Comment le réchauffement climatique pourrait déplacer la transmission du paludisme en Afrique ?

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Rédigé par Alexia F. et publié le 22 avril 2022

Tel un effet papillon, la fonte de la calotte groenlandaise impacterait la transmission du paludisme à des milliers de kilomètres. Dans une récente étude, des scientifiques prévoient que la fonte groenlandaise atténuerait le risque de transmission dans des régions d’Afrique devenues trop chaudes. En revanche, le risque augmenterait plus au Sud. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, qui aura lieu lundi 25 avril, Santé sur le Net explique comment le réchauffement climatique pourrait faire évoluer la maladie.

Moustique qui pique quelqu'un

Le paludisme sévit toujours, et surtout en Afrique…

Le point sur la situation

En 2020, 627 000 personnes sont décédées à cause du paludisme dans le monde. L’Afrique est majoritairement touchée, puisque 96% des décès ont lieu sur son sol. Le paludisme sévit principalement chez les plus jeunes. En effet, 77% des décès concernent des enfants âgés de moins de 5 ans. De plus, durant l’année 2020, 228 millions des 241 millions de nouveaux cas ont été rapportés en Afrique.

Le paludisme se manifeste par des symptômes pseudo-grippaux caractérisés par de la fièvre, des maux de tête, des vomissements, de la diarrhée, des douleurs musculaires et une fatigue intense. Sans traitement dans les 24h, la maladie peut évoluer et engager le pronostic vital du malade. En effet, elle peut entraîner une détresse respiratoire, une insuffisance rénale, un coma ou des convulsions.

Comment se transmet le paludisme ?

Le paludisme est provoqué par le parasite Plasmodium. Celui-ci se transmet par l’intermédiaire d’un moustique. Quand le moustique pique une personne malade, il absorbe les parasites présents dans son sang. Ensuite, les parasites se développent dans le corps de l’insecte. La croissance parasitaire dépend de la température de l’environnement : elle est optimale entre 16 et 40°C. Puis, le parasite est transmis à un nouvel hôte lors d’une piqûre ultérieure. Par ailleurs, le moustique a besoin de précipitations et d’humidité pour pouvoir pondre ses œufs.

Comment le réchauffement climatique peut impacter la transmission du paludisme ?

Les modèles classiques de prévisions des changements climatiques se basent essentiellement sur les émissions de gaz à effet de serre. Mais, dans une nouvelle étude, publiée dans Nature Communications, des scientifiques ont ajouté la fonte de la calotte glaciaire au Groenland aux modèles classiques.

En effet, la fonte rapide de la calotte glaciaire groenlandaise fait partie des risques connus du changement climatique actuel. Ce phénomène aurait des conséquences inattendues à des milliers de kilomètres. En effet, en Afrique, cette fonte liée au réchauffement climatique pourrait affecter la transmission du paludisme par les moustiques. Grace à l’étude des climats passés, les scientifiques ont établi qu’une grande quantité de glace groenlandaise est susceptible d’être relâchée de façon soudaine et imprévisible. Cela provoquerait un apport massif d’eau douce dans le Nord de l’océan Atlantique qui dérèglerait de façon globale le climat de la planète. En Afrique, cela se traduirait par une hausse des températures dans la région du Sahel et d’un déplacement des précipitations plus au sud. Ainsi, selon les prévisions de ces chercheurs :

  • La fonte de glace groenlandaise diminuerait le risque de transmission du paludisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest. En effet, les températures y deviendraient trop chaudes pour que le parasite se développe dans le moustique ;
  • En revanche, elle augmenterait la transmission du paludisme au sud de l’Afrique. Cela résulterait de l’augmentation des précipitations dans ces régions.

Le réchauffement climatique impacterait donc négativement les populations d’Afrique du Sud quant à leur risque de paludisme. Cependant, en cette journée mondiale de lutte contre le paludisme, il est essentiel de rappeler que les mesures de politique de santé publique et le développement socio-économique sont les clefs pour lutter contre ce fléau. Par exemple, la Chine a été capable de totalement éliminer le paludisme sur son territoire, malgré des conditions climatiques favorables à sa transmission.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Chemison, A. et al. Impact of an accelerated melting of Greenland on malaria distribution over Africa. 2021. nature.com.
– Chemison A. Comment la fonte de la calotte glaciaire groenlandaise pourrait déplacer le paludisme en Afrique. theconversation.com. Consulté le 21 avril 2022.
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