Un sevrage tabagique facilité avec la metformine ?

Actualités Addiction Métabolisme Neurologie Santé au quotidien (maux quotidiens)

Rédigé par Julie P. et publié le 29 avril 2018

Encourager et donner tous les moyens aux fumeurs pour réussir l’arrêt du tabac est un véritable défi de santé publique en France. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable qui coûte la vie à plus de 70 000 personnes chaque année. D’après une récente étude menée chez la souris, un antidiabétique, la Metformine, réduirait les symptômes d’anxiété liés à l’interruption de la consommation de nicotine. Focus sur ces résultats parus récemment dans la revue PNAS.

femme qui casse une cigarette dans sa main, sevrage tabagique avec la metformine

L’action de la metformine au cœur du cerveau

Quel lien entre un médicament antidiabétique et l’arrêt du tabac ?

C’est tout d’abord en observant les effets de la consommation de nicotine dans le cerveau de souris que l’étude a pu s’orienter vers cette direction.

En effet, les chercheurs de l’université de Pennsylvanie de Philadelphie se sont aperçus que la prise chronique de nicotine entraînait une augmentation significative de l’activation de la voie métabolique nommée AMPK dans la région cérébrale de l’hippocampe.

A l’inverse, un arrêt de nicotine chez ces mêmes souris inhibait cette même voie tout en engendrant des symptômes anxieux.

À savoir ! L’AMPK (Adenosine Mono Phosphate-activated protein Kinase) est une enzyme (protéine accélérant la vitesse des réactions chimiques) connue pour activer la dégradation des lipides et du glucose afin de synthétiser de l’ATP, le carburant des cellules.

Pour donner suite à ces observations, les chercheurs ont voulu mesurer les effets de molécules activant la voie de l’AMPK, comme la metformine, chez des souris conditionnées pour être en période de sevrage de nicotine.

À savoir ! La metformine est un antidiabétique oral permettant de diminuer l’excès de sucre dans le sang sans favoriser la sécrétion d’insuline, contrairement aux sulfamides hypoglycémiants. Il est utilisé dans le traitement du diabète de type 2 quand les mesures d’hygiène de vie (régime alimentaire et exercice physique) sont insuffisantes pour contrôler le diabète.

Grâce à deux tests validés pour mesurer l’anxiété chez les rongeurs, ils ont constaté, comparativement aux souris témoins, une réduction des comportements anxieux chez les souris traitées avec la metformine.

« En nous basant sur nos résultats montrant l’efficacité préclinique de la metformine pour soulager les comportements anxieux après le sevrage tabagique, nous proposons que l’activation de l’AMPK dans le cerveau via la metformine soit envisagée comme une nouvelle pharmacothérapie dans le sevrage tabagique » concluent les auteurs dans leur étude.

Lire aussiIdentifier, prendre en charge et suivre une addiction au tabac

Les autres pistes pour combattre l’anxiété liée à l’arrêt du tabac

L’arrêt du tabac provoque des effets physiologiques, affectifs et cognitifs.

L’ensemble des effets négatifs du sevrage du tabac comme les maux de tête, l’irritabilité, le manque de concentration, les insomnies, voire la dépression, sont directement associés à une rechute précoce.

Pour contrer les effets de l’anxiété consécutive à ce sevrage, différentes techniques existent.

D’un point de vue pharmacologique, il est possible de prendre des antidépresseurs ou des relaxants pendant son sevrage tabagique.

Aussi, de nombreuses études sur l’animal et l’homme ont exploré l’influence du ciblage des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine.

À savoir ! Les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine jouent un rôle dans le contrôle des mouvements volontaires, la mémoire et l’attention, le sommeil et la veille, la douleur et l’anxiété. Il est principalement présent dans le système nerveux végétatif et dans les systèmes cérébraux dopaminergiques et noradrénergiques dont ceux inclus dans le système de récompense. Ils sont nommés « récepteurs nicotiniques » car la nicotine est un agoniste de ce récepteur en les activant tout comme le neurotransmetteur acétylcholine.

Compte tenu des effets secondaires engendrés, ces molécules agissant sur les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine sont peu proposées ou non autorisées à la vente en France.

Les autres pistes non pharmacologiques pour lutter contre cette anxiété sont :

  • Les thérapies cognitivo-comportementales ou TCC ;
  • La méditation de pleine conscience ;
  • L’accompagnement par un tabacologue ou un professionnel de santé ;
  • La pratique de sport et de séances de relaxation ou de yoga ;
  • Les applications digitales comme « Tabac-Info Service » pour avoir des réponses à ses questions en temps réel.

Pour valider l’efficacité et l’innocuité de la prise de metformine dans un cadre de sevrage tabagique, une étude clinique devra être mise en place prochainement.

Lire aussiArrêter de fumer : les bénéfices en 10 étapes

Julie P., Journaliste scientifique

– Metformine EG. Vidal. Consulté le 23 avril 2018.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *