Un lien avéré entre qualité du sommeil paradoxal et troubles neurologiques

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Rédigé par Julie P. et publié le 18 août 2017

Des chercheurs de l’Université de Toronto tentent de répondre à l’une des questions médicales les plus énigmatiques : comment rêvons-nous ? Ils ont constaté qu’une zone du cerveau est responsable de ce phénomène et que les troubles liés aux rêves seraient un signal d’alarme précoce présageant le développement de troubles neurologiques.

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Les mécanismes cérébraux à l’origine des rêves

Dans les années 1960, les scientifiques ont découvert que le tronc cérébral, une partie du système nerveux central reliée au cerveau et au cervelet et située dans la fosse crânienne postérieure, contrôlait l’action de rêver lors de la phase paradoxale du sommeil.

A savoir ! Il existe deux types de sommeil. Le sommeil lent correspond à la phase d’endormissement pendant laquelle l’activité du cerveau ralentit peu à peu. Le sommeil paradoxal est un état dans lequel le dormeur est difficile à réveiller, son tonus musculaire est nul mais le cerveau reste actif. On reconnaît le sommeil paradoxal à la présence de mouvements rapides des yeux appelés Mouvements Oculaires Rapides ou MOR.

Depuis cette première découverte, le chercheur canadien John Peever a repéré les cellules responsables de la survenue des rêves : ce sont les neurones MOR-actifs. En activant artificiellement ces neurones chez des rongeurs, les chercheurs ont réussi à ce que leurs cerveaux entrent dans la phase paradoxale du sommeil.

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Quand le sommeil paradoxal ne va plus

Renforcée par ses connaissances, l’équipe de chercheurs a examiné les troubles du sommeil et découvert un lien avec un certain groupe de maladies neurodégénératives. Ainsi, selon l’étude, plus de 80% des personnes souffrant de troubles du sommeil paradoxal auraient davantage de risque de développer (dans un délai de 15 ans), des synucléinopathies, démences très similaires au syndrome parkinsonien.

A savoir ! Les synucléinopathies, marquées par des agrégats de la protéine α-synucléine, sont des atteintes du tissu du système nerveux central s’accompagnant d’anomalies du sommeil.

Pour John Peever : « Le trouble des mouvements oculaires rapides pendant le sommeil paradoxal n’est pas seulement un précurseur, mais aussi un signe d’altération physiologique qui peut conduire à une maladie cérébrale ».

Ces travaux avancent l’idée que la neurodégénérescence pourrait d’abord affecter les zones du cerveau qui contrôlent le sommeil avant de se propager progressivement dans les zones cérébrales impliquées dans l’apparition des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

Pour l’équipe canadienne, cette découverte peut mener à une stratégie de prévention pour l’apparition de certaines maladies neurodégénératives. En effet, l’observation de la qualité du sommeil paradoxal, à l’aide d’un électroencéphalogramme, permettrait de détecter des anomalies éventuelles de la phase paradoxale du sommeil.

A savoir ! L’EEG ou électroencéphalographie est un examen qui permet l’enregistrement de l’activité électrique du cerveau. Des électrodes sont placées sur le cuir chevelu et reliées à un moniteur ou une imprimante.

A l’heure actuelle, l’enjeu scientifique de cette connaissance du lien entre troubles du sommeil paradoxal et apparition de synucléinopathies est double.

En effet, les chercheurs espèrent développer une méthode de référence pour détecter les signes précoces d’apparition des synucléinopathies mais aussi, en parallèle, mettre au point des thérapies médicamenteuses plus efficaces pour lutter contre les troubles du sommeil paradoxal.

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Julie P., Journaliste scientifique

Connecting the dots between dreams and brain disease. Science Daily. Le 29 mai 2017.
A quoi sert le sommeil ? INPES La santé de l’homme 388. – Consulté le 15 août 2017.
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