La vaginose bactérienne constitue un problème mondial de santé des femmes. En Afrique subsaharienne, 20 à 50 % des femmes en souffriraient selon les estimations. Les hommes, et en particulier le microbiote pénien, pourrait-il jouer un rôle dans le développement de la vaginose ? Une récente étude, publiée dans la revue scientifique Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, suggère effectivement un rôle potentiel des hommes dans cette affection.
Vaginose bactérienne et microbiote vaginal
La vaginose bactérienne correspond à un déséquilibre de la flore microbienne, ou microbiote, du vagin. En temps normal, cette flore est dominée par des bactéries lactiques ou lactobacilles, les bacilles de Döderlein, qui maintiennent le pH vaginal et protègent la sphère génitale des infections. En cas de vaginose, les bactéries lactiques disparaissent, ce qui entraîne la multiplication de bactéries anaérobies, et en particulier de Gardnerella vaginalis.
Dans le monde, l’incidence des vaginoses bactériennes reste élevée et peut être à l’origine de complications chez les femmes (infections de la sphère génitale, augmentation du risque de maladies sexuellement transmissibles (MST), complications au cours de la grossesse, …). La vaginose bactérienne n’est pas considérée comme une MST, puisqu’elle résulte d’un déséquilibre du microbiote vaginal. Mais les hommes pourraient-ils jouer un rôle dans le développement de ce déséquilibre ?
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Du microbiote pénien au microbiote vaginal
Considérant que la santé sexuelle des femmes était potentiellement influencée par les hommes, des chercheurs ont mené une étude sur 168 couples hétérosexuels originaires du Kenya. La présence de vaginose bactérienne était évaluée à différents moments de l’étude :
- Au début ;
- A 1 mois ;
- A 6 mois ;
- A 1 an.
Parallèlement, des prélèvements ont été effectués chez les hommes à trois niveaux (méat urinaire, gland et sillon coronaire).
L’analyse des données a révélé une association entre la composition bactérienne mise en évidence chez les hommes et le développement ultérieur d’une vaginose bactérienne chez les femmes. Au total, l’incidence de la vaginose bactérienne était de 31 % chez les femmes ne présentant pas de déséquilibre du microbiote vaginal au début de l’étude.
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Les hommes impliqués dans l’incidence des vaginoses bactériennes
Cette incidence était néanmoins différente en fonction du statut des hommes :
- 3 % si les hommes n’étaient pas circoncis ;
- 3 % si les hommes étaient circoncis.
La connaissance de la composition du microbiote pénien permettait de prédire précisément l’incidence de la vaginose bactérienne. Ainsi, le microbiote pénien influencerait notablement le microbiote vaginal, même si la totalité des vaginoses bactériennes ne peuvent pas être imputées aux hommes. Cependant, ces nouvelles données suggèrent l’intérêt de mettre en place un traitement susceptible d’améliorer le microbiote pénien, pour réduire l’incidence des vaginoses bactériennes et donc des complications associées.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie