Développement cognitif des prématurés : de l’importance du « peau à peau » dès la naissance
Et si la pratique du « peau à peau » dès les premiers jours de vie pouvait avoir un impact favorable à long terme sur le développement cognitif des enfants nés extrêmement ou grands prématurés ? C’est ce que suggère une récente étude française. On fait le point.

Les bienfaits du « peau à peau »
Chez un nouveau-né, les premières heures de vie sont essentielles pour son développement. Les premières interactions qu’il partage avec ses parents activent en effet des mécanismes biologiques et hormonaux indispensables à son développement cérébral et affectif. Ceci est d’autant plus vital pour les bébés nés prématurément.
D’où l’importance de la pratique du « peau à peau », qui consiste, dès la naissance, à placer le bébé à même la peau de son parent, poitrine contre poitrine.
Des études menées par le passé ont déjà démontré que le peau à peau avait des effets bénéfiques à court terme sur la stabilité physiologique du bébé et sur la construction de ses liens d’attachement. D’autres études ont également suggéré que le contact parent-enfant contribuerait également à protéger durablement le développement cérébral de l’enfant né prématuré. Or, ces données sont anciennes et s’appuient sur de petites cohortes.
Dans ce contexte et sur la base des données de la cohorte Epipage-2, des chercheurs français ont mis sur pied une nouvelle étude visant à évaluer l’effet neuroprotecteur de la pratique du peau à peau sur le devenir cognitif des enfants nés extrêmement prématurés à grands prématurés (après 24 à 31 semaines de grossesse).
« Peau à peau » et meilleur développement cognitif des bébés prématurés
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont inclus dans l’analyse près de 2 500 enfants nés dans des unités de néonatalogie françaises en 2011. Au cours des sept premiers jours suivant leur naissance, 50 % d’entre eux ont bénéficié de contact peau à peau et 50 % n’en ont pas bénéficié. Cinq ans plus tard, tous les enfants ont passé des tests d’appréciation du fonctionnement cognitif (tests de QI), ainsi que des tests de dépistage de difficultés comportementales.
Il ressort de cette analyse que le score de développement cognitif à cinq ans était meilleur chez les enfants nés extrêmement ou grands prématurés ayant bénéficié de contacts peau à peau durant leur première semaine de vie. La différence moyenne est estimée à +2,3 points de plus sur le score des tests de QI. En revanche, aucun lien n’a pu être démontré entre la pratique du peau à peau et la réduction du risque d’apparition de difficultés comportementales chez l’enfant.
De l’importance de généraliser la pratique du « peau à peau »
Publiés dans le Lancet eClinicalMedicine, ces résultats démontrent l’impact positif de la pratique du peau à peau dès la naissance sur le devenir neurocognitif de l’enfant prématuré. Pour les auteurs de cette étude, ces conclusions soulignent l’importance de ne pas séparer l’enfant prématuré de ses parents à la naissance. Ils plaident donc pour la généralisation du peau à peau en pratique courante d’autant qu’il s’agit d’une « intervention peu coûteuse et simple à mettre en œuvre ».
Prochaine étape pour les chercheurs ? Mener des études complémentaires pour mieux comprendre la disparité d’application de cette pratique sur notre sol ainsi que la durée optimale du contact peau à peau.
– Prématurité : le peau à peau aux tout premiers jours de vie serait associé à un meilleur développement cognitif à 5 ans. presse.inserm.fr. Consulté le 3 novembre 2025.
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