Un premier essai clinique prometteur sur une thérapie génique contre la maladie d’Alzheimer

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 mai 2023

Environ 1 million de personnes vivent en France avec la maladie d’Alzheimer et près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Aucun traitement n’est capable de soigner cette maladie actuellement. Récemment, des chercheurs ont mené un essai clinique sur un modèle de souris pour tester l’intérêt d’une thérapie génique contre la maladie d’Alzheimer. Résultats.

Thérapie génique contre la maladie d'Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer, la plus fréquente des démences

La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus fréquente et sa prévalence ne cesse d’augmenter d’année en année. Au cours des dernières années, les chercheurs et les médecins ont acquis des connaissances plus précises sur les mécanismes physio-pathologiques responsables de la maladie. Leurs efforts portent principalement à deux niveaux :

  • Améliorer le diagnostic de la maladie, en développant des tests spécifiques à l’aide de biomarqueurs faciles à doser ;
  • Mettre au point des traitements capables de guérir la maladie.

Actuellement, aucun traitement ne permet de stopper la maladie d’Alzheimer. Cette pathologie est liée à l’accumulation de protéines anormales, les protéines amyloïdes et tau, dans différentes régions cérébrales. Des études antérieures ont suggéré que la réduction de la quantité de protéines tau au niveau cérébral pourrait réduire les signes de la maladie. Dans ce contexte, des chercheurs ont récemment mené un premier essai clinique pour évaluer une thérapie génique dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.

Une thérapie génique contre la maladie d’Alzheimer ?

La thérapie génique développée par les chercheurs cible l’expression du gène codant pour la protéine tau. En inhibant cette expression, ils cherchent à réduire la présence de protéine tau et ainsi à améliorer l’état clinique de patients atteints de maladie d’Alzheimer légère. Pour évaluer leur thérapie génique, ils ont mené un essai clinique de phase 1b, randomisé, en double aveugle, contrôlé contre placebo et à doses multiples croissantes. L’objectif de cet essai clinique était d’évaluer l’innocuité, la pharmacocinétique et l’effet de la thérapie génique.

Au total, 46 patients, atteints d’une forme légère de la maladie d’Alzheimer ont été recrutés pour cet essai clinique, mené entre 2017 et 2020. Aléatoirement, ils ont été répartis en deux groupes :

  • Un groupe de 34 patients ont reçu toutes les 4 ou 12 semaines sur une période de 13 semaines, des doses croissantes de thérapie génique (administrée par voie intrathécale) ;
  • Un groupe de 12 patients ont reçu un placebo.

Eteindre le gène codant pour la protéine tau pour lutter contre les effets de la maladie d’Alzheimer

Après une période après traitement de 23 semaines, les critères d’évaluation étaient l’innocuité, le passage de la thérapie génique dans le liquide céphalorachidien et la concentration de protéines tau totale dans le liquide céphalorachidien (le liquide céphalorachidien, ou liquide cérébrospinal, est le liquide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière). Des événements indésirables, légers ou modérés, ont été observés respectivement chez 94 % et 75 % des patients des groupes « test » et « placebo ». L’effet secondaire le plus fréquemment observé était des maux de tête. Au final, plus de 90 % des patients ont poursuivi l’étude jusqu’à son terme.

Sur le plan de l’évaluation, une réduction dose-dépendante de la concentration totale en protéines tau dans le liquide céphalorachidien a été observée grâce à la thérapie génique. La réduction moyenne était supérieure à 50 %, par rapport à la concentration au début de l’étude, 24 semaines après une dernière dose de 60 mg (schéma à 4 doses) ou de 115 mg (schéma à 2 doses). Ce premier essai clinique sur la thérapie génique ciblant la protéine tau révèle qu’il est possible de réduire la concentration en protéines tau chez des sujets atteints de maladie d’Alzheimer légère. Un essai prometteur, même s’il reste désormais à prouver que la réduction de la concentration en protéines tau améliore significativement l’état clinique des patients, et dans quelles proportions.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Tau-targeting antisense oligonucleotide MAPTRx in mild Alzheimer’s disease. www.nature.com. Consulté le 3 mai 2023.
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