Douleurs cancéreuses : l’intérêt de l’éducation thérapeutique

Cancer Cancers féminins Douleur

Rédigé par Estelle B. et publié le 29 mars 2017

Les douleurs cancéreuses sont communes à tous les types de cancers. Au-delà des médicaments utilisés pour la soulager, l’éducation thérapeutique centrée sur le patient pourrait-elle apporter de nouvelles solutions pour gérer ces douleurs ? Une initiative développée en Basse-Normandie souligne l’intérêt de l’éducation thérapeutique, à la fois pour les malades et les soignants.

femme allongée souffrant de douleurs cancéreuses

Douleurs cancéreuses

La douleur est un symptôme fréquent dans tous les types de cancers et concerne 48 % des malades selon l’Institut National du Cancer. Sa prise en charge repose en grande partie sur des traitements médicamenteux, mais elle s’avère insuffisante dans 62 % des cas. Plusieurs obstacles peuvent expliquer ce chiffre :

  • Le manque de connaissances des patients, à l’origine d’une peur de souffrir ;
  • Les idées reçues qui circulent sur la douleur et ses traitements, par exemple sur les médicaments dérivés de la morphine ;
  • Une communication difficile entre le patient, son entourage et les soignants sur le thème de la douleur.

Il en découle différents risques, tels que la sous-estimation de la douleur et la non-observance (non-respect) des traitements antalgiques (contre la douleur), phénomènes responsables d’une mauvaise prise en charge des douleurs cancéreuses. Dans ce contexte, comment optimiser cette prise en charge pour améliorer la qualité de vie des malades ?

Lire aussiNouveau traitement anti-douleur, la réalité virtuelle ?

La place de l’éducation thérapeutique dans la gestion des douleurs cancéreuses

L’éducation thérapeutique du patient se développe dans la prise en charge de nombreuses maladies aigües ou chroniques, et notamment des cancers. Cette approche est centrée sur les besoins identifiés du patient, qui acquiert des connaissances et des compétences dans la gestion de sa maladie et devient ainsi acteur de sa propre santé. Ces programmes éducatifs sont-ils susceptibles d’influencer les douleurs cancéreuses ? Les premières études menées sur ce sujet ont conclu à une amélioration de la prise en charge de la douleur, notamment son intensité et ses conséquences sur la vie quotidienne.

Pour aller plus loin, la Fondation APICIL contre la douleur, le réseau régional douleur de Basse-Normandie, une équipe de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), l’Université de Caen Normandie et le réseau régional de cancérologie Onco-Basse Normandie se sont engagés ensemble dans la lutte contre les douleurs cancéreuses, en développant un projet régional, réunissant deux grands aspects :

  • Une démarche clinique d’éducation thérapeutique entreprise par les structures anti-douleur régionales ;
  • Une étude de recherche pour évaluer l’efficacité clinique de l’éducation thérapeutique dans l’amélioration de la prise en charge de la douleur.

Lire aussiUn nouvel acteur de santé : le patient expert

Une initiative normande pour évaluer son double intérêt

Ce vaste projet régional se déroule en 5 grandes étapes :

  • La formation des soignants (médecins, infirmiers) à l’éducation thérapeutique ciblée sur les douleurs cancéreuses.
  • L’identification des besoins éducatifs des patients et de leur entourage dans le domaine de la douleur : 71 % des patients sollicitent leurs proches, 75 % des patients souffrent de douleurs depuis plus de 6 mois, mais seuls 50 % se disent soulagés par le traitement antalgique.
  • La conception et l’optimisation d’un programme d’éducation thérapeutique sur les douleurs cancéreuses, validé par l’Agence Régionale de Santé en 2014.
  • Une étude pilote régionale sur la faisabilité, la qualité et la transférabilité du programme.
  • L’évaluation du programme sur 200 patients.

Le programme d’éducation thérapeutique (étape 3) comprend plusieurs éléments :

  • Un bilan éducatif individuel de chaque patient ;
  • La signature d’un contrat personnalisé d’éducation entre le malade et l’équipe médicale ;
  • La participation des patients sur quelques semaines à 3 ateliers de 2 heures chacun, à raison de 6 patients maximum par atelier :
    • Un atelier sur « comprendre sa douleur» ;
    • Un atelier sur « comprendre les traitements antalgiques et mieux les gérer » ;
    • Un atelier sur « s’adapter au mieux à la douleur au quotidien ».

Les étapes 4 et 5 débuteront dans les prochains mois, à partir de mai 2017, une fois que l’ensemble des autorisations réglementaires auront été obtenues. Les organisateurs du projet espèrent ainsi démontrer l’efficacité de l’éducation thérapeutique sur l’amélioration de la prise en charge de la douleur liée aux cancers, avec des bénéfices à la fois pour les soignants et pour les malades.

Ce programme d’éducation thérapeutique est désormais accessible au plus près de leur domicile à tous les patients cancéreux douloureux de Basse Normandie. Une initiative intéressante qui pourrait sans doute susciter à l’avenir de nouveaux projets dans d’autres régions françaises ou sur d’autres maladies source de douleurs.

Lire aussiLe cancer frappe aussi les enfants …

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Éducation thérapeutique et douleur du cancer : Intérêt pour les patients, intérêt pour les soignants. Dossier de presse. Fondation APICIL. 9 mars 2017.
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *