Le don de selles : un geste utile pour faire avancer la médecine

Par |Publié le : 2 juin 2025|Dernière mise à jour : 30 mai 2025|4 min de lecture|

Le don de selles, aussi surprenant que cela puisse paraître, est en train de devenir un enjeu majeur pour la recherche médicale. Utilisé dans le cadre de greffes de microbiote ou de traitements expérimentaux, il offre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour des patients atteints de différents troubles ou pathologies graves. À travers différents essais cliniques et études scientifiques, ce geste simple peut contribuer à sauver des vies ou améliorer le bien-être de nombreuses personnes.

Le microbiote intestinal : un allié invisible mais essentiel

Le microbiote intestinal, aussi appelé « flore intestinale », désigne l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, champignons, etc.) qui peuplent le tube digestif. On estime qu’il y a environ 100 000 milliards de micro-organismes dans nos intestins, soit dix fois plus que le nombre de cellules humaines dans le corps.

Ce microbiote joue un rôle clé dans de nombreux processus biologiques comme la digestion, l’absorption des nutriments, la production de vitamines, la régulation du système immunitaire. Il a été prouvé qu’il existe un lien entre l’intestin et le cerveau dont l’alimentation et l’état général du microbiote pourraient influencer le bien-être émotionnel comme la dépression.

Un déséquilibre de cette flore intestinale, appelé dysbiose, est aujourd’hui associé à plusieurs maladies chroniques, inflammatoires, métaboliques et même neurologiques. Face à cela, la médecine explore depuis plusieurs années une nouvelle voie : la transplantation de microbiote fécal. En transférant les selles d’un donneur sain vers un patient malade pour rétablir un microbiote équilibré.

Quel enjeu pour le don de selles dans les essais cliniques ?

Le don de selles joue un rôle central dans de nombreux essais cliniques liés au transfert de microbiote fécal, avec des objectifs thérapeutiques prometteurs. Chez les patients immunodéprimés atteints de leucémie, il pourrait améliorer la tolérance aux greffes de moelle osseuse et renforcer leur immunité. D’autres études visent à mieux comprendre l’impact de la dysbiose intestinale dans les maladies du foie liées à l’alcool, en comparant le microbiote de patients malades, atteints d’alcoolisme et de cirrhose, à celui de donneurs sains.

La transplantation fécale est également utilisée pour traiter les infections récidivantes à colite Clostridioides difficile, où elle permet de rétablir un microbiote sain après des traitements antibiotiques.

En parallèle, le projet French Gut, porté par l’INRAE, vise à recueillir les données de 100 000 volontaires pour accélérer la recherche sur le microbiote. L’objectif est de mieux prévenir et traiter des maladies chroniques comme le diabète, l’obésité ou la dépression. Ce défi scientifique bénéficie du soutien de personnalités publiques, notamment des médaillés des JO 2024 et de quelques créateurs de contenus, mobilisés pour promouvoir cette avancée.

Troubles digestifs et transplantation

Le système digestif est le siège de nombreuses affections chroniques. Parmi les plus courantes, on retrouve :

  • Le syndrome de l’intestin irritable (SII), marqué par des douleurs abdominales, des ballonnements et des troubles du transit.

  • Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.

  • Les maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 et l’obésité, qui présentent souvent une dysbiose sous-jacente.

  • Les troubles neurologiques comme l’autisme ou la dépression, pour lesquels le lien avec le microbiote commence à être exploré.

Dans tous ces cas, restaurer un microbiote équilibré représente un espoir thérapeutique. Même si la recherche en est encore à ses débuts dans plusieurs domaines, les résultats initiaux sont prometteurs et encouragent à poursuivre les investigations.

Donner ses selles, c’est aujourd’hui participer à une révolution silencieuse, mais majeure, de la médecine. Ce don, encore peu connu du grand public, pourrait devenir dans les années à venir un outil thérapeutique courant, aussi important que le don de sang ou de moelle osseuse. Chacun peut potentiellement contribuer à cette avancée médicale, il suffit de se rapprocher des centres de soin proche de chez vous pour identifier les initiatives locales. Et certaines ambitions comme le French Gut se déroule au niveau national.

Sources
– Nantes : être payé pour donner ses selles, c'est ce que propose ce laboratoire. actu.fr. Consulté le 20 mai 2025.
– « Etude pilote d’une nouvelle technique de Transplantation Fécale Orale utilisant des gélules de selles congelées pour le traitement d’entretien des RCH à début pédiatrique. » par l’hospital Saint Antoine AP-HP. saintantoine.aphp.fr. Consulté le 20 mai 2025.
– Recommandations pour la transplantation du microbiote fécal, par l’ANSM. ansm.sante.fr. Consulté le 20 mai 2025.

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Camille V.
Camille V.
Après de nombreuses années d'exercice en tant qu’aide-soignante et conseillère en aromathérapie, Camille, passionnée par l’univers de la santé, du bien-être et du développement personnel, s’est spécialisée dans la rédaction de contenus. Animée par l'envie de partager au plus grand nombre du contenu scientifique fiable à partir de ses connaissances et de sources vérifiées, tout en respect de notre charte HIC.