Des laits contaminés par du dioxyde de titane ?

Cancérigène potentiel chez l’être humain, le dioxyde de titane (E171) a vu son utilisation interdite en France dans l’alimentation depuis 2020. Néanmoins, sa présence vient d’être détectée dans la composition de laits humains, animaux et infantiles. C’est ce que révèle une récente étude menée par des chercheurs de l’INRAE, de l’APHP et du CNRS. Zoom sur les conclusions de leurs travaux.

Dioxyde de titane : un composé cancérigène pour l’homme 

Recherché par les industriels pour ses propriétés de colorant blanc et d’opacifiant, le dioxyde de titane (TiO2 ou E171) a vu son utilisation dans l’alimentation interdite en France en 2020. En cause ? Son classement en tant que composé cancérigène potentiel chez l’être humain.

Le dioxyde de titane reste cependant largement employé dans de très nombreux autres produits courants parmi lesquels les dentifrices, les crèmes solaires, les médicaments ou les produits de maquillage où il est présent sous forme de micro et nanoparticules.

Si des études scientifiques précédemment menées ont déjà mis à jour la présence de ce composé dans les eaux de surface, les sols ou même dans l’air, peu d’études se sont jusqu’à présent penchées sur l’exposition réelle des animaux et des êtres humains au dioxyde de titane. Dans ce contexte, des scientifiques de l’INRAE, de l’APHP et du CNRS ont mis sur pied une étude visant à évaluer la présence de dioxyde de titane dans les laits maternels, animaux et infantiles.

La plupart des laits contaminés par le dioxyde de titane

Pour mener à bien leurs travaux de recherche, les scientifiques ont eu recours à des techniques d’analyse en spectrométrie. L’objectif ? Doser les taux de dioxyde de titane et détecter les particules individuelles de titane tout en estimant leur taille.

Après analyse des échantillons, les scientifiques ont pu observer des nanoparticules de titane :

• Dans 100 % des laits animaux (qu’il s’agisse de laits frais, de laits en poudre, de laits de vache, d’ânesse ou de chèvre) issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle. A raison de 16 à 348 millions de particules de titane par litre de lait animal.
• Ainsi que dans 83 % des laits infantiles disponibles dans le commerce et issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle. A raison de 6 millions à 3,9 milliards de particules de titane détectées par litre de lait infantile.

Mais ce n’est pas tout. Des particules de dioxyde de titane ont également été détectées dans les laits maternels de dix femmes habitant Paris ou sa proche banlieue. Ce constat témoigne de la capacité du dioxyde de titane à traverser la barrière de la glande mammaire. Les taux retrouvés variaient d’une femme à l’autre mais certaines femmes ont présenté jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres !

Une contamination autre qu’alimentaire ?

Publiés dans la revue Science of the Total Environment, ces résultats témoignent du niveau d’exposition au dioxyde de titane des consommateurs de laits animaux ainsi que des nourrissons et de leurs mères. Le E171 ayant été interdit dans l’alimentation en France depuis 2020, les chercheurs émettent donc l’hypothèse selon laquelle la contamination se ferait par d’autres voies que la voie alimentaire.

Prochaine étape pour les scientifiques ? Approfondir ces recherches auprès de femmes vivant en région parisienne pour tenter de mesurer l’impact de l’utilisation de produits à base de dioxyde de titane sur le niveau d’exposition des utilisatrices. Affaire à suivre !