Quelques jours après la fin du SIDACTION 2019, Santé Sur le Net vous dévoile les premiers résultats d’un programme innovant de dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST). Des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes recevaient un kit de dépistage directement à leur domicile. Cette possibilité de réaliser un dépistage de chez soi constitue-t-elle une piste intéressante pour améliorer les programmes de dépistage existants ?
Le dépistage à domicile des IST
Le dépistage des infections ou maladies sexuellement transmissibles (IST ou MST), au premier rang desquelles figure l’infection par le VIH, représente un enjeu majeur de santé publique, particulièrement pour deux catégories de population à risque :
- Les jeunes ;
- Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Malgré les campagnes d’information menées à de multiples reprises, il reste toujours une marge de progression pour dépister mieux et plus d’IST. Dans ce contexte, une nouvelle initiative a été menée au printemps 2018 auprès d’une population d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes dans 4 régions françaises particulièrement impactées par le VIH :
- Auvergne – Rhône Alpes ;
- Occitanie ;
- Provence Alpes Côte d’Azur ;
- Ile de France.
Lire aussi – IST : un nouvel antibiotique contre la gonorrhée
Le programme MémoDépistages dans 4 régions françaises
Des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été invités à participer au programme MémoDépistages, un programme inédit d’incitation au dépistage trimestriel du VIH et de plusieurs IST. Au début de l’étude et 12 mois après, ces participants ont reçu à leur domicile un kit de dépistage des IST. De plus, différents modes de rendu des résultats des tests ont été expérimentés, par courrier électronique, par SMS ou par téléphone. Le kit de dépistage contenait :
- Des informations sur les recommandations de prévention et de dépistage des IST ;
- Le matériel pour prélever les échantillons biologiques ;
- Une notice d’utilisation.
Les participants sont suivis sur une durée totale de 18 mois, avec des rappels trimestriels pour les inciter à se faire dépister. Lors d’un récent congrès, les premiers résultats du programme MémoDépistages ont été dévoilés, concernant les participants de la région Île de France.
En Île de France, 4 220 participants ont été inclus dans l’étude, avec un âge moyen de 30 ans et un nombre moyen de partenaires sexuels de 10 par an. Parmi eux, 2 051 ont commandé leur premier kit de dépistage, 1 188 ont renvoyé au moins un échantillon biologique et 1 148 ont complété l’ensemble des tests proposés dans le kit. Si près de la moitié d’entre eux indiquaient avoir réalisé un dépistage du VIH ou d’une autre IST au cours de l’année précédente, 11 % n’avaient encore jamais effectué de dépistage du VIH.
Lire aussi – Chlamydiose : oui au dépistage systématique !
Un mode de dépistage utilisable à grande échelle
Grâce au kit de dépistage, plusieurs IST ont pu être dépistées, notamment le VIH, des hépatites virales (B ou C) ou des gonorrhées. Concernant le mode de rendu des résultats, les participants franciliens de l’étude ont des choix différents en fonction du résultat :
- Si le résultat est négatif, ils optent pour un courrier électronique ou un SMS ;
- Si le résultat est positif, ils préfèrent l’appel d’un travailleur social ou un SMS.
En attendant les résultats des autres régions et du suivi sur 18 mois, les premiers résultats du programme MémoDépistages montrent la faisabilité et l’intérêt d’un dépistage ciblé à domicile des IST. Si les tendances se confirment, ce type de dépistage pourrait être proposé à plus grande échelle, sur d’autres populations à risque majeur de contracter une IST, comme les jeunes.
Lire aussi – Traitement préventif contre le SIDA suivi par 10 000 personnes
Estelle B. / Docteur en Pharmacie