Exposition à l’amiante : un risque avéré de cancers des ovaires et du larynx

À l’heure actuelle, les cancers broncho-pulmonaires et de la plèvre sont les seuls reconnus comme maladies professionnelles en lien avec une exposition à l’amiante. Pourtant, les travailleurs exposés à l’amiante risquent de souffrir d’autres maladies comme les cancers du larynx et des ovaires. Telle est la conclusion d’une expertise scientifique menée par l’Anses. On fait le point.

Exposition à l’amiante : un enjeu de santé publique

L’exposition à l’amiante représente un véritable problème de santé publique et de santé au travail. Grandement toxique, ce matériau a largement été employé dans pléthore de bâtiments et d’équipements français jusqu’à son interdiction en 1997. Depuis, le nombre de cancers induits par l’amiante ne cesse d’augmenter.

De nombreux secteurs d’activités et métiers sont en effet encore concernés par une exposition professionnelle à l’amiante. Parmi ceux exposant le plus de travailleurs, le BTP, qui implique des travaux de retrait et d’intervention sur des matériaux et produits contenant de l’amiante. Les professionnels de l’élimination de déchets, du transport, ainsi que les travailleurs agricoles sont également exposés de même que les salariés de l’administration, de l’enseignement ou de la santé travaillant dans un environnement contaminé.

Un lien avéré entre exposition à l’amiante et cancers des ovaires et du larynx

A l’heure actuelle, l’amiante est couramment associé aux maladies de l’appareil respiratoire. Les cancers broncho-pulmonaires et de la plèvre sont d’ailleurs les seuls cancers reconnus comme maladies professionnelles en lien avec une exposition à l’amiante.

Ces cancers ne sont pourtant pas les seuls pouvant être provoqués par les fibres d’amiante. Il y a dix ans, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait en effet reconnu le lien causal avéré entre les cancers des ovaires et du larynx et l’exposition à l’amiante. Or, ce lien reste aujourd’hui très peu connu des patients et des professionnels de santé. Preuves en sont, le manque de déclaration et le manque de reconnaissance de ces maladies en tant que maladies professionnelles associées à l’exposition à l’amiante.

À savoir ! Entre 2010 et 2020, la Caisse nationale d’assurance maladie a recensé seulement 130 demandes de reconnaissance du cancer du larynx et 6 demandes de reconnaissance de cancers des ovaires en tant que maladies professionnelles associées à l’exposition à l’amiante.

Forts de ce constat, les pouvoir publics ont demandé à l’Anses de fournir les preuves scientifiques. Ces preuves permettraient d’envisager la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces deux cancers.

Les recommandations de l’Anses

Création de tableaux de maladies professionnelles

Sur la base des nombreuses études scientifiques ayant démontré un lien entre les cancers du larynx et des ovaires et l’exposition à l’amiante, cette expertise a conclu qu’un lien causal était bien avéré. L’Anses plaide donc en faveur de la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces deux cancers. Selon l’Agence, la création de ces tableaux permettrait de :

• Reconnaître automatiquement le lien entre la maladie et l’exposition professionnelle dès lors que le demandeur remplit les conditions définies par le tableau.
• Faciliter l’indemnisation des patients.

À savoir ! Une maladie est dite « professionnelle » si elle est la conséquence directe de l’exposition d’un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle et si elle figure dans un des tableaux du régime général ou agricole de la Sécurité sociale.

Autres recommandations

Les experts de l’Anses ont d’ores et déjà émis leurs recommandations quant aux conditions d’exposition à l’amiante. Leurs recommandations concernent également les méthodes de diagnostic des maladies pouvant servir de support à la création des tableaux. L’étape suivante sera l’avis des commissions de maladies professionnelles. Ces avis permettent à l’État de décider ou non de la création de ces tableaux dans les deux régimes (général et agricole).

Par ailleurs, le groupe d’experts estime qu’une meilleure traçabilité des expositions professionnelles des femmes à l’amiante est nécessaire. Peu représentées dans le secteur du BTP, les femmes sont en effet bien plus nombreuses dans le secteur de l’administration.

L’Agence plaide enfin pour que les médecins soient mieux informés. Elle plaide également pour que les travailleurs exposés souffrant d’un cancer du larynx ou des ovaires soient accompagnés dans leurs démarches de déclaration et de reconnaissance en maladies professionnelles.

Déborah L., Docteur en Pharmacie