A la suite de la publication de son baromètre, l’association NèreS avance que le pharmacien de premiers recours pourrait éviter 91 millions de consultations médicales chaque année. Un bel espoir à l’heure de la désertification médicale et du nombre retreint de médecins généralistes et spécialistes. Explications.
Plus de 91 millions de consultations médicales évitées
L’association NèreS regroupe les laboratoires pharmaceutiques commercialisant des produits de santé et de prévention de premier recours (médicaments, dispositifs médicaux, compléments alimentaires) dans les pharmacies, sans prescription médicale. Chaque année, cette organisation professionnelle publie à la fin du mois de janvier un baromètre des produits de santé de premier recours. L’édition 2022 de ce baromètre révèle une augmentation du marché des produits de santé de premier recours à hauteur de 14,4 %.
Les produits de santé de premier recours représentent 21 % des ventes en officine. Ces produits constituent d’ailleurs environ 30 % des ordonnances de médecins généralistes, alors même qu’ils ne nécessitent aucune prescription médicale. Ainsi, chaque année, 353 millions de ces produits sont vendus en France sans ordonnance, et 303 sur ordonnance. Si les patients concernées par ces ordonnances se procuraient directement ces médicaments en pharmacie, plus de 91 millions de consultations pourraient être évitées.
Le pharmacien comme professionnel de santé de premier recours
Un tel chiffre dans le contexte médical actuel impose obligatoirement une réflexion sur l’intérêt du positionnement du pharmacien comme professionnel de santé de premier recours, sans compter les 338 millions d’euros d’économie pour le système de santé. Pour l’association NèreS, positionner le pharmacien en premier recours permettrait surtout un meilleur accès aux soins et une prise en charge immédiate des patients.
Ce positionnement pourrait constituer une solution intéressante dans le contexte des déserts médicaux et des délais parfois très longs pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste ou spécialiste. Par ailleurs, parmi les produits de santé de premier recours, la prévention occupe une part croissante. Leur part de marché est passée de 34 % en 2017 à 40.2 % en 2022, les produits de santé curatifs voyant leur part baisser dans les mêmes proportions.
Une solution face aux déserts médicaux ?
Dans ce contexte, l’association NèreS propose aux autorités de santé publique de mettre en place une expérimentation d’un pharmacien référent prévention dans des territoires géographiques particuliers et sur des domaines thérapeutiques spécifiques. Cette proposition fait résonance avec l’augmentation des passages en pharmacie, suite à l’élargissement des missions confiées aux pharmaciens (entretiens individuels, bilans de médication, vaccination, …).
La France compte actuellement 20 261 pharmacies réparties sur le territoire. Des pharmacies qui reçoivent en moyenne 26 visites par seconde pour des produits de santé de premier recours. De plus, les horaires d’ouverture des pharmacies sont souvent larges, facilitant encore l’accès aux soins. La vision de NèreS est un parcours de soins débutant chez le pharmacien, avant d’aller consulter un médecin généraliste, pour les pathologies bénignes du quotidien. Bien sûr, le pharmacien oriente le patient vers un médecin en fonction de la situation. L’avantage d’une telle proposition est que la France ne connait à ce jour pas de désert pharmaceutique !
Estelle B., Docteur en Pharmacie