Maladie de Parkinson : vers un dépistage précoce ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 24 mars 2022

La maladie de Parkinson fait l’objet d’un diagnostic souvent tardif car il s’appuie sur des signes cliniques qui ne se manifestent qu’une fois la pathologie installée. Et si un dépistage précoce de la maladie de Parkinson était possible ? C’est ce que suggèrent des chercheurs. Ils viennent de mettre au point un test sanguin pour diagnostiquer la maladie, même à un stade débutant.

dépistage de la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson : un diagnostic tardif

Touchant plus de 10 millions de personnes à travers le monde et plus de 200 000 personnes en France, la maladie de Parkinson se caractérise par la destruction progressive des neurones chargés de produire la dopamine.

À savoir ! La dopamine est un neurotransmetteur indispensable au contrôle des mouvements du corps. En l’absence de dopamine, le patient ressentira des symptômes moteurs comme une lenteur à initier les mouvements, une raideur musculaire ou encore des tremblements au repos.

Bien que répandue, cette pathologie neurodégénérative reste aujourd’hui difficile à déceler et son diagnostic plutôt tardif. Déclaré en moyenne à l’âge de 58 ans, il repose uniquement sur la présence de symptômes spécifiques qui ne se manifestent souvent qu’après des années d’évolution silencieuse de la maladie.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs français vient de développer un test sanguin innovant. Ce test serait assez précis pour diagnostiquer la maladie dès les premiers stades de son évolution. Ainsi, il permettrait un dépistage précoce.

La découverte d’un biomarqueur

A l’origine de leurs travaux réside la volonté de mieux caractériser les stades précoces de la maladie de Parkinson. Vu qu’il n’existe à ce jour aucun traitement curatif, les scientifiques souhaitaient en décrypter les tout premiers évènements déclencheurs. Ils ont ainsi eu recours à des modèles animaux mimant spécifiquement les stades précoces de la maladie. La littérature scientifique décrit, chez l’animal, des modifications du métabolome dans les phases avancées de la maladie. Les chercheurs se sont alors naturellement intéressés à l’état du métabolome dans les phases précoces de son évolution.

À savoir ! L’étude du métabolome correspond à l’analyse globale de la composition en métabolites (petites molécules organiques intermédiaires ou issues du métabolisme) retrouvés dans un échantillon biologique. Le métabolome varie chez une même personne en fonction de son âge ou de ses pathologies. Il reflète les processus biologiques ayant lieu dans son organisme.

Ils ont ainsi découvert que les modifications du métabolome associées à la maladie de Parkinson se manifestaient dès les stades précoces ! Certaines  de ces modifications ont d’ailleurs été retrouvées de façon très reproductible chez tous les animaux étudiés. S’est alors posée la question de la faisabilité d’une utilisation diagnostique de cette approche chez l’Homme.

Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont comparé les données issues de trois modèles animaux aux phases précoces et tardives de la maladie avec celles issues de l’analyse d’échantillons sanguins prélevés chez des patients parkinsoniens. Grâce à ces analyses, les scientifiques ont pu identifier un biomarqueur composé de 6 métabolites spécifiques (acétoacétate, bétaïne, BHB, créatine, pyruvate et valine).

L’espoir d’un dépistage précoce de la maladie de Parkinson

Ce biomarqueur présente un double intérêt :

  • Identifier les animaux en phase précoce de la maladie
  • Distinguer les personnes atteintes des personnes saines, à partir d’une simple prise de sang et avec une précision de 82,6 % !

Forts de ce constat, les scientifiques supposent que ce biomarqueur pourrait se révéler efficace dans le diagnostic des formes précoces de la maladie chez l’être humain. Ils ont d’ailleurs déposé un brevet pour protéger cette technique d’analyse sanguine par résonance magnétique nucléaire.

Prochaine étape pour les chercheurs ? Valider cette approche sur des échantillons issus de patients dont la maladie était silencieuse au moment du prélèvement, mais s’est exprimée ensuite. En cas de résultats concluants, les scientifiques ambitionnent d’utiliser cette technique rapide, simple et peu chère en clinique de routine. Ce serait un moyen simple pour établir un dépistage précoce de la maladie de Parkinson chez des patients à risque. « Une analyse biologique qui permettrait de poser le diagnostic de façon formelle serait une aide précieuse pour les médecins. Si cette analyse était en outre assez sensible pour repérer la maladie dès ses premiers stades, elle pourrait aider au développement de médicaments curatifs, qui cibleraient les mécanismes d’évolution de la maladie », concluent les auteurs de l’étude. Une véritable lueur d’espoir dans la recherche de traitements visant à stopper la dégénérescence neuronale !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– A metabolic biomarker predicts Parkinson’s disease at the early stages in patients and animal models. jci.org. Consulté le 22 mars 2022.
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