Si la tuberculose est traitée la plupart du temps de façon efficace à l’aide d’un traitement antibiotique de référence, ce dernier est parfois inefficace contre certaines bactéries. On parle alors de tuberculose multi-résistante qui nécessite un traitement plus lourd et surtout beaucoup plus long. Et si une nouvelle molécule permettait de traiter plus efficacement la tuberculose multi-résistante ? Focus sur les bénéfices de ce nouveau traitement dont le prix élevé pourrait cependant freiner sa dispensation.
Qu’est ce que la tuberculose multi-résistante ?
La tuberculose est une maladie infectieuse qui tue 1,5 millions de personnes chaque année dans le monde. Elle est due à une bactérie qui touche le plus souvent les poumons et s’accompagne de symptômes tels que la toux, des expectorations sanguinolentes, des douleurs thoraciques, un état de faiblesse, une perte d’appétit, de la fièvre ainsi que des sueurs nocturnes. Sa transmission d’une personne à l’autre se fait par voie aérienne lorsque la personne infectée tousse, éternue ou crache.
La tuberculose se traite au moyen de quatre antibiotiques pendant 2 mois suivis de deux antibiotiques pendant 4 mois. Si le traitement n’est pas correctement suivi par le patient, la bactérie devient résistante à un ou plusieurs antibiotiques. Le patient développe alors une tuberculose résistante qu’il risque de transmettre à son entourage.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2016, 490 000 personnes ont contracté une tuberculose multi-résistante dans le monde. A ce chiffre s’ajoutent 110 000 autres patients présentant une tuberculose résistante à la rifampicine et relevant également du traitement de la tuberculose multi-résistante. Parmi les 117 pays touchés, l’Inde, la Chine et la Fédération de Russie concentrent presque la moitié des cas répertoriés.
À savoir ! La tuberculose multi-résistante désigne une résistance simultanée de la bactérie responsable de la tuberculose aux deux principaux antibiotiques efficaces. Lorsque la souche est résistante à beaucoup plus d’antibiotiques, on parle alors de tuberculose « extra-résistante ». Le traitement d’une tuberculose multi ou extra-résistante associe le plus souvent 5 à 6 antibiotiques auxquels la souche est sensible pour une durée de 18 à 24 mois.
A noter que le traitement d’une tuberculose multi-résistante est beaucoup plus lourd et long que celui d’une tuberculose sensible du fait que les molécules sont moins efficaces. La prévention est donc primordiale pour limiter le développement et la dissémination des souches de tuberculose multi-résistante. Elle consiste à traiter correctement les tuberculoses sensibles (nombre d’antibiotiques, posologie, durée) et à rechercher systématiquement, en cas de facteurs de risque, une éventuelle résistance de la souche avant la mise en place du traitement.
À savoir ! Les principaux facteurs de risque d’une tuberculose résistante sont un antécédent de traitement antituberculeux, vivre au sein d’une région du monde présentant un taux élevé de tuberculose résistante (essentiellement les pays de l’ex-union soviétique) ou encore le contact avec une personne ayant elle-même une tuberculose multi-résistante.
Dans ce contexte, la compagnie pharmaceutique Janssen Pharmaceutica commercialise un nouveau traitement de la tuberculose multi-résistante.
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Sirturo, l’espoir d’un nouveau traitement
La bédaquiline, appartenant à la famille des diarylquinoléines, est le principe actif de ce nouvel antibiotique nommé Sirturo. Cette molécule a été recommandée par l’OMS et le Haut Conseil de la santé publique pour la prise en charge de la tuberculose multi-résistante en association à plusieurs autres médicaments antituberculeux.
Une étude réalisée en Biélorussie, l’un des pays où le taux de tuberculose multi-résistante est le plus élevé, a en effet démontré des résultats très encourageants. Alors qu’en général, 55% des patients atteints de tuberculose multi-résistante peuvent être guéris, les résultats ont montré que sur 181 patients, 168 ont connu une amélioration de leur état de santé et 144 ont été totalement guéris.
Bien que ce nouveau traitement engendre des effets secondaires importants voire même un surcroît de mortalité observé dans plusieurs études et encore inexpliqué à ce jour, les dernières données publiées sur le sujet semblent rassurantes :
« Globalement, notre étude confirme l’efficacité qu’a pu montrer la bédaquiline lors de précédentes études et infirme les inquiétudes autour des dangers des effets secondaires, a déclaré la chercheuse Alena Skrahina, qui a dirigé l’étude biélorusse. Si tous les patients de l’étude ont souffert d’effets secondaires, ils ont été moins sévères qu’attendu. »
Seule ombre au tableau de ce nouveau traitement prometteur : son prix. D’après l’organisation Médecins sans frontière, un traitement de 18 mois par bédaquiline coûterait 2 000 dollars et jusqu’à 9 000 dollars s’il doit être combiné à un autre traitement (le delamanide) pour une durée de 20 mois. Ce qui représente une augmentation de 500% par rapport au traitement standard actuel ! L’organisation non gouvernementale incite ainsi le laboratoire fabricant à réduire de moitié le prix de ce nouveau traitement, afin que ses bénéfices soient rendus accessibles au plus grand nombre dans l’espoir d’éradiquer bientôt cette maladie mortelle …
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Tuberculose pulmonaire multi-résistante en France. Haute Autorité de Santé. Consulté le 6 mars 2018.