Rectocolite hémorragique


Rédigé par Lucie B. et publié le 24 octobre 2017

Rectocolite hémorragique chez une patiente

La rectocolite hémorragique (RCH) fait partie des deux principales Maladies Inflammatoires de Chronique l’Intestin (MICI) avec la maladie de Crohn. Elle peut atteindre le rectum et le côlon (gros intestin) et évoluer sous forme de poussées (alternance de phases d’activité et de rémission).
Elle peut survenir à tout âge mais elle touche en grande partie les jeunes sujets (entre 15 et 35 ans) avec une forte prédominance chez les hommes. Environ 80 000 personnes seraient concernées en France.

MICI – Les maladies inflammatoires chroniques intestinales

Définition

L’inflammation caractérisant la rectocolite hémorragique (RCH) est localisée au niveau de la muqueuse intestinale, soit la paroi interne de l’intestin. Elle fait partie intégrante du groupe des pathologies dites « MICI » (maladies inflammatoires chroniques intestinales) comme y figure, par exemple, la maladie de Crohn.

La rectocolite hémorragique (RCH) est une maladie marquée par une récurrence de crises, d’intensité variable et plus ou moins accompagnées de symptômes non intestinaux. Ces derniers peuvent être les suivants :

  • Un rhumatisme articulaire touchant les articulations des membres (chevilles, genoux, poignets…) ou le rachis ;
  • Des lésions cutanées : aphtes buccaux, érythème noueux (nodules sous-cutanés douloureux, rouge ou violet, localisés sur les jambes et les avant-bras) ;
  • Une atteinte oculaire se traduisant par une inflammation des structures internes de l’œil ;
  • Des lésions touchant les voies biliaires.

Trois formes différentes de RCH sont présentées :

  • La RCH distale: concerne 60% des individus et atteint le rectum et la région du sigmoïde ;
  • La RCH pancolique (15% des cas) : touche aussi le rectum et la totalité du côlon ;
  • La forme intermédiaire de la maladie (concerne 25% des cas) : des lésions plus étendues que la RCH distale sont observées.

Peu importe l’étendue de l’inflammation, la rectocolite affecte l’ensemble du côlon mais ne touche en aucun cas l’intestin grêle, ni les organes plus bas tels que l’anus ou le périnée.

Facteurs favorisants

Un fonctionnement excessif du système immunitaire peut être à l’origine à la RCH mais pas seulement.

D’autres facteurs sont aussi en cause, touchant différentes disciplines du vivant :

  • La génétique ;
  • L’immunologie (troubles du système immunitaire) ;
  • Mais aussi l’environnement (plus de cas observés dans les pays les plus développés).

Symptômes de la rectocolite hémorragique

Les symptômes orientant le diagnostic vers une rectocolite hémorragique (RCH) touchent essentiellement le système digestif :

  • Douleurs rectales et anales accompagnées d’une traction du sphincter (ténesme) ;
  • Douleurs abdominales (spasmes) ;
  • Nausées et vomissements ;
  • Ecoulements de glaire ou de sang par l’anus ;
  • Fausses envies d’aller à la selle ;
  • Selles liquides, abondantes et fréquentes ;
  • Fatigue, amaigrissement, perte d’appétit, fièvre, pâleur, essoufflement.

Diagnostic de la rectocolite hémorragique

Dans un premier temps, le médecin interroge le patient sur les symptômes qu’il rencontre.

Une fois cette étape, le médecin va s’entretenir avec toute une équipe médicale, pluridisciplinaire afin de confirmer le diagnostic par la réalisation de plusieurs types d’examens.

Les examens réalisés sont :

  • Un bilan biologique : une prise de sang et analyse de selles sont effectuées.
  • La prise de sang va permettre de détecter la présence ou non d’une inflammation : nombre élevé de globules blancs et de plaquettes, augmentation de la vitesse de sédimentation, augmentation de la quantité de protéine C-réactive, diminution de la quantité d’hémoglobine dans le sang (anémie).
  • Le prélèvement des selles va permettre de savoir si les diarrhées récurrentes ne sont pas dues à une infection (bactérie, virus, parasite).
  • Une coloscopie : va permettre d’évaluer les lésions intestinales ainsi que de distinguer la rectocolite des autres maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).

C’est ce type d’examen qui va permettre de confirmer réellement le diagnostic de RCH.

  • D’autres examens de nature ophtalmologique et/ou radiologique : échographie abdominale, IRM, scanner…

Lorsque le diagnostic est posé, une bonne prise en charge du patient est importante puisque des complications peuvent survenir. Ces dernières correspondent à des fissures anales ou dans des cas plus graves, à une inflammation aiguë du côlon se traduisant par plus de 6 selles sanglantes quotidiennes, de la fièvre et une perte de poids rapide.

En cas d’inflammation aiguë du côlon, une hospitalisation en urgence est nécessaire afin d’éviter des complications plus sévères telles que :

  • Une dilatation aiguë et une perforation du côlon ;
  • Ou une importante hémorragie.

D’autre part, il est observé que les patients atteints de RCH présentent un risque plus élevé de développer un cancer du côlon ultérieurement. Par conséquent, un suivi régulier et rigoureux par coloscopie est réalisé chez ces patients afin de dépister tout type d’anomalie.

Traitement de la rectocolite hémorragique

A ce jour, il n’existe encore aucun traitement permettant de guérir la RCH mais plusieurs médicaments sont disponibles pour calmer l’inflammation, diminuer les rechutes et contribuer au confort des patients.

Une fois le diagnostic posé, chaque patient est pris en charge par son médecin traitant qui est accompagné par un gastro-entérologue. Plusieurs objectifs sont recherchés par l’équipe médicale :

  • Soigner les poussées et éventuelles complications ;
  • Prévenir les rechutes ;
  • Maintenir un niveau nutritionnel correct ;
  • Assurer un soutien psychologique ;
  • Mieux informer le patient et ses proches.

Voie médicamenteuse

Les médicaments utilisés dans le traitement de la RCH sont surtout des anti-inflammatoires permettant d’atténuer les poussées.

Selon le stade de la maladie, l’utilisation de ces médicaments peut différer.

  • Des dérivés de l’acide aminosalicylique (voie rectale ou orale) : il en existe de deux types, le 5-ASA (le plus utilisé) et le 4-ASA (plutôt utilisé lorsque les lésions se propagent).
  • Des corticoïdes (voie rectale ou orale) : utilisés en cas d’échec ou d’intolérance au traitement par le 4-ASA.
  • Des immunomodulateurs (azathioprine, anti-TNF) : comme leur nom l’indique, ces médicaments permettent de « moduler » l’action du système immunitaire et sont plutôt réservés aux formes de RCH les plus évolutives et les plus difficiles à maîtriser. Ils sont aussi proposés aux patients qui ne peuvent pas prendre d’anti-inflammatoires.

Voie chirurgicale

Il est possible d’avoir recours à un traitement chirurgical lorsque le traitement par médicaments a échoué ou lors de la détection d’un. Cette intervention chirurgicale est surtout indiquée en cas de formes sévères de RCH.

Environ 1/3 des personnes atteintes d’une RCH subissent une intervention chirurgicale.

Cette dernière va permettre de retirer toutes les lésions ou du moins, une grande partie, soulageant ainsi le patient des symptômes associés à la maladie.

  • Lorsque seul le côlon est retiré (colectomie), le chirurgien va raccorder l’intestin grêle au rectum pour rétablir un transit intestinal normal.
  • Lorsque le côlon et le rectum sont enlevés (coloproctectomie), la partie terminale de l’intestin grêle (iléon) est raccordé au canal anal.
  • Dans certains cas, après intervention, l’évacuation des selles peut être perturbée : les chirurgiens peuvent alors procéder à ce que l’on appelle une iléostomie : il s’agit d’un acte chirugical permettant d’aboucher l’intestin grêle à l’abdomen afin de permettre l’évacuation des selles et urines. Ainsi, l’intestin grêle est fixé à la peau et le contenu intestinal est recueilli dans une poche extérieure amovible servant de réservoir.

Quel que soit le mode de traitement envisagé, un suivi médical régulier est entrepris afin de contrôler son efficacité.

Mais pour mieux vivre avec sa maladie, quelques mesures nutritionnelles sont conseillées. Par exemple, une alimentation riche en fibres a tendance à amplifier les troubles digestifs. Il est donc plutôt préférable d’adopter un régime alimentaire dépourvu de fibres, mais restant équilibré afin d’éviter d’éventuelles carences.

Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé

Sources
– Comprendre la rectocolite hémorragique. ameli.fr. Consulté le 22 mars 2017.
– La recto-colitehémorragique. orpha.net. Consulté le 22 mars 2017.

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