Lumière sur l’addiction à la nicotine !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 25 septembre 2018

L’addiction au tabac est essentiellement due à l’un de ses composants, la nicotine. Et s’il était désormais possible d’en contrôler les effets addictifs en ayant recours à la lumière ? C’est ce que suggère une nouvelle étude publiée dans le magazine eLIFE le 4 septembre dernier.

Contrôler l’addiction à la nicotine grâce à lumière

Les méfaits de l’addiction au tabac

Plus 7 millions de personnes sont victimes du tabagisme chaque année dans le monde. Outre le risque de décès prématuré (avant 65 ans), l’addiction au tabac entraîne des risques non négligeables pour la santé du fumeur : diminution des capacités respiratoires, apparition de cancers broncho-pulmonaires ou encore de maladies cardiovasculaires.

De ce fait, traiter une addiction au tabagisme, se révèle toujours bénéfique pour le fumeur, et ce quelque soit son âge, ainsi qu’en témoigne la Haute Autorité de Santé : « Un patient qui cesse de fumer à 40 ans augmente son espérance de vie de 7 ans, à 50 ans, il l’améliore de 4 ans… ».

Mais ce n’est pas chose simple, car la nicotine, principal agent addictif du tabac, agit sur le cerveau par liaison aux récepteurs nicotiniques, et aujourd’hui, les techniques de pharmacologie classique ne permettent pas encore d’agir de manière précise sur ces récepteurs.

Dans ce contexte, plusieurs équipes de scientifiques de l’Inserm, du CNRS et de Sorbonne Université en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Université de New York (NYU) et l’Université de Californie Berkeley (UC Berkeley), ont élaboré des outils moléculaires capables d’interrompre le fonctionnement de ces récepteurs dans le cerveau au moyen de la lumière.

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Contrôler l’addiction à la nicotine grâce à lumière

Pour contrôler les effets addictifs de la nicotine, les chercheurs ont souhaité interrompre l’activité des récepteurs à la nicotine dans le cerveau des souris. Pour cela, ils ont opté pour une  stratégie de pharmacologie optogénétique permettant de bloquer les récepteurs nicotiniques au moyen de la lumière.

À savoir ! L’optogénétique constitue une révolution technologique dans le domaine des neurosciences. Il s’agit d’une technique consistant à modifier génétiquement des neurones pour les rendre sensibles à la lumière.

Ils ont ainsi modifié les récepteurs nicotiniques présents chez les souris, en y greffant un interrupteur chimique de taille nanométrique et sensible à la lumière :

  • Sous lumière violette, l’interrupteur est replié et empêche la nicotine de se fixer au récepteur : le récepteur nicotinique est en mode « off ».
  • Sous lumière verte, ou dans l’obscurité, l’interrupteur est déplié et laisse la nicotine se fixer au récepteur : le récepteur est en mode « on ».

Dans cette étude, les scientifiques se sont particulièrement intéressés au récepteur nicotinique de type b2, ainsi qu’à une zone clé du circuit de la récompense, en charge de délivrer la dopamine.

À savoir ! Classiquement, en injectant de la nicotine par voie intraveineuse, les neurones à dopamine augmentent leur activité électrique, libérant de la dopamine responsable de l’addiction.

Les chercheurs ont ainsi comparé le temps que passaient les souris dans deux compartiments : un compartiment avec nicotine et un compartiment sans nicotine :

  • Sous lumière verte, lorsque la nicotine pouvait exercer son effet, ils ont observé que les souris passaient plus de temps dans le compartiment avec nicotine.
  • Sous lumière violette, les souris passaient en revanche autant de temps dans chaque compartiment ce qui prouve qu’elles n’étaient plus attirées par la nicotine.

L’effet de la nicotine étant fortement réduit sous lumière violette, mais rapidement restauré sous lumière verte, les chercheurs en ont conclu qu’il est possible d’inhiber l’attrait pour la nicotine en enclenchant cet interrupteur. Ces résultats suggèrent donc que l’addiction pour la nicotine peut être contrôlée chez les souris de manière rapide et réversible :

« Cette technologie novatrice permet de mieux comprendre le rôle des différents récepteurs nicotiniques et des différentes voies neuronales dans la mise en place, le maintien de l’addiction à la nicotine, mais aussi dans les processus de manque et de rechute. »

Cette étude ouvre la voie à l’identification de nouvelles pistes thérapeutiques pour lutter contre l’addiction au tabac.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Eteindre l’addiction à la nicotine grâce à la lumière ? Communiqué de presse INSERM. Le 10 Septembre 2018.
– Aux frontières du cerveau. CNRS le Journal. Le 19 juin 2017.
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