Maladie d’Alzheimer : bientôt un traitement ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 10 septembre 2018

Selon les derniers chiffres publiés par l’INSERM, la maladie d’Alzheimer, maladie neurodégénérative la plus fréquente en France, pourrait toucher 1,3 millions de personnes à l’horizon 2020. A l’occasion de la dernière conférence de l’Association Internationale sur l’Alzheimer (AAIC), qui s’est tenue à Chicago en juillet 2018, deux laboratoires pharmaceutiques ont dévoilé les résultats prometteurs d’une étude clinique, menée sur un nouveau traitement contre cette maladie. Des résultats qui n’ont pas échappé à toutes les personnes concernées de près ou de loin par cette maladie.

A la recherche d’un potentiel traitement

La maladie d’Alzheimer est d’ores et déjà la maladie neurodégénérative la plus fréquente en France, et les spécialistes estiment qu’elle va encore s’accroître dans les prochaines années. Les études menées dans le monde pour mettre au point un traitement efficace contre cette pathologie revêtent un intérêt tout particulier, car à ce jour aucun traitement ne permet de guérir la maladie d’Alzheimer.

Récemment, deux laboratoires pharmaceutiques ont mené une étude clinique de phase II sur un potentiel médicament qui s’avère prometteur. L’étude clinique a inclus 856 patients atteints de stades précoces de la maladie d’Alzheimer, qui ont été traités sur une période de 18 mois par une substance appelée BAN2401. Les patients présentaient au début de l’étude des atteintes cognitives modérées, liées à une maladie d’Alzheimer récente ou à des prémices de la maladie d’Alzheimer.

Les patients ont été aléatoirement répartis dans 6 groupes :

  • Un groupe traité par BAN2401 deux fois par semaine à la dose de 2,5 mg/kg (52 patients) ;
  • Un groupe traité par BAN2401 une fois par mois à la dose de 5 mg/kg (51 patients) ;
  • Un groupe traité par BAN2401 deux fois par semaine à la dose de 5 mg/kg (92 patients) ;
  • Un groupe traité par BAN2401 une fois par mois à la dose de 10 mg/kg (253 patients) ;
  • Un groupe traité par BAN2401 deux fois par semaine à la dose de 10 mg/kg (161 patients) ;
  • Un groupe témoin traité par placebo.

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L’anticorps BAN2401

La substance BAN2401 est un anticorps monoclonal anti-protofibrilles béta-amyloïde. Cet anticorps se lie sélectivement aux agrégats solubles et toxiques béta-amyloïde (les plaques amyloïdes), entraînant leur neutralisation et leur élimination. Ces plaques sont reconnues comme impliquées dans les mécanismes pathologiques de la maladie d’Alzheimer et seraient responsables des altérations cognitives, notamment de la perte de mémoire caractéristique de la maladie. Parallèlement, les plaques amyloïdes sont utilisées pour diagnostiquer la maladie, puisqu’elles peuvent être détectées par des technologies particulières de scanner (PET-Scan).

A l’issue des traitements, les chercheurs ont observé que l’anticorps BAN2401 entraînait une baisse dose-dépendante des plaques amyloïdes. La réduction des plaques était significative pour l’ensemble des doses testées, mais les doses les plus fortes utilisées (10 mg/kg par mois et 10 mg/kg deux fois par semaine) apparaissaient comme les plus efficaces. A la dose la plus élevée, une disparition des plaques amyloïdes a été mise en évidence pour 81 % des patients après 18 mois de traitement. A cette dose, une baisse de l’aggravation des troubles de la mémoire a été observée pour 30 % des patients. Les analyses statistiques révèlent que la probabilité que la plus forte dose de BAN2401 ralentisse le déclin cognitif plus que le placebo est de 98 %.

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Vers un traitement de la maladie d’ici quelques années !

Si l’anticorps BAN2401 s’avère prometteur en termes d’efficacité, qu’en est-il de sa tolérance ? L’étude clinique révèle un profil de tolérance acceptable sur les 18 mois de traitement. Les principaux effets secondaires détectés sont liés à l’administration de l’anticorps, avec des œdèmes et des inflammations cérébrales chez près de 10 % des patients. Parallèlement, l’incidence d’évènements graves n’était pas supérieure dans les différents groupes de patients, par rapport au groupe témoin ayant reçu le placebo.

Cette étude clinique montre pour la première fois qu’une substance serait capable de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer, en réduisant la formation des plaques amyloïdes. De tels résultats pourraient prochainement révolutionner la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. En effet, les médecins pourraient disposer d’un traitement efficace contre la maladie, si les études cliniques de phase III – actuellement en cours notamment à Toulouse – confirment l’intérêt de l’anticorps BAN2401. Si tel est le cas, un premier traitement de la maladie d’Alzheimer pourrait voir le jour d’ici deux ou trois ans. Un formidable espoir pour toutes les personnes touchées par cette pathologie.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– EISAI AND BIOGEN ANNOUNCE DETAILED RESULTS OF PHASE II CLINICAL STUDY OF BAN2401 IN EARLY ALZHEIMER’S DISEASE AT ALZHEIMER’S ASSOCIATION INTERNATIONAL CONFERENCE (AAIC) 2018. Communiqué de presse. 25 juillet 2018.