Dérives sectaires liées aux pratiques en santé : une augmentation inquiétante  

Par |Publié le : 22 juillet 2025|Dernière mise à jour : 22 juillet 2025|4 min de lecture|

Ces dernières années, les pratiques de soins non conventionnelles suscitent un intérêt croissant, mais aussi de nombreuses interrogations. Entre 2015 et 2024, les signalements reçus par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ont fortement augmenté, en particulier dans les domaines du bien-être et de la santé. Comment faire la différence entre accompagnement complémentaire et méthode à risque ? Quelles sont les dérives possibles et comment les repérer ?  

Dérive thérapeutique, exercice illégal de la médecine, dérive sectaire : définitions et distinctions 

De plus en plus de personnes ont recours à des pratiques de soins non conventionnelles (relaxation, phytothérapie, aromathérapie…). Ces médecines dites alternatives peuvent répondre à certains besoins de santé. Le risque de dérive apparaît lorsque ces méthodes se substituent aux traitements, sont dispensées hors de tout cadre légal ou s’accompagnent d’une emprise psychologique. Trois notions encadrent ces situations. 

L’exercice illégal de la médecine  

Il désigne le fait d’effectuer des actes médicaux (diagnostic, traitement, prescription) sans disposer d’un diplôme reconnu ni être inscrit à l’Ordre des médecins. Cela inclut également les professionnels de santé exerçant hors de leur champ de compétence. L’exercice illégal de la médecine est passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende (article L.4161-1 du Code de la santé publique). 

La dérive thérapeutique 

Elle se définit par l’usage de procédés inefficaces, trompeurs ou dangereux, avec des conséquences telles qu’une perte de chance pour le patient, une mise en danger, un abus de faiblesse ou une escroquerie. La dérive thérapeutique peut émaner d’un professionnel de santé ou non. Elle est notamment constituée par le fait de retarder un diagnostic ou de détourner un patient d’un traitement éprouvé. 

La dérive sectaire 

La dérive sectaire se caractérise par le phénomène d’emprise mentale. La Miviludes la définit comme « un dévoiement de la liberté de pensée par des techniques visant à créer un état de sujétion psychologique ou physique ». Elle peut impliquer un isolement du patient, des exigences financières excessives, une déstabilisation mentale ou une atteinte à l’intégrité physique

Des pratiques en expansion visant un public vulnérable 

Selon le rapport 2024 de la Miviludes, plus d’un tiers des signalements de dérives sectaires concernent la santé et le bien-être. Ils impliquaient principalement : 

  • Les patients atteints de maladies graves, comme le cancer, orientées vers des thérapies prétendant se substituer aux traitements conventionnels ; 
  • Les personnes en situation de fragilité psychologique ou sociale, ciblées par des discours spirituels mêlés à des approches pseudo-thérapeutiques ; 
  • Certaines pratiques proposées au sein même de structures de soin, sans fondement scientifique clair (magnétisme, reiki, dispositifs dits « quantiques »). 
  • Les structures de prévention ou de soins en addictologie, parfois approchées par des groupes à visée sectaire qui se présentent comme des soutiens face à la dépendance, mais dont le véritable objectif est de recruter de nouveaux adeptes. 

Se prémunir contre les dérives sectaires ou aider un proche concerné 

La vigilance face aux dérives sectaires en santé repose sur quelques repères simples : 

  • Vérifier systématiquement les qualifications du praticien, surtout lorsqu’un acte médical est proposé ; 
  • Refuser tout arrêt de traitement sans validation médicale ; 
  • Rester vigilant face à des discours culpabilisants, critiques envers la médecine conventionnelle ou incitant à couper les ponts avec l’entourage ; 
  • Éviter les propositions de « solutions miracles » ou de traitements onéreux, surtout lorsqu’ils sont associés à un discours mystique ou pseudo-scientifique. 

En cas de doute, il est conseillé aux proches de maintenir le dialogue ouvert et de ne pas stigmatiser la personne. Les professionnels de santé peuvent être sollicités et des signalements peuvent être faits auprès de : 

  • L’agence régionale de santé (ARS) ; 
  • Les ordres professionnels (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes…) ; 
  • Auprès du procureur de la République. 

Des associations comme l’UNADFI, le CCMM ou encore l’INAVEM proposent un accompagnement aux victimes. 

À savoir !Les pratiques de santé non conventionnelles répondent à certaines attentes des usagers de santé. Mais elles peuvent parfois cacher des dérives sectaires. Dans ce domaine sensible, la rigueur scientifique, l’éthique et la liberté du patient doivent rester les repères fondamentaux. La vigilance face à ces phénomènes est l’affaire de toutes et tous, dans une démarche collective de protection de l’ensemble de la population. 
Sources
– Les pratiques de santé non conventionnelles répondent à certaines attentes des usagers de santé. Mais elles peuvent parfois cacher des dérives sectaires. Dans ce domaine sensible, la rigueur scientifique, l’éthique et la liberté du patient doivent rester les repères fondamentaux. La vigilance face à ces phénomènes est l’affaire de toutes et tous, dans une démarche collective de protection de l’ensemble de la population. . www.miviludes.interieur.gouv.fr. Consulté le 07 juillet 2025.
– Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, Rapport d’activité 2022-2024,. www.miviludes.interieur.gouv.fr. Consulté le 07 juillet 2025.
– Conseil national de l’ordre des médecins, Les Pratiques de Soins Non Conventionnelles et leurs dérives, . www.conseil-national.medecin.fr. Consulté le 07 juillet 2025.

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Julie R.
Infirmière pendant 15 ans, dont 10 en pédiatrie, Julie R. est animée par une passion pour la santé, l'écologie et les sciences. Spécialisée en rédaction web SEO, alliant respect de notre charte HIC et approche humaine, elle met son expérience au service d’une meilleure compréhension de la santé pour le plus grand nombre