Grossesse : vers un dépistage systématique du cytomégalovirus ?
La plupart des infections à cytomégalovirus (CMV) sont bénignes mais certaines peuvent se révéler lourdes de conséquences pour le fœtus si elles surviennent pendant la grossesse. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande ainsi la mise en place d’un dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) au cours du premier trimestre de grossesse. On fait le point.
Infection à CMV : des risques pour la santé de l’enfant à naître
Les infections au cytomégalovirus (CMV) sont relativement fréquentes. On estime qu’en France, près d’une femme sur deux entre 15 et 49 ans a déjà été exposée au CMV. Et ce taux atteint 90 % dans les territoires ultramarins. Il faut dire que le cytomégalovirus peut se transmettre aisément par contact direct avec les fluides corporels infectés comme ceux des jeunes enfants (salive, sécrétions respiratoires, urines, larmes, sécrétions cervico-vaginales, sperme et lait maternel).
Dans 90 % des cas, l’infection au CMV passe inaperçue et se révèle sans conséquence pour la mère et le fœtus. Cependant, dans de rares cas, elle peut être à l’origine de complications graves pour le fœtus avec des lésions cérébrales, des troubles auditifs et des retards moteurs ou cognitifs. Et ce risque de complications pour le fœtus est d’autant plus important que l’infection à CMV survient en début de grossesse.
De l’importance de déterminer le statut sérologique de la mère
Jusqu’à présent, le dépistage des infections à CMV durant la grossesse n’était pas préconisé de façon systématique. En cause ? Un manque de preuves pour en soutenir le bénéfice. Ce dépistage était néanmoins réalisé chez un tiers des femmes enceintes mais de façon hétérogène sur notre sol. Dans ce contexte, le ministère de la Santé a sollicité la Haute Autorité de santé pour qu’elle rende un avis sur la pertinence d’un dépistage systématique du CMV à l’échelle nationale.
Tenant compte de l’évolution des connaissances, la HAS préconise désormais un dépistage systématique au premier trimestre de grossesse pour toutes les femmes enceintes dont le statut immunitaire vis-à-vis du CMV est inconnu ou négatif. Cette stratégie de détection d’une infection à CMV au cours de la grossesse s’appuierait sur une prise de sang dosant les anticorps (IgG et IgM) et sur des tests d’avidité des IgG avec des exigences de fiabilité élevées. L’objectif affiché ? Evaluer le statut immunitaire de la femme vis-à-vis du CMV et déterminer si l’infection est ancienne ou récente (et donc potentiellement dangereuse pour le fœtus).
Vers un dépistage systématique du cytomégalovirus ?
Les femmes n’ayant jamais été infectées par le CMV devront s’astreindre à des mesures d’hygiène préventives. Quant à celles dont le statut sérologique révèle une primo-infection récente, un traitement préventif (le valaciclovir) serait proposé avec une surveillance renforcée. Selon la HAS, ce traitement exige la mise en place d’une hydratation renforcée pour limiter les effets indésirables potentiels sur les reins. Au bout de trois ans, un bilan devra être réalisé pour évaluer son efficacité.
L’instance recommande également de mettre en place un suivi, de mener des études complémentaires et de réévaluer cette mesure au bout de 3 ans pour pouvoir en apprécier la pertinence et envisager sa reconduction.
En pratique, la réalisation d’un tel dépistage systématique à l’échelle nationale suppose de former les professionnels de santé, d’harmoniser les protocoles de suivi existants et d’accompagner les femmes enceintes tout en leur délivrant des informations claires et vérifiées.
– Grossesse: le dépistage du CMV devient systématique. www.lequotidiendupharmacien.fr. Consulté le 25 juin 2025.
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