Comment éviter les fuites urinaires liées au sport ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 décembre 2016

incontinence urinaire

Une femme sur 4 pratique régulièrement une activité sportive et une sur 5 souffre d’incontinence urinaire d’effort, généralement liée au sport. Comment prévenir cette incontinence ? Santé sur le Net s’est penché sur la question.

Sport et incontinence urinaire

Les autorités de santé assurent la promotion du sport, mettant en avant les nombreux effets bénéfiques du sport sur la santé. Mais dans certains cas, le sport peut aussi s’avérer nocif, lorsque le sport est mal choisi ou mal pratiqué. Ainsi, la pratique intensive du sport est reconnue par la Haute Autorité de Santé en tant que facteur de risque d’incontinence urinaire. Certains exercices entraînent une hyperpression dans l’abdomen, qui peut dépasser la capacité du sphincter urinaire.

À savoir ! L’incontinence urinaire désigne « la plainte de toute fuite involontaire d’urine » selon la Société Internationale sur la Continence. L’incontinence urinaire d’effort est l’incontinence urinaire provoquée par un effort physique. Elle ne présage pas de la survenue d’une incontinence urinaire liée à l’âge.

Le risque d’incontinence urinaire liée au sport est majoré pour certains sports et chez les femmes pratiquant le sport de manière intensive, à l’image des athlètes de haut niveau dont la moitié déclare souffrir d’incontinence urinaire d’effort. Le risque d’incontinence urinaire est également proportionnel au nombre d’enfants mis au monde par les femmes.

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L’incontinence urinaire d’effort : un problème féminin

Près de 20% des femmes souffrent d’incontinence urinaire d’effort, en particulier les femmes entre 55 et 59 ans. La pratique du sport et surtout les mauvais comportements associés au sport sont directement incriminés :

  • Le choix d’un sport inadapté ;
  • Une mauvaise pratique du sport (pratique inadaptée à la condition physique) ;
  • Une restriction alimentaire associée à un sport intensif.

D’où vient le phénomène d’incontinence urinaire d’effort ? Chez les femmes, l’incontinence résulte d’une sollicitation trop importante du plancher pelvien ou périnée. Lors d’un effort physique, une hyperpression peut s’exercer sur la vessie et dépasser la capacité du sphincter vésical, entraînant la fuite urinaire.

À savoir ! Le périnée ou plancher pelvien est un ensemble de muscles situés au niveau du pelvis (bas du ventre). Chez la femme, il assure le maintien de tous les organes dans l’abdomen et contrôle l’efficacité des sphincters (anal et vésical).

Les sauts répétés ou la course à pied sollicitent ainsi fortement le périnée. Par ailleurs, l’excès d’exercices abdominaux sans développement associé à de la musculature périnéale conduit à un déséquilibre entre une sangle abdominale puissante et un plancher pelvien insuffisamment musclé. Ce déséquilibre peut engendrer un phénomène d’incontinence. À l’inverse, l’incontinence touche peu les femmes pratiquant l’équitation ou la natation, deux sports qui sollicitent aussi bien la sangle abdominale que le périnée.

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Inutile d’arrêter le sport !

Les effets bénéfiques d’une activité sportive régulière ne sont plus à démontrer. Mais les femmes devraient-elles choisir entre le sport-santé et le risque d’incontinence urinaire ? La moitié des femmes connaissent le lien entre pratique sportive et fuites urinaires. Le sujet reste néanmoins tabou ! Huit femmes sur 10 considèrent ce sujet délicat à évoquer avec leur entourage et la moitié des sportives intensives trouvent difficile d’en parler à leur médecin. Ces chiffres expliquent l’insuffisance de prise en charge de l’incontinence urinaire d’effort.

Pourtant, un choix adapté du sport et l’adoption de quelques mesures de prévention permettent la plupart du temps de concilier sport et santé, en minimisant le risque de fuites urinaires. Tout d’abord, grâce à des études épidémiologiques, il est possible de classer les sports en fonction de leur risque d’incontinence urinaire :

  • Les sports à risque élevé : trampoline, gymnastique acrobatique, aérobic, badminton, sauts de haies, basket-ball, volley-ball, handball, course à pied, arts martiaux ;
  • Les sports à risque modéré : tennis, ski ;
  • Les sports à risque faible : marche, natation, vélo, roller, golf.

Ensuite, les femmes ont besoin d’être mieux informées sur :

  • Les sports à risque ;
  • La structure et le rôle du périnée ;
  • L’existence de solutions contre l’incontinence urinaire d’effort.

L’incontinence urinaire d’effort n’est pas irréversible. Des techniques de rééducation, basées sur des exercices favorisant l’élasticité et la résistance du périnée, peuvent réduire le risque de fuites urinaires. Ces exercices sont d’ailleurs bien connus des femmes qui ont déjà accouché. Ils permettent d’apprendre aux femmes à prendre conscience de leur musculature périnéale, à la fortifier et à être capable de la contracter volontairement. Dans les formes les plus sévères, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire.

Mieux informer, prévenir, dépister et traiter l’incontinence urinaire d’effort minimise le risque d’abandon du sport suite à des fuites urinaires. Les femmes doivent avoir la possibilité de pratiquer une activité physique bénéfique pour leur santé et leur bien-être, et ce sans craindre les fuites urinaires.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie


Source :
– Jean-Baptiste, J. et al. Fuites urinaires et sport chez la femme. 2010.0Prog Urol 20, 7, 483-490