D’après l’UNICEF, un enfant meurt toutes les 30 secondes du paludisme quelque part dans le monde. Un chiffre qui à lui seul traduit l’impact du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, en particulier en Afrique subsaharienne. Ces dernières années ont été marquées par le développement de solutions vaccinales pour prévenir le paludisme. Le 2 octobre 2023, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recommandé l’utilisation d’un nouveau vaccin pour protéger les enfants contre cette maladie vectorielle.
Deux vaccins pour protéger les enfants du paludisme
Après un premier vaccin contre le paludisme recommandé en 2021, le vaccin RTS,S/AS01, l’OMS a recommandé début octobre 2023 un second vaccin, destiné à protéger les enfants contre le paludisme, le vaccin R21/Matrix-M.
À savoir ! Le vaccin RTS,S/AS01 est le premier vaccin recommandé pour protéger contre le paludisme. Il cible le parasite Plasmodium falciparum, le parasite du paludisme le plus meurtrier dans le monde, et le plus fréquemment retrouvé en Afrique (il existe d’autres parasites responsables du paludisme, comme Plasmodium vivax). Il est recommandé chez les enfants, dans les zones où la transmission du paludisme est modérée à élevée
Comme le premier vaccin, ce second vaccin cible Plasmodium falciparum. Dès 2019, des programmes expérimentaux de vaccination avaient été lancés avec le vaccin RTS, S/AS01 en vaccinant près de deux millions d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi. Cette expérimentation avait permis un net recul des formes sévères de paludisme et de la mortalité, qui avait amené l’OMS à recommander la vaccination chez les enfants.
Deux vaccins proches en termes d’efficacité
Les deux vaccins désormais disponibles pour protéger les enfants contre le paludisme sont efficaces et sûrs et permettent d’agir fortement sur les hospitalisations et les décès d’enfants en lien avec cette maladie vectorielle. Alors pourquoi un second vaccin ? Protéger des millions d’enfants contre le paludisme a entraîné une très forte augmentation de la demande en doses vaccinales pour effectuer des campagnes de vaccination à grande échelle. Or le premier vaccin n’est disponible qu’en quantité limitée et ne suffit plus à répondre à la demande.
La recommandation d’utiliser un second vaccin devrait permettre de mieux répondre aux besoins des populations exposées au paludisme. En Afrique sub-saharienne, près de 500 000 enfants meurent chaque année d’une forme grave de paludisme. L’arrivée d’un second vaccin devrait permettre de réduire l’écart entre les besoins en vaccins et la disponibilité des doses vaccinales et ainsi sauver plusieurs centaines de milliers d’enfants en Afrique.
Une étape clé pour atteindre l’objectif de réduire de 90 % l’incidence du paludisme d’ici 2030
Le nouveau vaccin antipaludique R21/Matrix-M a démontré son efficacité dans plusieurs études et dans un essai clinique, toujours en cours. L’efficacité du vaccin est importante lorsque les enfants sont vaccinés juste avant la haute saison des moustiques, c’est-à-dire les 4 à 5 mois où les moustiques prolifèrent dans certaines régions du monde. Le nombre de cas de paludisme symptomatique est réduit de 75 % dans l’année qui suit l’administration des trois doses de vaccins. L’année suivante, la protection des enfants contre la maladie est obtenue par l’injection d’une quatrième dose de vaccin.
Les campagnes de vaccination des enfants contre le paludisme constitue un axe majeur dans la lutte mondiale contre le paludisme. L’arrivée de ce second vaccin représente une nouvelle étape déterminante ! Au moins 28 pays d’Afrique envisagent d’utiliser un vaccin antipaludique dans le cadre de programmes nationaux de vaccination. Le premier vaccin RTS,S/AS01 sera déployé en Afrique dès le début de l’année 2024, et le second vaccin, le vaccin R21/Matrix-M, suivra dans le courant de l’année 2024.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
