Les enfants bretons exposés de toutes parts à certains pesticides…

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Rédigé par Estelle B. et publié le 23 juin 2017

Parmi les perturbateurs endocriniens qui font actuellement débat en France, certains pesticides se retrouvent à la fois dans l’alimentation et dans l’environnement des enfants. Une récente étude s’est penchée sur l’exposition des enfants bretons à une classe de pesticides, les pyréthrinoïdes, et donne des résultats inquiétants.

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Pesticides et exposition des enfants

Les pesticides pyréthrinoïdes sont des produits très largement utilisés en agriculture, mais ils se retrouvent également dans plusieurs produits domestiques comme les insectifuges (répulsion des insectes) et les produits anti-poux. Différentes études ont d’ores et déjà mis en évidence la présence de ces produits et de leurs sous-produits dans les urines des enfants, indiquant qu’ils sont exposés à ces substances.

Des études récentes ont également mis en évidence un lien entre la concentration urinaire des sous-produits des pyréthrinoïdes et la survenue de troubles du développement neurobiologique chez l’enfant. Quel est le degré d’exposition des enfants à ces substances ? Quelles sont les voies d’exposition ? Quel est l’impact d’une faible exposition ? Ces questions suscitent le débat et inquiètent de nombreux parents.

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Une étude menée sur les enfants bretons

Dans ce contexte, des chercheurs français ont mené une étude sur 245 enfants bretons, âgés de 6 ans entre 2009 et 2012. Ces enfants sont issus de la cohorte PELAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance), vaste étude menée en Bretagne depuis 2002 auprès de 3 500 mères et enfants.

Des échantillons du contenu de l’aspirateur familial ont été analysés pour y détecter différentes substances de la famille des pyréthrinoïdes et ainsi déterminer l’exposition non alimentaire des enfants à ces pesticides (exposition domestique ou environnementale). Parallèlement, des échantillons urinaires ont été recueillis pour rechercher la présence de sous-produits dérivés des pyréthrinoïdes. Les habitudes alimentaires des enfants et l’utilisation d’insecticides au domicile étaient évaluées grâce à des questionnaires remplis par les parents. Enfin, l’exposition aux pyréthrinoïdes via le tabagisme passif a été prise en compte.

La consommation de certaines catégories d’aliments est reconnue comme à risque d’exposition aux pyréthrinoïdes :

  • Les fruits et les légumes ;
  • Les jus de fruits ;
  • Le poulet ou la dinde (plus de 3 fois par semaine) ;
  • Les fruits de mer ;
  • Les produits laitiers (beurre, fromage, yaourts) ;
  • Les céréales.

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Une exposition alimentaire des enfants dans l’Ouest français

Les résultats de l’étude ont montré que les cultures agricoles les plus fréquentes autour du domicile familial et de l’établissement scolaire étaient les céréales (88 et 92 % respectivement) et le colza (30 et 37 % respectivement). Sur les 245 enfants, 11 % avaient un parent exposé professionnellement aux pesticides. Au niveau de l’utilisation des produits insecticides, 33 % des parents déclaraient en utiliser au moins un par an dans la maison et 33 % au moins un par an à l’extérieur.

Les différents pyréthrinoïdes ont été retrouvés dans les poussières des aspirateurs (entre 9 et 100 % des échantillons selon les substances recherchées). Dans les urines des enfants, les sous-produits dérivés des pyréthrinoïdes ont été détectés dans 16 à 84 % des échantillons urinaires selon le sous-produit analysé.

La consommation de certains groupes d’aliments a pu être associée par les chercheurs à un risque accru d’exposition aux pyréthrinoïdes :

  • Les pâtes, le riz ou la semoule ;
  • Les fruits consommés 4 à 6 fois par semaine.

A l’inverse, les faibles consommateurs de céréales pour petit-déjeuner et de pain complet, ainsi que les consommateurs d’aliments biologiques (au moins 50 % de leur alimentation globale) seraient moins exposés à ces pesticides.

Concernant les autres modes d’exposition, l’exposition professionnelle de l’un des parents multiplie par 2,8 le risque de présenter des concentrations urinaires élevées en sous-produits des pyréthrinoïdes. L’utilisation annuelle d’insecticides extérieurs ou deux utilisations annuelles d’insecticides domestiques suffisent à augmenter la présence de résidus dans les poussières du domicile.

Ces résultats montrent que les enfants sont soumis à plusieurs modes d’exposition aux pyréthrinoïdes, ce qui augmente leur exposition globale à ces pesticides. L’alimentation semble jouer un rôle primordial dans le risque sanitaire que représentent ces substances. Il serait intéressant de connaître leur exposition éventuelle à d’autres types de pesticides, mais aussi la situation dans les autres régions françaises… Reste également à savoir précisément quel sera l’impact de cette exposition sur la santé de ces enfants.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Determinants of children’s exposure to pyrethroid insecticides in western France. Glorennec Philippe and al. 2017. Environment International. 104 :76–82. 
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