En France, 2500 enfants et adolescents sont diagnostiqués d’un cancer chaque année. A partir d’une étude menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en collaboration avec le Centre Internationale de recherche contre le cancer (CIRC), ces derniers ont remarqué une hausse de la fréquence du cancer chez l’enfant de 13% entre les années 1980 et 2000. Comment expliquer cette évolution ?
Cancer : la première cause de décès par maladie chez l’enfant
The Lancet Oncology a publié durant le mois d’avril un article tentant d’expliquer les causes de la hausse du cancer chez l’enfant entre 1980 et 2000. A partir de données recueillies dans 62 pays entre 2001 et 2010, 385 509 cas de cancer ont été répertoriés parmi 2.64 milliards d’enfants entre 0 et 19 ans. Les cancers touchant les enfants entre 0 et 14 ans sont principalement les leucémies, les tumeurs du système nerveux central et les lymphomes. Entre 15 et 19 ans, on remarque également l’apparition de cancers épithéliaux et de mélanomes. Durant les années 1980, on recensait 124 cas de cancer pour 1 million d’enfants par an. Ce chiffre est passé à 140 cas de cancer pour 1 million d’enfants par an pour les années 2000. Quelles sont les causes de cette augmentation de 13% ?
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La détectabilité des cancers en amélioration constante
En 20 ans d’écart, les recherches et les diagnostics sur le cancer se sont fortement améliorés. Par exemple, l’utilisation de l’IRM permet d’améliorer le diagnostic et de ce fait, s’accompagne de l’augmentation du nombre de cas découverts. L’augmentation du nombre de cas de cancers pédiatriques est donc liée à une meilleure détectabilité, ce qui se veut plutôt optimiste quant aux progrès de la recherche et à la prise en charge des patients.
Les facteurs environnementaux, une cause concrète de cancer chez l’enfant ?
A l’heure actuelle, nous savons que les facteurs génétiques sont impliqués dans le développement de certains cancers. Nous avons cependant moins de recul concernant les éléments qui nous entourent. Il y a bien des corrélations importantes entre l’augmentation des leucémies et une exposition forte à des polluants, notamment en Asie. Cette corrélation se retrouve également entre cancer et virus. Les infections par des virus comme le VIH ou bien encore l’Epstein-Barr Virus ont pu être mises en relation avec le développement de certains cancers.
Plusieurs hypothèses sont posées sur la relation entre cancer et facteurs environnementaux. Habiter à proximité d’une ligne à haute tension, d’une antenne relais, d’une centrale nucléaire, être en contact avec des perturbateurs endocriniens sont des causes suspectes mais la science n’a pas encore pu prouver le lien à l’heure actuelle.
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Et maintenant ?
Nous connaissons le rôle important d’une mauvaise alimentation, d’une trop forte consommation d’alcool ou bien encore du tabac dans le développement de certains cancers. Mais comment ceci peut-il se développer chez des enfants qui ne sont, a priori, pas en âge de fumer ou boire ? A défaut d’établir un lien de cause à effet évident entre facteurs environnementaux et cancer, il est important de noter les progrès effectués dans les thérapies actuelles. Aujourd’hui près de 80% des enfants touchés par un cancer n’ont plus de signes de la maladie à 5 ans.
Arnaud CHRETIEN, Etudiant en 5ème année de pharmacie
– International incidence of childhood cancer, 2001-10: a population-based registry study. thelancet.com. 8 juin 2018.
Cher Arnaud,
Votre article fort intéressant dans son ensemble, m’interroge quand même un peu. Vous affirmez que l’augmentation du nombre de cancers chez l’enfant est due au progrès du diagnostic, vous prenez l’exemple de l’IRM. Or, l’IRM ne peut pas découvrir un cancer s’il n’existe pas. Il permet juste de faire un diagnostic plus précocement. Mais alors, même si en 1960 il n’y avait pas ces nouvelles technologies, pensez-vous que les médecins passaient à côté ? Mais pas du tout, ils étaient d’excellents cliniciens et étaient capables de faire les diagnostics précis, même si ceux-ci étaient faits beaucoup plus tardivement, malheureusement pour le malade dont les chances de survie étaient diminuées. Ce que je veux dire
c’est que un cancer, décelé au 20ème jour ou au 100ème ou au 300ème jour reste toujours un seul et même cancer. Ce qui diffère beaucoup, par contre, et qui est un vrai progrès, ce sont les chances de guérison du fait du diagnostic précoce et des nouveaux traitements plus efficaces. UN cancer de 1960 de diagnostic tardif induisait la même incidence statistique que le même cancer de 2020 de diagnostic très précoce. UN = UN.
S’il y a une augmentation du nombre, il faut chercher dans d’autres facteurs, vous citez l’environnement, les virus, je dirais les produits chimiques, l’alimentation, les modes de vie actuels, et tellement d’autres causes possibles. Voilà ce que je crois, si vous me répondez, j’en serai ravi. Bien cordialement
Bonjour,
Arnaud ne fait plus partie de l’équipe éditoriale, mais nous sommes tout à fait d’accord avec votre analyse : l’augmentation du nombre de cas ne s’explique pas par l’amélioration de la détection due à un diagnostic précoce (sauf si les patients décèdent avant d’avoir été diagnostiqués) mais bien par des facteurs environnementaux, comme ceux que vous citez !
Nous vous souhaitons une bonne journée,
L’équipe Santé sur le Net
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