La maladie de Parkinson est une maladie dont les facteurs de risque chez les femmes restent encore mal connus. Et si l’exposition hormonale à laquelle elles sont confrontées pendant toute leur vie pouvait avoir un impact dans le développement de la maladie de Parkinson. C’est l’hypothèse suggérée par des chercheurs français. On fait le point.
La maladie de Parkinson : des mécanismes qui restent à élucider
Touchant plus de 10 millions de personnes à travers le monde, la maladie de Parkinson désigne une maladie neurodégénérative d’évolution progressive liée à des facteurs génétiques et environnementaux. Elle touche plus fréquemment les hommes que les femmes, chez qui elle demeure d’ailleurs encore mal connue. Il faut dire que les études ayant été menées sur des facteurs de risques spécifiquement féminins restent peu nombreuses et souvent contradictoires.
Dans ce contexte, une équipe de scientifiques de l’Inserm, de l’Université Paris-Saclay et de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines avec l’institut Gustave Roussy s’est penchée sur le sujet. Les chercheurs ont en effet souhaité étudier l’impact de l’exposition hormonale liée à la vie reproductive de la femme sur le risque de survenue de la maladie de Parkinson. Sachant que l’exposition hormonale englobe ici à la fois l’exposition hormonale naturelle (puberté, cycles menstruels, grossesses, ménopause) et l’exposition hormonale médicale (traitements contraceptifs, traitements pour la fertilité, traitements post-ménopausiques).
Lien entre exposition hormonale des femmes et risque de maladie de Parkinson
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont exploité les données de la cohorte E3N qui a suivi près de 100 000 femmes pendant plus de 20 ans. Parmi elles, les chercheurs ont identifié près de 1200 femmes ayant fait l’objet d’un diagnostic de maladie de Parkinson au cours de leur suivi. Ils ont ensuite comparé leurs caractéristiques à celles d’autres femmes de la cohorte grâce à un questionnaire relatif à leur exposition hormonale et aux données liées à la reproduction.
Après analyse des données, les chercheurs ont pu observer un risque accru de développer la maladie de Parkinson :
- De + 21 % pour les femmes dont les premières règles sont apparues avant 12 ans et de + 18 % pour les femmes dont les premières règles sont apparues après 14 ans.
- De + 22 % au deuxième enfant et de + 30 % à partir du troisième enfant.
- De + 28% en cas de ménopause artificielle par rapport à une ménopause naturelle surtout avant 45 ans (+ 39 % de risque par rapport à une ménopause survenue après 45 ans) ou lorsqu’elle est la conséquence d’une ablation des deux ovaires avec ou sans retrait de l’utérus (+ 31 % par rapport à une ménopause naturelle).
- De + 80% avec le clomifène (traitement de fertilité pour stimuler l’ovulation).
Les scientifiques ont par ailleurs observé un effet cumulatif pour ces critères de risque. De ce fait, les femmes ayant vécu une puberté précoce ou tardive, plusieurs grossesses ainsi qu’une ménopause artificielle et précoce étaient les plus à risque de développer la maladie de Parkinson. Quant au fait d’allaiter, d’avoir des recours aux contraceptifs oraux ou d’avoir une durée de vie reproductive plus ou moins longue, il n’a pas été montré d’association avec la survenue de la maladie de Parkinson.
Vers une meilleure prévention au sein des groupes à risque ?
Parus dans le journal Brain, ces résultats soutiennent la thèse de l’impact de l’exposition hormonale au cours de la vie des femmes sur le développement de la maladie de Parkinson. S’agissant de l’âge des premières règles, l’un des auteurs de l’étude précise que la démonstration d’une telle association avec la maladie de Parkinson est inédite. Elle pourrait s’expliquer par une interférence au moment de la puberté entre les hormones sexuelles et des circuits neuronaux impliqués dans le développement de la maladie de Parkinson. Quant au rôle neuroprotecteur des œstrogènes, déjà démontré dans d’autres études, il semble de nouveau confirmé par cette nouvelle étude avec le risque augmenté de maladie de Parkinson en cas de ménopause artificielle. Cette dernière provoque en effet une chute brusque des niveaux d’œstrogènes censés être encore élevés avant l’âge de 45 ans.
Les auteurs de cette étude, précisent néanmoins que ces conclusions devront être confirmées par des études plus approfondies et de plus grande ampleur. L’objectif à terme étant de déterminer les groupes à risque et de leur proposer le plus tôt possible des stratégies de prévention ciblée.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– La vie reproductive des femmes et la prise de traitements à base d’hormones pourraient avoir un impact sur le risque de développer la maladie de Parkinson. presse.inserm.fr. Consulté le 20 février 2023