Sous l’effet d’un excès de suc gastrique, des brûlures d’estomac peuvent survenir. Selon une étude de l’ANSM (Agence Nationale de sécurité et des produits de santé), 25 % des Français ont bénéficié d’une prescription de médicaments réduisant l’acidité gastrique, parfois hors des recommandations d’usage. Retour sur les éléments clefs de l’étude.
Un recours aux IPP en hausse de 27 % en 5 ans
Les IPP, ou inhibiteurs de pompe à protons, comme l’oméprazole, sont des médicaments qui diminuent la sécrétion des molécules acides par l’estomac.
Ils sont notamment recommandés pour soigner les ulcères de l’estomac et les reflux gastro-oesophagiens et les lésions gastro-dudodénales provoquées par les AINS.
À savoir ! Les IPP sont prescrits pour l’éradication d’Helicobacter pylori (bactérie impliquée dans les ulcères de l’estomac), la prévention ou traitement des lésions gastro-duodénales dues aux AINS et aux autres traitements potentiellement gastro-toxiques (antiagrégants plaquettaires ou aux anticoagulants ou aux corticoïdes à usage systémique). Ils sont également prescrits pour la prévention ou le traitement des complications gastro-duodénales liées aux traitements spécifiques de certains cancers.
Dans cette étude de l’ANSM sur la prescription des IPP en ville pendant l’année 2015, il est intéressant de noter que :
- Plus de 15 millions de Français se sont vus prescrire des IPP, au moins une fois, en 2015, soit 27 % de plus qu’en 2010 ;
- 85 millions de prescriptions d’IPP ont été enregistrées en 2015 ;
- La très grande majorité des traitements par IPP délivrés en ville était prescrite par un médecin généraliste ;
- Plus de la moitié de ces prescriptions d’IPP (54 %) étaient accompagnées d’un traitement par AINS ;
- Les débuts de traitements par IPP et AINS étaient simultanés, montrant alors une protection automatique préventive.
« Cependant, dans 80% des cas, aucun facteur de risque justifiant l’utilisation systématique d’un IPP en association avec un AINS n’était identifié”, analyse l’ANSM.
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Les IPP : c’est pas automatique !
Globalement, cette étude montre que le recours aux IPP ne correspond pas toujours aux recommandations car, ils sont prescrits majoritairement :
- En prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS chez des patients sans facteur de risque identifiable,
- Dans le cas de RGO (reflux-gastroesophagien) non objectivé par la réalisation d’une endoscopie digestive haute chez les sujets âgés.
L’ANSM rappelle d’ailleurs que « l’intérêt de la prévention des lésions gastroduodénales en cas de prise d’AINS, chez l’adulte, n’est établi qu’en présence des facteurs de risque suivants : être âgé de plus de 65 ans, avoir un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal, être traité par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde ».
Ce mésusage des inhibiteurs de la pompe à protonest d’autant plus risqué qu’il a été montré récemment que leur tolérance sur le long terme est limitée.
En effet, l’utilisation prolongée d’inhibiteurs de la pompe à proton peut provoquer des effets indésirables graves sur le coeur, le système nerveux, les reins ou les tumeurs gastriques. Ces complications médicales sont d’autant plus fréquentes chez les personnes âgées ou fragilisées par rapport à un contexte médical de polypathologie et de polymédication.
Par comparaison, avec les données internationales sur le sujet, seulement 7,4 % des Danois, 15,5 % des Islandais et 18,2 % des Canadiens ont reçus une prescription d’inhibiteurs de la pompe à proton en 2014 ou 2015. C’est bien loin derrière les 25 % de Français…
Des campagnes de communication seront prochainement mises en place pour sensibiliser les professionnels de santé, et notamment les médecins généralistes travaillant en ville, pour faire reculer ce phénomène de prescription non justifiée d’IPP.
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Julie P., Journaliste scientifique