Les Français et les thérapies alternatives

Thérapies alternatives, médecines douces, approches non médicamenteuses, … les appellations ne manquent pas pour désigner ce vaste ensemble d’approches thérapeutiques non pharmacologiques. Quel est le rapport des Français avec ces thérapies ? Comment les perçoivent-ils ? Certaines sont-elles plus plébiscitées que d’autres ? Quelles sont les attentes ? Autant de questions abordées dans une enquête menée par l’institut de sondage Odoxa en avril 2023 auprès d’un échantillon représentatif de 1 005 personnes.

Que sont les thérapies alternatives ?

Les thérapies alternatives forment un vaste ensemble d’approches thérapeutiques dont le seul point commun est de ne pas être liées à la prise d’un médicament :

• L’homéopathie ;
• La phytothérapie ;
• L’aromathérapie ;
• L’acupuncture ;
• La kinésiologie ;
• Le yoga ;
• L’hypnose ;
• La méditation de pleine conscience ;
• La sophrologie ;
• La chiropractie ;
• L’étiopathie ;

D’une manière globale, les Français déclarent avoir une vision positive des thérapies alternatives. Près de 60 % des Français considèrent même qu’elles sont aussi efficaces que l’allopathie (médecine classique, basée sur l’utilisation des médicaments). Pourtant, les Français ont conscience que les preuves scientifiques de l’efficacité de ces thérapies ne sont pas toujours acquises. Plus de 60 % d’entre eux considèrent qu’elles ne sont pas reconnues sur le plan scientifique et qu’elles sont moins efficaces que la médecine classique pour les pathologies graves et les maladies chroniques.

Beaucoup de Français ont un recours prudent aux thérapies alternatives

Pour autant, les Français sont enclins à y avoir recours régulièrement. Plus de la moitié des Français voient même dans les thérapies alternatives une des solutions pour pallier au manque de professionnels de santé et aux déserts médicaux. Les approches non pharmacologiques les plus plébiscitées par les Français sont :

• La manipulation manuelle, avec au premier rang, l’ostéopathie ;
• Les médecines traditionnelles (médecine chinoise, médecine ayurvédique) ;
• Les médecines à base de plantes (comme la phytothérapie, l’aromathérapie ou les Fleurs de Bach) ;
• Les énergies, comme le magnétisme;
• La recherche de causes psychologiques ;
• La spiritualité ;
• L’alimentation (notamment la micronutrition).

Dans quelles situations les Français optent-ils pour ces thérapies ? Le plus souvent pour des douleurs chroniques, non soulagées par des traitements médicamenteux. La majorité des Français a conscience des limites des thérapies alternatives et de leur place possible dans les prises en charge et les protocoles de soins. Plus de la moitié des Français estiment ainsi que les remèdes naturels peuvent avoir des effets secondaires. Mais une minorité de Français ne font preuve d’aucune méfiance et sont capables de renoncer à des traitements médicamenteux pour se soigner uniquement avec des thérapies alternatives. Cette tendance est plus marquée chez les jeunes, entre 18 et 34 ans.

Trouver la juste place des thérapies alternatives

Pour une majorité de Français (81 %), un encadrement plus strict des thérapies alternatives est nécessaire pour prévenir les dérives sectaires et les phénomènes d’emprise. Ils déplorent également un manque d’accompagnement et de suivi, en particulier pour certaines thérapies, comme le jeûne intermittent. Généralement, les professionnels sont recommandés uniquement par des proches, sans l’appui d’un réel réseau et sans coordination entre les différents intervenants.

La société actuelle aspire de plus en plus à des solutions naturelles. Une aspiration à laquelle répondent partiellement les thérapies alternatives. Mais les Français ont besoin de plus d’encadrement, d’accompagnement, de coordination et d’information pour que ces pratiques trouvent toute leur place, en parallèle ou en complément de l’allopathie. Certaines thérapies ont passé le cap et ont d’ailleurs franchi les portes de l’hôpital, comme l’hypnose ou l’ostéopathie. Mais en aucun cas, elles ne pourront remplacer un diagnostic médical et des traitements médicamenteux !

Estelle B., Docteur en Pharmacie