Rectocolite hémorragique


Rédigé par Estelle B. et publié le 24 juillet 2024

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Avec la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique est la maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) la plus fréquente. En France, près d’une personne sur 1 000 est touchée par cette maladie, parfois très invalidante. A ce jour, aucun traitement ne permet de guérir définitivement cette maladie.

Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ?

La rectocolite hémorragique est l’une des deux principales Maladies Inflammatoires de Chronique l’Intestin (MICI) avec la maladie de Crohn. Elle peut survenir à tout âge, mais elle débute le plus souvent entre l’adolescence et le début de l’âge adulte (entre 15 et 35 ans) avec une forte prédominance chez les hommes. Environ 80 000 personnes seraient concernées en France.

La rectocolite hémorragique est marquée par une inflammation chronique de l’intestin, qui peut toucher différentes portions de l’intestin. Trois formes différentes de RCH sont ainsi distinguées :

  • La rectocolite hémorragique distale concerne 60% des individus et atteint le rectum et la région du sigmoïde ;
  • La rectocolite hémorragique pancolique (15 % des cas) touche aussi le rectum et la totalité du côlon ;
  • La forme intermédiaire de la maladie (concerne 25% des cas) : des lésions plus étendues que la rectocolite hémorragique distale sont observées.

Appareil digestif

Peu importe l’étendue de l’inflammation, la rectocolite affecte l’ensemble du côlon mais ne touche en aucun cas l’intestin grêle, l’anus ou le périnée.

La rectocolite hémorragique peut être une maladie grave dans les formes étendues et sévères. Elle peut notamment augmenter le risque de cancer colorectal.

D’où vient la rectocolite hémorragique ? Les causes

Les causes exactes de la rectocolite hémorragique restent méconnues, mais des facteurs favorisants ont été identifiés :

  • Un fonctionnement excessif du système immunitaire ;
  • Une prédisposition génétique ;
  • Des facteurs environnementaux.

Des chercheurs s’intéressent notamment aux facteurs alimentaires, et plus particulièrement à l’influence de certains additifs alimentaires sur l’inflammation intestinale.

Comment reconnaître la rectocolite hémorragique ? Les symptômes

Les symptômes de la rectocolite hémorragique sont avant tout intestinaux, avec :

  • Des douleurs rectales et anales accompagnées d’une traction du sphincter (ténesme) ;
  • Des douleurs abdominales (spasmes) ;
  • Des nausées et vomissements ;
  • Des écoulements de glaire ou de sang par l’anus ;
  • Des fausses envies d’aller à la selle ;
  • Des selles liquides, abondantes et fréquentes.

Mais des symptômes non digestifs accompagnent souvent les principaux symptômes, tels que :

  • Une fatigue ;
  • Une perte de poids ;
  • De la fièvre ;
  • Une pâleur liée à une anémie ;
  • Un essoufflement.

Lorsque la maladie est étendue et sévère, des atteintes plus graves peuvent s’associer aux symptômes digestifs :

  • Un rhumatisme articulaire touchant les articulations des membres (chevilles, genoux, poignets…) ou le rachis ;
  • Des lésions cutanées : aphtes buccaux, érythème noueux (nodules sous-cutanés douloureux, rouge ou violet, localisés sur les jambes et les avant-bras) ;
  • Une atteinte oculaire se traduisant par une inflammation des structures internes de l’œil ;
  • Des lésions touchant les voies biliaires.

La rectocolite hémorragique évolue généralement sous la forme de poussées successives, d’intensité variable, qui alternent avec des phases de rémission.

De graves complications peuvent également survenir, notamment avec le développement de fissures anales. Cette inflammation aiguë du côlon se traduit par plus de 6 selles sanglantes quotidiennes, de la fièvre et une perte de poids rapide. Une hospitalisation en urgence est nécessaire afin d’éviter des complications plus sévères telles que :

  • Une dilatation aiguë et une perforation du côlon ;
  • Une hémorragie digestive.

Quand consulter pour une rectocolite hémorragique ? Le diagnostic

Tout signe évocateur doit amener à consulter un médecin. Certains symptômes ne sont pas spécifiques de la maladie et un diagnostic médical est nécessaire pour en rechercher la cause. Après un interrogatoire et un examen clinique, le médecin peut prescrire des examens complémentaires :

  • Une prise de sang va permettre de détecter la présence ou non d’une inflammation : nombre élevé de globules blancs et de plaquettes, augmentation de la vitesse de sédimentation, augmentation de la quantité de protéine C-réactive, diminution de la quantité d’hémoglobine dans le sang (anémie).
  • Une analyse de selles (coproculture) va permettre de savoir si les diarrhées récurrentes ne sont pas dues à une infection (bactérie, virus, parasite).
  • Une coloscopie va permettre d’évaluer les lésions intestinales ainsi que de distinguer la rectocolite des autres maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).

La coloscopie est l’examen qui va permettre de confirmer le diagnostic de la rectocolite hémorragique. D’autres examens peuvent être nécessaires pour évaluer les conséquences de la maladie sur la santé du patient :

  • Un bilan ophtalmologique ;
  • Une échographie abdominale ;
  • Des examens d’imagerie ;

Peut-on guérir la rectocolite hémorragique ? Les traitements

Dès que le diagnostic est posé, une prise en charge pluridisciplinaire est mise en place. A ce jour, il n’existe encore aucun traitement permettant de guérir la maladie, mais plusieurs médicaments sont disponibles pour calmer l’inflammation, soulager les symptôme et réduire le nombre de poussées.

Les médicaments et les voies d’administration sont adaptés en fonction de la forme et de l’étendue de la maladie. Les médicaments utilisés sont notamment :

  • Des dérivés de l’acide aminosalicylique (voie rectale ou orale) : il en existe de deux types, le 5-ASA (le plus utilisé) et le 4-ASA (plutôt utilisé lorsque les lésions se propagent).
  • Des corticoïdes (voie rectale ou orale) : utilisés en cas d’échec ou d’intolérance au traitement par le 4-ASA.
  • Des immunomodulateurs (azathioprine, anti-TNF) permettent de « moduler » l’action du système immunitaire et sont plutôt réservés aux formes les plus évolutives et les plus difficiles à maîtriser. Ils sont aussi proposés aux patients qui ne peuvent pas prendre d’anti-inflammatoires.

Un traitement chirurgical peut également être envisagé dans certaines conditions (échec des traitements médicamenteux, formes sévères). Environ 1/3 des patients subissent une intervention chirurgicale. L’intervention a pour objectif de retirer toutes les lésions ou du moins, une grande partie, soulageant ainsi le patient des symptômes associés à la maladie.

  • Lorsque seul le côlon est retiré (colectomie), le chirurgien va raccorder l’intestin grêle au rectum pour rétablir un transit intestinal normal.
  • Lorsque le côlon et le rectum sont enlevés (coloproctectomie), la partie terminale de l’intestin grêle (iléon) est raccordé au canal anal.

Dans certains cas, après intervention, l’évacuation des selles peut être perturbée : les chirurgiens peuvent alors procéder à ce que l’on appelle une iléostomie : il s’agit d’un acte chirurgical permettant d’aboucher l’intestin grêle à l’abdomen afin de permettre l’évacuation des selles et urines. Ainsi, l’intestin grêle est fixé à la peau et le contenu intestinal est recueilli dans une poche extérieure amovible servant de réservoir.

Quels que soient les traitements, un suivi médical régulier est entrepris afin de contrôler son efficacité. Enfin, au quotidien, un suivi nutritionnel et diététique est mis en place pour adapter l’alimentation et prendre en charge les déficits et carences nutritionnels.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Rectocolite hémorragique. www.ameli.fr. Consulté le 12 juillet 2024.
– La rectocolite hémorragique. www.snfcp.org. Consulté le 12 juillet 2024.

 

 

 


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