Le sport, théâtre de nombreuses commotions cérébrales ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 19 juillet 2023

En France, selon les estimations, plus de 150 000 traumatismes crâniens seraient diagnostiqués chaque année, parmi lesquels une proportion importante de commotions cérébrales. Une part non négligeable de ces commotions surviendrait dans le contexte d’une activité sportive. Explications.commotions cérébrales sport

Sports et commotions cérébrales

Certaines pratiques sportives, comme les sports collectifs ou les sports de contact, peuvent provoquer des chocs au niveau de la tête. Certains chocs peuvent entraîner une commotion cérébrale, qui est une forme de traumatisme crânien. La commotion cérébrale survient dès que le cerveau vient heurter les parois de la boîte crânienne, à la suite d’un mouvement soudain et violent de la tête (choc direct à la tête, au visage ou au cou, impact d’une autre partie du corps sur la tête).

La commotion cérébrale correspond à un traumatisme crânien léger. Elle n’est généralement pas associée à une fracture de la boîte crânienne et le plus souvent, aucune plaie ou blessure visible n’est observée. Pourtant, même si le traumatisme crânien est léger, la commotion cérébrale n’est pas à prendre à la légère, car le cerveau a bel et bien subi un choc. Dans un nombre important de situations, la pratique sportive est le théâtre de survenue de la commotion cérébrale. Dans une récente revue systématique, des chercheurs ont évalué les stratégies de prévention, les facteurs de risque et les conséquences des commotions cérébrales liées au sport.

Changer les pratiques sportives pour réduire le risque de commotion cérébrale

Les données ont été collectées entre 2019 et 2022 sur différentes bases de données scientifiques et médicales. Au total, 220 études cliniques ont été prises en compte. Des données probantes étaient disponibles sur un certain nombre de paramètres :

  • Les équipements de protection (casque, protège-dents, …) ;
  • Les changements dans les règles de pratique sportive ;
  • Les stratégies de formation ;
  • Les stratégies de gestion du risque de commotion cérébrale ;
  • Les conséquences imprévues des commotions ;
  • Les facteurs de risque modifiables.

L’analyse des données disponibles a mis en évidence un effet protecteur des protège-dents dans les sports de contact. La mise en œuvre d’une politique sportive interdisant la mise en échec corporelle au hockey sur glace chez les enfants et les adolescents permettait de réduire de 58 % le risque de commotion cérébrale, sans augmenter un autre risque en parallèle. La limitation des contacts dans le football américain permettait par ailleurs de réduire de 64 % le taux de commotions cérébrales lors des entraînements.

Arrêter le sport en cas de commotion cérébrale pour laisser le cerveau récupérer

Au rugby enfin, la mise en place d’un programme d’échauffement neuromusculaire avant les entraînements pourrait réduire jusqu’à 60 % le risque de commotion cérébrale. La recherche d’une technique optimale de plaquage pourrait également contribuer à réduire le risque de choc à la tête. Cette revue de littérature montre que des aménagements dans les pratiques sportives peuvent efficacement réduire le risque de commotion cérébrale. Ce traumatisme crânien léger n’est pas anodin, il s’associe avec des troubles de la mémoire, des troubles de l’attention et des autres fonctions cognitives. Dans certains cas, le choc subi est équivalent à celui ressenti d’un accident de la route.

De plus, les commotions cérébrales peuvent se répéter dans le temps chez les sportifs, avec de graves conséquences à long terme. La répétition des commotions cérébrales, surtout lorsqu’elles ne sont pas espacées dans le temps peut être à l’origine de handicaps physiques et cognitifs irréversibles (maux de tête, troubles de la mémoire, troubles cognitifs, vieillissement accéléré du cerveau), voire même du décès. Pour prévenir de tels risques, il est essentiel de porter les équipements de protection adaptés et d’adapter les pratiques pour réduire le risque de choc à la tête. En cas de commotion cérébrale, il ne faut pas minimiser les symptômes et stopper toute activité sportive le temps nécessaire pour que le cerveau puisse récupérer (au moins une dizaine de jours).

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Prevention strategies and modifiable risk factors for sport-related concussions and head impacts: a systematic review and meta-analysis. bjsm.bmj.com. Consulté le 4 juillet 2023.
– Commotions cérébrales dans le sport. aqnp.ca. Consulté le 4 juillet 2023.