Malgré les mesures prises par le gouvernement pour faire face au débordement des hôpitaux, ces derniers ne désemplissent pas pour autant ! L’hospitalisation à domicile (HAD) est une proposition parmi tant d’autres pouvant atténuer ce problème. Un médecin pédiatre du pôle mère-enfant de l’unité HAD de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) lance un avertissement sur cette pratique encore peu étendue dans la branche pédiatrique.
Hospitaliser les enfants en HAD, pour quoi faire ?
Pour les enfants, les adolescents et leur famille, une hospitalisation peut être ressentie comme une épreuve éprouvante où le stress et l’anxiété qui les accaparent ne favorisent pas de meilleure guérison.
Dans la mesure du possible, les médecins peuvent alors proposer aux parents une alternative pour le bien-être psychologique de leur(s) enfant(s).
L’HAD Pédiatrique est une forme d’hospitalisation qui s’adresse à tout enfant de quelques mois à 18 ans et dont la pathologie est compatible avec un suivi à domicile.
Comme son nom l’indique, il s’agit donc d’un concept où l’hospitalisation du malade est assurée à son domicile, pour une période relativement limitée et révisable en fonction de l’état de santé de l’enfant.
Selon la réglementation (décret du 2 octobre 1992), un enfant peut bénéficier de l’HAD Pédiatrique sous certaines réserves :
- Si son lieu de résidence est situé sur la zone d’intervention autorisée de l’HAD Pédiatrique.
- Si son état nécessite des soins médicaux et paramédicaux, de type hospitalier, continus et coordonnés. L’HAD Pédiatrique concerne des enfants atteints de pathologies graves, aiguës ou chroniques, évolutives et/ou instables qui, en l’absence d’un tel service, seraient hospitalisés en établissement de santé traditionnel.
Bien que le recours à l’HAD Pédiatrique reste encore très minoritaire à l’échelle nationale, cette pratique présente pourtant de nombreux atouts, et ce, à différents niveaux :
- D’un point de vue épidémiologique, la prise en charge en HAD Pédiatrique serait bénéfique pour prévenir des éventuelles épidémies ou infections courantes intervenant sur le lieu hospitalier (exemples : bronchiolites, gastro-entérites fréquentes chez les nourrissons et enfants).
- D’un point de vue financier, ce type de prise en charge présente un coût moyen journalier moins important qu’une hospitalisation dite conventionnelle.
- Et enfin, d’un point de vue psychique, un véritable confort est particulièrement fourni par ce type de soin et, qui se ressent très vite sur le comportement de nos petits malades.
Les familles ayant déjà eu recours à l’HAD Pédiatrique sont plus que satisfaites de cette alternative puisqu’elles y perçoivent très nettement une amélioration du rythme et de la qualité de vie ainsi qu’un meilleur respect de la vie familiale.
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Données actuelles de l’HAD pédiatrique
A ce jour, bien que l’intérêt porté à ce type de soin soit très encourageant, plusieurs études (dont celles menées par le Cabinet de Conseil et d’Audit, Stratelys), signale que l’activité de la pédiatrie en HAD ne représente malheureusement que 5% de l’activité globale.
Plusieurs freins se dressent à son développement dont :
- Des problèmes de confiance : certains services pédiatriques sont méfiants sur le fait de confier des enfants en HAD.
- Une implication trop faible des pouvoirs politiques à s’intéresser à ce type de soins.
À noter ! Sur les 300 établissements HAD présents en France, seulement la moitié prennent en charge des nourrissons et des enfants.
Lors du Congrès de la Société française de pédiatrie en mai dernier, à Marseille, les médecins ont affiché leur volonté de vouloir améliorer la prise en charge de ces jeunes patients mais aussi de continuer à alerter la communauté et le gouvernement sur la nécessité de cette pratique, encore peu courante.
Au sein de l’hôpital Robert-Debré à Paris, un médecin pédiatre, Dr Edith Gatbois, s’est impliqué dans l’avancement de ce processus en participant, en 2012, à la création d’un service HAD Pédiatrique, nommé Epiver.
Initialement, ce service fonctionnait en collaboration avec le service général de pédiatrie de l’hôpital Robert-Debré. Désormais, il s’est rattaché à d’autres hôpitaux de l’AP-HP en vue de fluidifier le parcours d’hospitalisation des jeunes patients, surtout nombreux lors des périodes d’épidémie.
Ainsi, avec le succès que rencontre cette nouvelle organisation, Epiver, les médecins ont espoir que cette pratique puisse enfin se répandre dans d’autres points géographiques de France.
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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé