Effets toxiques de la pollution atmosphérique et infarctus du myocarde

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Rédigé par Deborah L. et publié le 6 février 2021

Au cœur des préoccupations environnementales, la effets toxiques de la pollution atmosphérique n’est pas sans conséquence sur la santé respiratoire. Et si la pollution de l’air pouvait également impacter la santé cardiovasculaire ? C’est ce que suggère une récente étude chinoise selon laquelle l’exposition à la pollution atmosphérique serait associée à un risque accru de décès par infarctus du myocarde.

Effets toxiques de la pollution

Les effets toxiques de la pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique, communément appelée « pollution de l’air », désigne l’ensemble des émissions de substances polluantes sous forme de gaz ou de particules au sein de l’atmosphère. Ces émissions sont principalement la conséquence des activités humaines industrielles et agricoles.

Principal pays émetteur de dioxyde de carbone, la Chine figure parmi les pays les plus polluants de la planète. La province d’Hubei, tristement célèbre pour avoir été le berceau de la pandémie de Covid-19, affiche d’ailleurs des niveaux de pollution de l’air particulièrement élevés. Un constat qui inquiète le professeur Sanjay Rajagopalan de la Case Western Reserve University de Cleveland : « Il s’avère que les gens meurent à cause de la pollution de l’air, non pas par maladie respiratoire ou pulmonaire mais parce qu’ils font des crises cardiaques. Chaque année, il y a probablement plus de neuf millions de décès attribuables à la pollution de l’air. Si vous combinez la pollution de l’air intérieure et extérieure, c’est probablement une des quatre causes majeures de mortalité globale. Et l’impact est très important dans le monde entier car tout le monde est exposé, personne n’est épargné ».

Dans ce contexte, des scientifiques chinois ont souhaité analyser l’impact à court terme d’une exposition aux particules fines de l’air sur le risque de décès par infarctus du myocarde. Selon le Dr Yuewai Liu (Sun Yat-sen University, Guangzhou, Chine), « la relation est claire » entre effets toxiques de la pollution atmosphérique et le risque de mortalité cardiovasculaire.

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Incidence de la pollution de l’air sur la mortalité cardiovasculaire

De précédentes analyses avaient permis d’établir un lien entre exposition brève à la pollution de l’air et survenue d’un infarctus du myocarde (IDM) mais jusqu’à présent, peu d’études s’étaient intéressées à l’association entre pollution atmosphérique et la mortalité par IDM. Les scientifiques chinois ont donc mis sur pied une étude croisée inédite qui vient d’être publiée dans le Journal of the American College of Cardiology.

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques chinois ont étudié 151 608 décès par IDM survenus dans la province d’Hubei entre 2013 et 2018. Ils ont évalué l’exposition à différents polluants le jour précédant l’IDM et le jour de l’IDM :

  • Particules fines de diamètre inférieur ou égal à 2,5μm (PM2,5)
  • Particules fines de diamètre inférieur ou égal à 10μm (PM10)
  • Dioxyde de sulfure (SO2)
  • Dioxyde d’azote (NO2)
  • Monoxyde de carbone
  • Ozone

L’évaluation rétrospective de l’exposition aux polluants s’est faite au moyen de l’adresse du domicile du patient décédé suite à un IDM. La distance entre le domicile et le système de surveillance de la pollution atmosphérique a en effet permis de déterminer et de pondérer le niveau d’exposition aux polluants du patient concerné.

À savoir ! De très nombreux capteurs de pollution sont installés dans les villes chinoises. Ils ont pour rôle de mesurer les concentrations de polluants dans l’air.

Les scientifiques ont ensuite pu observer qu’une exposition à la pollution atmosphérique était associée à un risque accru de décès cardiovasculaire à travers les résultats suivants :

  • Augmentation significative du risque de décès par infarctus du myocarde en cas d’exposition aux particules fines (diamètres inférieurs à 2,5 et 10 μm) et au dioxyde d’azote (NO2). Risque d’autant plus grand que l’exposition était importante.
  • Association entre exposition au NO2 et mortalité par IDM significativement plus forte chez les personnes âgées de 75 ans et plus.

Une exposition à court terme aux particules fines polluantes et au NO2 a ainsi été associée à un risque accru de décès par infarctus du myocarde. Cette étude n’a cependant par permis de mettre en évidence d’association fiable entre le dioxyde de sulfure, le monoxyde de carbone ou l’ozone et les IDM.

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De la nécessité de réduire l’exposition aux polluants

Pour les chercheurs, « Ces résultats aident à la compréhension des effets de la pollution de l’air sur la mortalité cardiovasculaire. Ils mettent en lumière la nécessité que la population générale et les décideurs politiques réduisent l’exposition à la pollution, en particulier pour les personnes âgées et celles qui ont un risque important d’infarctus du myocarde ».

Force est de constater que la pandémie de Covid-19 a eu un impact positif sur la qualité de l’air avec une chute des émissions de polluants atmosphériques en lien avec la baisse du trafic aérien et routier. « Les PM2,5 [particules fines de diamètre inférieur à 2,5μm] ont dégringolé, ce qui a permis que le ciel redevienne très bleu pendant des jours et que tout le monde se mette à imaginer un monde futur sans pollution de l’air » explique le Pr Rajagopalan.

Formulons le souhait que cette pandémie inédite soit l’occasion pour tous de prendre pleinement conscience de l’impact de la pollution de l’air sur l’environnement et la santé globale !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Source
– Pollution de l’air et infarctus du myocarde : l’association qu’on ne peut plus ignorer.. medscape.com. Consulté le 02 février 2021.