Maladie d’Alzheimer : le lecanemab arrive en Europe
Un nouveau médicament contre la maladie d’Alzheimer, le lecanemab (Leqembi®), a reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM) par la Commission européenne. Première immunothérapie anti-amyloïde validée dans l’Union, il s’adresse aux patients à un stade précoce de la maladie. Quelles sont ses spécificités ? Quelles limites encadrent son usage ? Et qu’implique cette décision pour les malades et leurs proches ? On fait le point.
Un traitement innovant aux indications restreintes
Le lecanemab est un anticorps monoclonal qui cible la protéine bêta-amyloïde, impliquée dans la formation des plaques cérébrales caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Administré par perfusion toutes les deux semaines, il a montré en essai clinique une réduction de 27 % du déclin cognitif après 18 mois, sur des fonctions essentielles, comme la mémoire ou l’orientation.
Cependant, ce traitement ne s’adresse pas à tous. Il est réservé aux patients :
- ayant des troubles cognitifs légers ou une démence légère due à Alzheimer ;
- présentant un dépôt amyloïde confirmé ;
- non porteurs du gène ApoE4, associé à un risque élevé d’effets secondaires graves.
Ces restrictions visent à réduire les complications, notamment les œdèmes et hémorragies cérébrales (ARIA), qui nécessitent une surveillance IRM régulière.
Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (donépézil, rivastigmine, galantamine) :
– Améliorent temporairement la mémoire, l’attention et certaines fonctions cognitives.
– Utilisés aux stades légers à modérés de la maladie.
– Limites : efficacité modeste, effets secondaires digestifs ou cardiaques possibles.
– Les antagonistes des récepteurs NMDA (mémantine)
– Réduisent la toxicité du glutamate, impliquée dans la dégénérescence neuronale.
– Indiqués aux stades modérés à sévères.
– Limites : ne stoppe pas l’évolution de la maladie, bénéfice modéré.
Autorisation du lecanemab en Europe : une procédure complexe
L’autorisation de mise sur le marché du lecanemab en Europe n’a pas été simple. Un premier avis défavorable a d’abord été rendu en juillet 2024, la commission estimant que le rapport bénéfice-risque était insuffisant. Après un appel du laboratoire Eisai, soutenu par des associations de patients, l’autorisation du médicament a été validée en avril 2025. L’Europe rejoint ainsi d’autres pays qui l’avaient déjà approuvé, comme les États-Unis, le Japon, la Chine, le Royaume-Uni ou Israël.
En Allemagne et en Autriche, le lecanemab a commencé à être administré au troisième trimestre 2025, dans le cadre de programmes d’accès contrôlés. En France, le médicament n’est pas encore commercialisé, mais une procédure d’accès précoce a été demandée auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS).
Un espoir pour les malades mais des limites à ne pas négliger
L’autorisation du lecanemab est vécue comme un tournant historique. Elle relance l’espoir d’un traitement capable de ralentir l’évolution de la maladie. Les associations de patients saluent cette décision, qui pourrait améliorer le quotidien de milliers de familles confrontées à Alzheimer.
Néanmoins, plusieurs limites doivent être soulignées :
- Le bénéfice reste modeste (ralentissement, mais pas arrêt ni réversion de la maladie).
- La surveillance médicale est lourde (IRM régulières, suivi spécialisé) face au risque d’effets secondaires graves.
- Le nombre de patients éligibles demeure réduit en raison d’indications réduites.
- Les conditions de remboursement sont encore en cours de discussion.
L’arrivée du lecanemab en Europe marque une étape importante dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Ce traitement ciblé, validé après de nombreux débats, ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour les patients à un stade précoce de la maladie. Mais son accès reste limité et son rapport bénéfice-risque devra être confirmé dans la pratique clinique. En attendant, cette avancée met en lumière l’importance du diagnostic précoce et rappelle que la recherche continue, pour offrir des solutions à tous les patients, quel que soit leur stade de maladie.
– Le quotidien du pharmacien, Le bénéfice-risque du lecanemab en question. lequotidiendupharmacien.fr. Consulté le 03 septembre 2025.
– Fondation vaincre Alzheimer, Autorisation du lecanemab en Europe : un espoir pour les malades d’Alzheimer. www.vaincrealzheimer.org. Consulté le 03 septembre 2025.
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