Jeune intermittent, aussi efficace que le régime hypocalorique ?

Sur les réseaux et dans les colonnes des magazines, les posts et les articles sur le jeûne intermittent ont le vent en poupe. Défini comme une alternance de périodes de privation alimentaire avec des périodes où l’on peut manger équilibré, le jeune intermittent couvre de multiples pratiques. Des chercheurs américains et européens ont récemment mis en évidence qu’il est aussi efficace que les régimes hypocaloriques traditionnels. On fait le point.
Les régimes intermittents les plus connus
On distingue trois grands types de régimes intermittents : le régime 5 : 2, le régime 16/8 et l’alternate day fasting.
Le régime 5-2 consiste à manger normalement pendant 5 jours puis à diminuer le nombre de calories de manière importante les 2 jours suivants. En pratique, pendant ces deux jours de restriction calorique, les femmes peuvent consommer 500 calories/jour et les hommes 600 calories/jour.
Le régime 16/8 est basé quant à lui sur la division d’une journée de 24 heures en une période de 16 heures de jeûne (apport seulement d’eau et de café et thé non sucrés) et une période de 8 heures pendant laquelle il est possible de prendre ses repas. Les proportions sont légèrement modifiables et la période de jeûne peut être de 14 à 16 heures et la plage horaire d’alimentation entre 8 et 10 heures. Il s’agira par exemple de s’alimenter du petit déjeuner jusqu’à 16h00 puis d’arrêter la prise alimentaire jusqu’au lendemain matin suivant.
Autre type de régime intermittent : l’alternate day fasting ou jeûne alterné consistant à jeuner un jour sur deux. Pendant le jour de jeûne, la personne ne consomme que de l’eau ou limite son apport calorique à 25% de ses besoins, soit entre 500 et 800 calories.
Les résultats de l’étude
Selon l’équipe de chercheurs, encadrée par John Sievenpiper, professeur et médecin au St Michael’s Hospital de Toronto, le jeûne intermittent est aussi efficace qu’un régime hypocalorique continu. Parmi les jeunes intermittents étudiés, c’est la méthode du jeûne alterné ou alternate day fasting qui a des bénéfices légèrement supérieurs. Des bénéfices retrouvés notamment sur la perte pondérale et le bilan lipidique.
Avant d’arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé 99 essais cliniques, incluant au total plus de 6 500 adultes.
Ces études ont comparé une alimentation à volonté, un régime hypocalorique continu et trois types de de jeûne intermittent dont le 16 :8 (16 heures de jeûne et 8 heures pour prendre les repas), l’alternate day et le régime 5 :2.
Toutes les méthodes de jeûne ainsi que le régime hypocalorique ont réduit le poids par rapport à une alimentation libre.
Hors situation d’obésité, et sur une période de 24 semaines, le jeûne alternate day fasting a montré le plus de bénéfices en perte de poids. Ce jeûne a montré une réduction de poids par rapport au régime non restrictif (différence moyenne de -3,37 kg) mais peu significative par rapport au régime hypocalorique en continu (-1,29 kg) et au régime 16 : 8 (-1,72 kg).
Dans les comparaisons entre les stratégies de jeûnes intermittents, le jeûne un jour sur deux a réduit légèrement davantage le cholestérol total, les triglycérides et les LDL-cholestérols comparativement au régime 16 : 8.
Que retenir de ces résultats ?
Des différences mineures ont été observées entre certains régimes de jeûne intermittent et la restriction énergétique continue, avec un certain bénéfice en termes de perte de poids avec le jeûne un jour sur deux dans les essais de plus courte durée. Des essais sur le long terme sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Et c’est surtout la capacité à prolonger ce mode d’alimentation dans le temps qui questionne, tout comme l’éventuelle perte de masse musculaire.
Dans le Science Media Centre, le Pr Naveed Sattar, professeur de médecine cardio-métabolique à l’Université de Glasgow, commente : « Les résultats de l’étude ne sont pas surprenants : il n’y a rien de magique dans le jeûne intermittent pour la perte de poids si ce n’est une manière alternative de réduire l’apport calorique. Sa durabilité à long terme mérite d’être étudiée, tandis que pour ceux qui doivent perdre beaucoup plus de poids, d’autres options sont désormais clairement disponibles ».
De son côté, la professeure agrégée en nutrition et diététique à l’université de Nottinghan, Amanda Avery, a déclaré : « Les avantages et les inconvénients du jeûne intermittent et de la réduction de poids dans le cadre d’un régime hypocalorique font l’objet de débats depuis un certain temps. Cette analyse permettra, espérons-le, de clore le débat en concluant que le choix du jeûne intermittent et, plus globalement, d’une alimentation équilibrée peut être bénéfique ».
Les chercheurs rappellent dans leur conclusion que « le but n’est pas de remplacer les autres stratégies diététiques, mais de les complémenter au sein d’un modèle de prise en charge nutritionnelle adaptée au patient ». Ils rappellent par ailleurs qu’il est conseillé de consulter un médecin nutritionniste avant de débuter un régime intermittent car il ne peut ne pas convenir à tous et que l’objectif est avant tout de mettre en place des modifications du comportement alimentaire durables dans le temps.
– Intermittent fasting strategies and their effects on body weight and other cardiometabolic risk factors: systematic review and network meta-analysis of randomised clinical trials. BMJ. . www.bmj.com. Consulté le 7 juillet 2025.
– Expert reaction to study comparing evidence on intermittent fasting and traditional calorie reduction diets for weight loss. Science Media Centre.. www.sciencemediacentre.org. Consulté le 7 juillet 2025.
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