Vers la transplantation de microbiote vaginal

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Rédigé par Estelle B. et publié le 10 octobre 2019

Depuis quelques années, la transplantation de microbiote fécal, ou greffe de selles, connaît un essor thérapeutique important. Cet intérêt pour la flore bactérienne locale ne se limite pas aux intestins, mais ouvre la voie à d’autres indications. Des chercheurs américains viennent notamment de franchir un pas vers des essais cliniques sur la transplantation de microbiote vaginal. Explications.

Transplantation vaginale

Microbiote et transplantation de microbiote

Le microbiote est l’ensemble des micro-organismes, principalement des bactéries, qui vivent de manière commensale au sein de l’organisme. Le plus connu des microbiotes est le microbiote intestinal, autrefois appelé la flore intestinale. Les études scientifiques révèlent l’importance du microbiote dans le fonctionnement de l’organisme. Parallèlement, le déséquilibre du microbiote intestinal, appelé la dysbiose intestinale par les spécialistes, pourrait être à l’origine de nombreuses maladies, digestives ou non.

Compte-tenu du rôle capital du microbiote intestinal dans le fonctionnement de l’appareil digestif, les transplantations de microbiote fécal ont été développées pour traiter certaines maladies digestives, en particulier des infections chroniques intestinales. Mais le microbiote intestinal n’est pas le seul microbiote ! Et tous les déséquilibres des microbiotes pourraient-ils être traités par une transplantation de microbiote sain ?

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Le microbiote vaginal face à la vaginose bactérienne

Parmi l’ensemble des microbiotes, se trouve le microbiote vaginal, très important pour la santé des femmes. Sur le même principe que la transplantation de microbiote fécal pour traiter les déséquilibres du microbiote intestinal, des chercheurs américains ont envisagé la possibilité de réaliser des transplantations de microbiote vaginal chez les femmes atteintes de vaginose bactérienne.

La vaginose bactérienne est une infection vaginale, liée au déséquilibre de la flore vaginale. Elle est plus fréquente chez certaines catégories de femmes :

  • Les femmes atteintes d’une maladie ou infection sexuellement transmissible (MST ou IST) ;
  • Les femmes qui ont plusieurs partenaires sexuels ;
  • Les femmes qui utilisent un dispositif intra-utérin (stérilet).

Ces chercheurs ont émis l’hypothèse que le liquide vaginal de femmes en bonne santé pourrait être considéré comme un traitement de choix de la vaginose bactérienne, offrant la possibilité de restaurer l’équilibre du microbiote vaginal chez les patientes.

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Comment dépister les donneuses de microbiote vaginal ?

En premier lieu, ils ont développé une approche de dépistage universel pour les donneuses, volontaires à une transplantation de microbiote vaginal. Cette étape était un prérequis indispensable avant de lancer un éventuel essai clinique sur cette nouvelle thérapie, afin de garantir la sécurité et la santé des patients greffées.

Pour concevoir ce dépistage, les chercheurs ont mené une étude pilote sur 20 femmes, âgées de 23 à 35 ans. Le questionnaire médical, les examens cliniques et les analyses biologiques réalisés avaient plusieurs objectifs :

  • Vérifier l’exposition à des IST ou à d’autres infections ;
  • Etablir des corrélations entre la fonction et la structure des populations bactériennes vaginales.

Grâce à cette stratégie de dépistage, il est désormais possible de débuter des essais cliniques sur la transplantation de microbiote vaginal. Une méthode thérapeutique qui pourrait, selon les chercheurs, avoir un avenir aussi prometteur que la greffe de selles !

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Conceptual Design of a Universal Donor Screening Approach for Vaginal Microbiota Transplant. Cell. Infect. Consulté le 16 Septembre 2019.