Dans un communiqué publié ce mardi, l’Académie nationale de médecine met en avant l’importance d’un meilleur suivi des conséquences neurologiques et psychiatriques des Covid longs. En effet, de plus en plus d’études montrent que l’infection de Covid-19 serait responsable d’une détérioration de la santé mentale. Cela se traduirait par plus de risque de dépression, d’anxiété ou de troubles du sommeil. Explications.
Covid-19, cerveau et santé mentale
Alors que le nombre de nouveaux cas d’infection par la Covid-19 ne cesse de baisser, la question des séquelles et des formes longues de la maladie inquiète les experts et les scientifiques. Dans un récent communiqué, l’Académie nationale de médecine se penche sur les conséquences neurologiques et psychiatriques constatées lors d’une infection par le SARS-CoV-2. Celles-ci peuvent se produire à deux occasions :
- Pendant la phase aiguë de l’infection. L’apparition de ces symptômes laisse des zones d’ombre sur les mécanismes de l’infection virale et ses conséquences ;
- S’ils surviennent ou persistent au-delà de 4 semaines, ils caractérisent une forme longue de Covid-19. Si de plus en plus d’études portent sur ce Covid long, il demeure mal compris. En effet, il est très variable d’un patient à l’autre. Il est cependant souvent d’expression neurologique ou psychiatrique.
Le Covid long concerne également d’autres systèmes, notamment respiratoire, cardiovasculaire, neurosensoriel ou endocrinien. Ainsi, un large éventail de symptômes y sont associés : fatigue, plainte mnésique, troubles de la concentration, insomnie ou hypersomnie, troubles de l’humeur ou céphalées. Mais aussi, dans 10% des Covids longs, des études révèlent une baisse des performances cognitives jusqu’à un an après l’infection.
Par ailleurs, d’autres travaux ont mis en évidence que l’infection pouvait provoquer des lésions structurelles et fonctionnelles des tissus cérébraux. Elles seraient probablement causées par une hypoxie c’est-à-dire un manque d’oxygène dans les tissus.
Une meilleure prise en charge du Covid long
D’après ce constat de l’Académie nationale de médecine, les séquelles à long terme concerneraient les patients avec une forme modérée et ceux avec une forme grave de l’infection. Ainsi, elles toucheraient un grand nombre de malades. L’institution relève deux éléments manquants actuellement sur l’inclusion des séquelles du Covid long dans la prise en charge des patients :
- Le fait que la détection d’une affection psychiatrique ou neurologique ne fasse pas partie des protocoles de prise en charge ;
- L’absence totale d’une prise en charge des séquelles neurologiques ou psychiatriques. Notamment, leur retentissement sur la vie personnelle, professionnelle et sociale des patients n’est pas encore intégrée aux prises en charge.
Ainsi, du fait du grand nombre de personnes pouvant être concernées et de l’ampleur des symptômes sur la vie quotidienne, l’institution propose d’agir dès maintenant, au travers de 3 actions :
- L’alerte sur le risque d’une augmentation considérable de la charge liée aux troubles cognitifs durables sur le système de santé, déjà en saturation ;
- La mise en place d’un groupe de travail dédié. Intitulé « Covid et système nerveux », ce groupe servira à mieux comprendre les formes neurologiques aigues de Covid-19 et les symptômes neuropsychiatriques décrits en cas de Covid long ;
- L’importance d’étudier les conséquences à long terme et le poids social des formes neurologiques et psychiatriques à long terme. Mais aussi, axer les efforts sur la recherche de possibilités de traitement préventif et curatif.
Alexia F., Docteure en Neurosciences