Douleur et cancer


Rédigé par Lina R. et publié le 9 février 2018

Douleur du cancer

La douleur est un symptôme fréquent du cancer. Elle est caractérisée par une sensation complexe, à la fois physique et émotionnelle. Subjective, la douleur repose avant tout sur un ressenti, ce qui la rend difficile à quantifier et à qualifier. Comprendre son origine permet aux patients de mieux vivre avec leur maladie.

Comprendre sa douleur

Afin de mieux comprendre les réactions de défense du corps, il est primordial de définir ce qu’est qu’une douleur, quand se déclenche-t-elle et sous quelle forme elle s’exprime.

douleur du cancer
Causes des douleurs du cancer

La douleur est un symptôme fréquent dans tous les types de cancers et concerne 48 % des malades selon l’Institut National du Cancer. Elle peut être liée au développement de la tumeur, à son traitement ou à des complications induites par la maladie.

La localisation, la durée, la fréquence et le type de douleur que l’on ressent sont des informations nécessaires à l’organisme et permet de sonner le signal d’alarme. Comprendre l’origine de la douleur est donc le premier moyen d’y remédier.

À savoir ! Il ne faut pas sous-estimer l’aide que peuvent apporter les proches du patient dans la gestion de la douleur. En parler, c’est aussi se donner les moyens de la surmonter.

A un stade avancé de la maladie, la douleur peut devenir chronique et commence à faire partie du quotidien du malade. Elle devient alors un signal constant de l’organisme, qui tente tant bien que mal d’exprimer les transformations qu’on lui inflige. Le sujet se verra contraint de l’accepter pour mieux la surmonter.

Les douleurs liées à la tumeur elle-même

Lorsque les cellules cancéreuses compriment ou détruisent certains tissus, l’information est transmise au cerveau. Une fois décrypté, le signal induit est converti en réaction nociceptive ou douleur. La sensation de douleur dépend de la localisation de la tumeur.

Certains cancers sont douloureux dès leur apparition, d’autres restent indolores même à un stade avancé.

De plus, si la tumeur abîme certaines parties du système nerveux en les comprimant, des douleurs peuvent apparaître : il s’agit alors d’un dysfonctionnement du circuit électrique du nerf créant la sensation de douleur. On parle alors de douleurs neuropathiques.

Toutefois, la douleur ressentie n’est pas une information suffisante pour évaluer la gravité d’un cancer.

Les douleurs liées au traitement de la maladie (radiothérapie, chirurgie, chimiothérapie)

Les sujets atteints de cancer, indépendamment du stade d’avancement de la maladie, auront recours à des traitements de toutes sortes comme la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie.

La douleur chirurgicale

Suite à une intervention chirurgicale, le corps « brutalisé » déclenche un signal d’alarme aigue, parfois persistant, provenant de la région opérée. Ce signal est induit par des facteurs inflammatoires qui stimulent la réponse nociceptive de sorte à mobiliser des cellules régénératrices au niveau de la zone lésée. En effet, après une chirurgie, les patients peuvent ressentir un engourdissement accompagné de fourmillements douloureux au niveau de la zone opérée.  Ces douleurs sont en général passagères, elles durent quelques semaines le temps que la plaie cicatrise. Néanmoins, ces douleurs doivent être prises en charge rapidement.

Les douleurs de la chimiothérapie

Conçue pour faire régresser la masse tumorale, la chimiothérapie est un traitement général qui agit sur l’ensemble du corps. Elle peut entrainer des douleurs aigues qui perdurent tout au long du traitement.

Le sujet traité peut ressentir des douleurs à différents niveaux en fonction des produits utilisés :

  • Atteinte de la bouche (atteinte des muqueuses fragiles de la cavité buccale rendant parfois l’alimentation difficile)
  • Atteinte de la peau, notamment au niveau de la paume des mains et la plante des pieds (douleurs et rougeurs)
  • Atteinte des nerfs (douleurs neuropathiques)
  • Atteintes digestives (diarrhées, crampes d’estomac et vomissements)

La chimiothérapie est souvent dure à supporter de par son impact physique. Ces traitements peuvent également être à l’origine d’une fatigue psychique pouvant déboucher sur de l’anxiété ou une dépression.

À savoir ! En cas de chimiothérapie, il faut éviter de s’exposer au soleil pour éviter d’accentuer rougeurs et irritations cutanées.

Les douleurs de la radiothérapie

La radiothérapie est une technique qui utilise des rayons pour détruire la tumeur. Bien que les rayons soient indolores, ils peuvent provoquer une inflammation en traversant les zones non malades avant d’atteindre la tumeur. Les douleurs peuvent être ressenties sous forme de

  • Brûlures
  • Démangeaisons,
  • Irritation

Si les rayons traversent le tube digestif, cela peut provoquer des crampes au niveau de l’estomac ou de l’intestin. On peut réduire le risque de douleurs en adoptant une alimentation particulière : des repas faciles à avaler (purée, compote, soupe) et beaucoup d’eau et de boissons sucrées. Il faut aussi éviter de manger juste avant ou juste après une séance de radiothérapie.

À savoir ! Si les douleurs nociceptives liées à la chimiothérapie et la radiothérapie disparaissent à la fin du traitement, les douleurs neuropathiques peuvent durer parfois des années après la fin du traitement. Elles nécessitent une prise en charge à part entière.

Les douleurs liées aux soins

De nombreux soins liés au traitement du cancer peuvent être douloureux : les injections, les prélèvements (prise de sang, biopsie, etc.), les pansements, etc. Cependant, de grandes avancées thérapeutiques permettent aujourd’hui de mieux prendre en charge la douleur liée aux soins, grâce à des traitements préventifs sous forme de sprays ou de gaz anesthésiants.

Soulager la douleur avec des traitements pharmacologiques

La prise en charge de la douleur liée au cancer repose en grande partie sur des traitements médicamenteux, mais elle s’avère insuffisante dans 62 % des cas.

Il existe trois paliers d’antalgiques définis par l’OMS qui permettent de classer les antalgiques des moins puissants aux plus puissants. Ils sont choisis en fonction du mécanisme et de l’intensité de la douleur.

  • Le palier 1 regroupe les non opioïdes (paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens, salicylés) et convient aux douleurs faibles à modérées.
  • Le palier 2 est constitué des opioïdes faibles (tramadol associé ou non au paracétamol, codéine associée au paracétamol, poudre d’opium associée au paracétamol, ou éventuellement dihydrocodéine) soulageant des douleurs modérées à intenses.
  • Le palier 3 regroupe les opioïdes forts (morphiniques) et convient aux douleurs intenses à très intenses.

Plusieurs voies d’administration simples et indolores sont disponibles : voie percutanée (sous la forme de patch), sublinguale (comprimé à placer sous la langue), spray nasal, ou encore per gingivale (via la gencive).

Dans les douleurs rebelles, d’autres voies comme la voie intrathécale (injection directement dans le liquide cephalo-rachidien au niveau lombaire) peuvent être envisagées.

Des antidépresseurs peuvent aussi être prescrits, non pas pour soigner une dépression, mais parce qu’ils permettent de mieux soulager les douleurs neuropathiques par rapport à d’autres médicaments antalgiques.

Lors des soins, des anesthésiques locaux, disponibles sous plusieurs formes (spray, gel, patch) permettent d’insensibiliser temporairement une zone douloureuse. Le gaz oxygène-protoxyde d’azote (« gaz hilarant ») est un gaz permettant l’analgésie, c’est-à-dire un niveau de douleur minimum. Il peut être utilisé lors des soins, notamment chez l’enfant.

Soulager la douleur par des traitements non pharmacologiques

L’efficacité des traitements non pharmacologiques n’a jamais été scientifiquement établie dans la diminution de la douleur. Cependant, la prise en charge de la douleur peut être de meilleure qualité lorsque des traitements non médicamenteux sont associés à des traitements médicamenteux. Ces traitements sont d’ailleurs proposés dans de plus en plus d’établissements de santé. On peut citer :

  • Le soutien psychologique (proches et professionnels de santé),
  • La kinésithérapie (massages, utilisation du chaud et du froid, relaxation…),
  • L’acupuncture,
  • La relaxation,
  • L’hypnose
  • La sophrologie.

La plupart de ces activités nécessitent l’intervention d’un professionnel, qui pourra également vous apprendre des techniques et des exercices à faire à domicile pour soulager la douleur en cas de besoin. Pensez-y !

Lina R., Journaliste scientifique

– Comment prevenir et soulager la douleur pendant un cancer. LA LIGUE CONTRE LE CANCER, brochure consultée le 01.02.18
– Prise en charge de la douleur du cancer chez l’adulte – AFSOS, n.d. . Assoc. Francoph. Soins Oncol. Support.
– Cancer et douleur : toutes les solutions , n.d. . Inst. Curie. Consulté le 2.2.18.
– Pendant/après une radiothérapie – Douleurs et traitements | Institut National Du Cancer, n.d. Consulté le 2.2.18.

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