicentrique, randomisée, contrôlée auprès de 148 patients atteints de stades avancés de cancer, pour déterminer l’intérêt respectif :

  • De l’alimentation orale, maintenue à un minimum de 1 000 kcal par jour, avec un apport en protéines minimal équivalent à 6 grammes d’azote, 5 jours par semaine ;
  • De la nutrition parentérale, administrée par voie centrale, avec des doses adaptées au cas de chaque patient.

À savoir ! La nutrition parentérale, ou alimentation parentérale, correspond à l’administration d’une alimentation artificielle par voie intraveineuse. Ce type d’alimentation ne passe pas du tout par l’appareil digestif.

A l’inclusion des patients dans l’étude, puis tous les mois jusqu’au décès, les chercheurs ont suivi le statut nutritionnel des patients, leurs performances et leur qualité de vie en lien avec l’état de santé.

Pas d’intérêt supérieur de la nutrition parentérale en cas de cancer de stade avancé

Parmi les 148 patients inclus dans l’étude dans 13 centres hospitaliers, 48 ont bénéficié d’une nutrition parentérale et 60 d’une alimentation orale seule. L’âge moyen des patients était de 67 ans et la localisation des cancers était majoritairement digestive. Au total, 98 % des patients présentaient un cancer métastatique, avec une espérance de vie moyenne inférieure à une année.

Chez ces patients, la perte de poids moyenne était de 8,2 kg au cours des 6 derniers mois et 73 % présentaient un faible taux sanguin d’albumine. Cette population de patients cancéreux est donc particulièrement concernée par la dénutrition. Au terme de l’étude, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les deux groupes de patients concernant :

  • La santé globale ;
  • Le handicap ;
  • La fatigue.

Privilégier autant que possible une alimentation orale face à la dénutrition

Par ailleurs, les chercheurs ont noté une influence négative de la nutrition parentérale sur la survie globale des patients. Le groupe de patients ayant bénéficié de la nutrition parentérale présentait également un taux supérieur d’événements indésirables graves, en particulier infectieux, par rapport aux patients ayant eu une alimentation orale.

Même si cette étude présente quelques limites, en particulier sur l’évaluation de l’état de dénutrition des patients cancéreux, les résultats suggèrent un faible intérêt de la nutrition parentérale par rapport au maintien d’une alimentation orale minimale. Pour les patients atteints de cancer de stades avancés, l’alimentation orale doit être si possible maintenue.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Impact on Health-Related Quality of Life of Parenteral Nutrition for Patients with Advanced Cancer Cachexia: Results from a Randomized Controlled Trial. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.