Info/Intox : Ce que vous croyez savoir sur le sommeil

Par |Publié le : 15 juillet 2025|Dernière mise à jour : 11 juillet 2025|6 min de lecture|

Dormir est un besoin vital, mais aussi un sujet de nombreuses idées reçues. Entre croyances bien ancrées et vérités scientifiques, il n’est pas toujours facile de faire le tri. La Dre Isabelle Poirot, médecin psychiatre spécialiste du sommeil au CHU de Lille et présidente de l’INSV (Institut National du Sommeil et de la Vigilance) nous aide à démêler le vrai du faux à travers dix affirmations courantes.

Par Peggy Cardin-Changizi

✅ Il est normal de se réveiller brièvement plusieurs fois par nuit

VRAI.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un sommeil totalement ininterrompu n’est pas une norme absolue. « Se réveiller brièvement la nuit n’est pas forcément pathologique. Le sommeil est constitué de plusieurs cycles, et à la fin de chacun, un micro-réveil peut survenir naturellement », explique la Dre Poirot. Ces éveils durent souvent quelques secondes et sont immédiatement suivis d’un rendormissement, sans que l’on en garde le souvenir. « C’est lorsque ces réveils s’allongent ou deviennent anxiogènes qu’ils perturbent le repos ».

✅ La lumière des écrans perturbe l’endormissement

VRAI.
Téléphones, tablettes, ordinateurs : ces compagnons du soir ont un impact direct sur notre endormissement. La raison ? La lumière bleue qu’ils émettent, proche de la lumière du jour, interfère avec la production de mélatonine, l’hormone qui régule notre horloge interne. « L’exposition à la lumière bleue retarde l’endormissement et perturbe les rythmes circadiens, surtout chez les jeunes très exposés », souligne la Dre Poirot. « Pour préserver un bon sommeil, mieux vaut éteindre les écrans au moins une heure avant le coucher ».

✅ Le manque de sommeil chronique augmente le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires

VRAI.
Dormir moins de six heures par nuit de manière répétée n’est pas sans conséquences. Le corps entre alors dans un état de privation de sommeil prolongée, qui dérègle plusieurs fonctions essentielles. « Le métabolisme du glucose, la régulation hormonale et la pression artérielle peuvent être impactés », alerte la psychiatre. Ce dérèglement favorise à long terme des maladies comme le diabète de type 2, l’hypertension artérielle ou encore les AVC. Prendre soin de son sommeil, c’est aussi prendre soin de son cœur.

✅ Une sieste courte (moins de 30 minutes) peut améliorer la vigilance sans nuire au sommeil nocturne

VRAI.
La sieste est souvent perçue comme un luxe ou une solution pour les paresseux. Pourtant, bien dosée, elle peut être bénéfique. « Une courte sieste, de 15 à 30 minutes, est considérée comme réparatrice et permet de ne pas désorganiser le sommeil de nuit  », précise la Dre Poirot. Idéalement située en début d’après-midi, elle aide à réduire la somnolence, améliorer la concentration et même diminuer le stress.

✅ Avoir un rythme régulier de coucher et de lever améliore la qualité du sommeil

Notre organisme aime la régularité. Se coucher et se lever à des horaires constants, même le week-end, permet d’ancrer solidement notre horloge biologique. « C’est un facteur clé de stabilité du sommeil. Un rythme irrégulier, notamment avec des grasses matinées, peutentraîner des troubles chroniques », rappelle la Dre Poirot. Une régularité qui facilite l’endormissement, stabilise l’humeur et renforce l’énergie en journée.

❌ Dormir plus le week-end permet de compenser tout le manque de sommeil accumulé dans la semaine

FAUX.
Beaucoup pensent que faire la grasse matinée le samedi ou le dimanche permet de “rattraper” les nuits écourtées de la semaine. Cette idée est trompeuse. « On ne compense jamais totalement une dette de sommeil. De plus, dormir beaucoup le week-end peut dérégler l’horloge interne et rendre l’endormissement plus difficile les jours suivants », avertit la Dre Poirot. Mieux vaut essayer de maintenir un rythme stable sur l’ensemble de la semaine, quitte à être raisonnable et écouter les signaux de sommeil le soir, permettant peut-être de se coucher plus tôt.

❌ Le sommeil avant minuit est le seul qui compte

FAUX.
Cette affirmation repose plutôt sur une croyance populaire concernant les rythmes de sommeil qui n’est plus d’actualité. En réalité, chacun a un chronotype qui lui est propre. Chacun son temps de sommeil également. « L’humain dort entre 6 et 9 heures par nuit. Le sacrosaint 8 heures de sommeil est aussi une croyance populaire fortement ancrée », explique la psychiatre. « Ce qui compte, c’est le respect de ses besoins physiologiques ».

❌ Compter les moutons aide vraiment à s’endormir

FAUX.
Si cette image populaire rassure, son efficacité n’est pas démontrée. « Compter les moutons occupe l’esprit, mais ne le calme pas forcément », note la Dre Poirot. Cette technique peut même entretenir l’activation mentale si elle est pratiquée avec frustration. Mieux vaut privilégier des méthodes plus efficaces comme la cohérence cardiaque, la visualisation positive ou la méditation guidée, qui facilitent réellement le lâcher-prise et favorisent l’endormissement. « Et si ces méthodes ne permettent pas de retrouver un sommeil de bonne qualité, alors il ne faut pas hésiter à consulter ».

❌ Faire du sport le soir empêche toujours de bien dormir

FAUX.
L’activité physique est souvent accusée de nuire au sommeil lorsqu’elle est pratiquée en fin de journée. En réalité, tout dépend de l’intensité de l’exercice. « Une activité modérée en début de soirée peut au contraire favoriser l’endormissement, en réduisant le stress et en favorisant la détente », précise la Dre Poirot. Il faut simplement éviter les efforts très intenses dans l’heure qui précède le coucher, car ils élèvent la température corporelle et excitent le système nerveux.

❌ Les ronflements sont inoffensifs tant qu’on dort

FAUX.
Bien qu’ils soient souvent banalisés, les ronflements peuvent cacher un trouble du sommeil sérieux. « Le ronflement peut être le signe d’un syndrome d’apnées du sommeil, surtout s’il est associé à des pauses respiratoires, une fatigue en journée ou des maux de tête au réveil », alerte la Dre Poirot. Non traité, ce trouble peut avoir des conséquences graves, notamment sur le cœur et les vaisseaux. Une évaluation spécialisée s’impose en cas de doute.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.