Une molécule capable de ralentir la maladie de Parkinson ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 6 novembre 2021

Freiner la progression de la maladie de Parkinson, c’est possible ? C’est ce que suggèrent des chercheurs américains qui viennent de développer un médicament capable de bloquer une protéine impliquée dans l’évolution de la maladie de Parkinson.

freiner la maladie de Parkinson

La maladie de parkinson : une progression inéluctable

La maladie de Parkinson désigne une pathologie neurodégénérative qui se caractérise par la destruction progressive des neurones chargés de produire la dopamine. Or, il faut savoir que la dopamine est un neurotransmetteur indispensable au contrôle des mouvements du corps. En l’absence de dopamine dans le cerveau, le patient pourra ressentir des symptômes moteurs tels qu’une lenteur à initier les mouvements, une raideur musculaire ou encore des tremblements au repos.

Touchant plus de 10 millions de personnes à travers le monde et plus de 200 000 personnes en France, cette maladie est diagnostiquée en moyenne à l’âge de 58 ans. Si les traitements actuels permettent de contrôler les symptômes moteurs associés à la maladie, ils sont cependant incapables de stopper la progression de la dégénérescence des neurones.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs américains de la Medical University of South Carolina vient de développer un médicament capable de bloquer une protéine impliquée dans l’évolution de la maladie de Parkinson.

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Bach1 : une protéine impliquée dans l’évolution de la maladie

L’objectif consistait à explorer les mécanismes neurologiques sous-jacents de cette maladie. Et c’est en analysant post-mortem des cerveaux de patients parkinsoniens, que les scientifiques ont observé des niveaux élevés d’une certaine protéine appelée Bach1. Le même phénomène a été observé dans des modèles précliniques de la maladie. Ce constat suggérait ainsi que des niveaux élevés de Bach1 pourraient contribuer à la physiopathologie de la maladie de Parkinson.

Pour confirmer cela, les chercheurs ont réduit les taux de protéine Bach1 dans un modèle de souris parkinsoniennes. Ils ont alors pu observer que les neurones producteurs de dopamine avaient été protégés de certaines voies de stress oxydatif destructrices. Or dans l’organisme, il existe une protéine chargée d’activer l’expression de plus de 250 gènes impliqués dans la protection des cellules contre ces facteurs de stress : la protéine Nrf2.

Pour comprendre comment la réduction des taux de Bach1 protégeait les neurones du stress accumulé, les chercheurs ont ensuite analysé l’intégralité du génome du cerveau de souris appauvries en Bach1 et examiné quels gènes étaient activés. Ils ont ainsi découvert que la protéine Bach1 empêche l’activation des gènes protecteurs qui sont sous le contrôle de Nrf2, mais régule également l’expression de nombreux autres gènes non directement régulés par la protéine Nrf2. Tout l’intérêt consisterait donc à inhiber la protéine Bach1 tout en activant la protéine Nrf2.

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Bloquer Bach1 pour freiner la maladie de Parkinson

Forts de ce constat, les scientifiques ont développé, en collaboration avec la société vTv Therapeutics, un médicament appelé HPPE capable d’inhiber la protéine Bach1 et d’activer la protéine Nrf2 in vitro. Testé sur un modèle de souris, le HPPE a démontré son efficacité en protégeant les neurones par activation des gènes antioxydants et désactivation des gènes pro-inflammatoires, que ce soit avant ou après l’apparition des premiers symptômes de la maladie chez les rongeurs !

Récemment publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, ces résultats pré-cliniques laissent entrevoir un futur prometteur pour le HPPE dans le traitement de la maladie de Parkinson. Certes, il existe déjà sur le marché des activateurs de Nrf2, mais selon les chercheurs, de par son mécanisme d’action différent, le HPPE serait plus efficace et moins générateur d’effets secondaires.

Prochaine étape pour les scientifiques ? Approfondir les recherches pour évaluer l’impact de ce traitement à base d’HPPE sur le long terme. L’équipe ambitionne également d’étudier la modulation de ces mécanismes sur d’autres modèles plus chroniques de maladie de Parkinson, d’autres types de cellules cérébrales voire d’autres types de démences. Affaire à suivre !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Deterioration of brain cells in Parkinson’s disease is slowed by blocking the Bach1 protein, preclinical study shows. eb.musc.edu. Consulté le 4 novembre 2021.
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