Chimiothérapie


Rédigé par Charline D. et publié le 7 juin 2018

La chimiothérapie est un traitement médicamenteux utilisé le plus souvent contre le cancer, mais aussi certaines maladies auto-immunes. L’emploi du terme « chimiothérapie » a toujours tendance à effrayer d’une part pour son lien avec le cancer, de l’autre pour ses effets indésirables.

médecin expliquant à une patiente sa chimiothérapie

Qu’est-ce que la chimiothérapie ?

En 2015, près de 308 634 personnes étaient traités par chimiothérapie, une augmentation de 12,3% du nombre de patients traités depuis 2010.

La chimiothérapie est un traitement dont la principale indication est le cancer. Cette thérapeutique repose sur l’administration d’une ou plusieurs molécules chimiques s’attaquant aux cellules cancéreuses présentes dans l’organisme. L’administration peut être effectuée par perfusion, par voie orale ou par voie cutanée (cancer de la peau). Parfois, plusieurs voies d’administration peuvent être combinées.

Il faut savoir que chaque traitement est individuel, c’est-à-dire adapté sur-mesure à chaque patient. La chimiothérapie peut être utilisée seule, mais le plus souvent elle est couplée à une ou plusieurs autres thérapies. On parle de chimiothérapie :

  • Néo-adjuvante : la chimiothérapie est administrée avant le traitement principal (chirurgical ou radiothérapie) pour réduire la taille de la tumeur pour la rendre plus facile à traiter ;
  • Adjuvante : la chimiothérapie est administrée après une chirurgie ou la radiothérapie pour éliminer les cellules cancéreuses restantes ;
  • Chimioradiothérapie : la chimiothérapie est administrée en même temps que la radiothérapie.

La chimiothérapie est également utilisée pour détruire les cellules cancéreuses avant une transplantation de moelle osseuse ou de cellules souches. C’est la myéloablation ou myélosuppression.

Lieu d’administration

Le lieu de l’administration dépend du médicament prescrit et de sa voie d’administration. Généralement, les chimiothérapies par voie intraveineuse sont administrées en hospitalisation de jour et peuvent durer entre 30 minutes et plusieurs heures. Parfois, le traitement doit être étalé sur plusieurs jours, et dans ce cas le patient est hospitalisé. Le traitement peut aussi être administré à domicile.

Durée et fréquence

La durée et la fréquence de la chimiothérapie dépendent du type de cancer et du médicament employé. Chaque séance de chimiothérapie, appelée cycle, est suivie d’une période de repos afin que l’organisme puisse récupérer des effets de la chimiothérapie. Le nombre de cycles nécessaire varie selon le type de cancer et son stade et de la manière dont l’organisme du patient réagit. Une chimiothérapie complète peut prendre plusieurs mois.

Comment agit la chimiothérapie ?

Description du fonctionnement d’une cellule

Tout être humain est constitué de milliards de cellules qui se développent, occupent une fonction et meurent de façon programmée. On parle de cancer lorsqu’une cellule normale est altérée par plusieurs anomalies génétiques (appelées scientifiquement mutations) qui ont échappé au processus naturel de réparation cellulaire. Sans réparation, la cellule devient anormale et si elle n’est pas détruite, elle va se multiplier afin de former une masse cancéreuse (ou une tumeur).

En effet, la cellule représente l’unité de base de tout organisme vivant. On peut parler d’usine miniature : c’est la plus petite unité capable de fonctionner en autonomie. Elle dispose de ses propres systèmes de fabrication, de stockage, de transport et de communication. L’ensemble de ces systèmes lui permettent de se développer et de se différencier, autrement dit d’acquérir certaines caractéristiques propres à la fonction qu’elle va occuper dans l’organisme. Enfin, elles lui permettent aussi de se diviser (on parle de « mitose ») et de mourir (scientifiquement, on parle d’« apoptose »).

Physiquement, une cellule est composée d’une membrane renfermant un gel appelé cytoplasme, dans lequel baigne le noyau. Dans ce noyau, on trouve l’ensemble du matériel génétique de l’individu stocké sous forme de chromosomes. Ces chromosomes contiennent l’ADN sur lequel les gènes sont inscrits. Les gènes présents sur l’ADN renferment des instructions précises contribuant au fonctionnement de chaque cellule de l’organisme.
schéma de cellule

Pour aller plus loin… Les instructions contenues dans les gènes sont traduites en protéines via un code nommé « code génétique ». Ainsi, on peut représenter les protéines comme des agents de terrain chargés d’assurer le fonctionnement de la cellule selon les instructions génétiques qu’elles ont reçu.

À savoir ! Afin de se reproduire, toutes les cellules de l’organisme, à part les spermatozoïdes et l’ovule, se divisent selon le même mécanisme : la mitose. Ce processus de division est appelé cycle cellulaire. Il décrit la façon dont une cellule mère donne naissance à 2 cellules filles strictement identiques. Il existe 5 phases lors du cycle cellulaire :

  • Une phase de repos (G0) ;
  • Une phase de croissance (G1) ;
  • Une phase de synthèse (S) ;
  • Une seconde phase de croissance (G2) ;
  • Une phase de division (M).

Description du processus de cancérisation

Entre chaque cycle cellulaire, de façon à vérifier que le processus en cours se déroule correctement, il existe des points de contrôle. Lorsqu’une anomalie est détectée, la cellule déclenche soit une correction des erreurs soit une autodestruction. Si des erreurs ne sont pas détectées, elles s’accumulent. Et, c’est cette accumulation qui est à l’origine d’un cancer. On estime qu’une dizaine de mutations peuvent engendrer un processus de cancérisation.

Dans la majorité des cas, les anomalies ou mutations surviennent sur l’ADN d’une cellule dite somatique (n’intervient pas dans la reproduction) d’un tissu, par exemple sur l’ADN d’une cellule du côlon ou du poumon. Ainsi, ce type de mutations dites somatiques ne sera pas transmis à la descendance, à l’inverse des mutations affectant les cellules impliquées dans la reproduction qui elles donneront lieu à des cancers qualifiés d’héréditaires.

Ces anomalies ou mutations peuvent être dues au hasard ou à l’exposition à plusieurs facteurs de risque (tabac, alcool, virus par exemple). En effet, un cancer n’a jamais de cause unique. Il est le résultat d’un ensemble de facteurs.

On distingue différentes étapes dans le développement d’un cancer :

  • Une lésion majeure au niveau de l’ADN d’une cellule engendre une transformation de la cellule ;
  • La cellule transformée se développe et prolifère (via le processus de mitose) ;
  • La cellule acquiert les caractéristiques d’une cellule cancéreuse : multiplication anarchique, immortalité, perte de sa spécificité pour un tissu.

L’évolution est d’abord locale, puis elle peut s’étendre via le sang ou la lymphe à d’autres tissus : on parle alors de métastases.

L’action de la chimiothérapie

La chimiothérapie anticancéreuse fait intervenir des médicaments chargés d’interférer avec le fonctionnement cellulaire. Ils permettent ainsi d’obtenir :

  • La mort cellulaire, ce sont les médicaments cytotoxiques ;
  • L’arrêt de la prolifération cellulaire, ce sont les médicaments cytostatiques.

Les médicaments cytotoxiques ont un index thérapeutique étroit. Leurs effets indésirables sont très souvent la conséquence directe de leurs effets sur les cellules non tumorales. En effet, les altérations induites par ce type de médicament ne sont malheureusement pas spécifiques aux cellules cancéreuses. Les médicaments de chimiothérapie ciblent le matériel génétique des cellules capables de se diviser rapidement afin d’entraver la division cellulaire et donc la croissance de la tumeur. Ainsi, des tissus sains se renouvelant rapidement sont dans le même temps endommagés, par exemple les racines capillaires, la moelle osseuse et la muqueuse digestive. Ces toxicités dépendent de la dose et peuvent être à l’origine de sévères complications.

Les médicaments cytostatiques peuvent quant à eux être utilisés à des doses non toxiques. Leur effet aboutit à un retard de croissance de la tumeur. Ils peuvent être utilisés en association avec les médicaments cytotoxiques.

L’utilisation de plusieurs molécules chimiques, ou polychimiothérapie, est fréquente. En effet, l’association de plusieurs médicaments permet d’additionner leurs effets. Ces associations constituent les « protocoles de chimiothérapie ». Des traitements sont également souvent associés pour lutter contre les effets indésirables provoqués par la chimiothérapie. On parle dans ce cas de soins de support.

Quels sont les effets secondaires ?

Les médicaments utilisés dans la chimiothérapie altèrent les cellules qui se divisent rapidement comme les cellules cancéreuses. Les cellules saines de l’organisme présentent dans le sang, la bouche, le nez, les ongles, le vagin et les racines capillaires possèdent malheureusement cette même propriété de renouvellement rapide, ce qui en fait des cibles de la chimiothérapie. Les effets secondaires de la chimiothérapie découlent ainsi directement des dégâts causés à ces cellules :

  • Fatigue ;
  • Perte de cheveux ;
  • Anémie, saignement et ecchymoses ;
  • Infections ;
  • Constipation et/ou diarrhée, nausées et vomissements ;
  • Perte d’appétit ;
  • Problèmes buccaux (lésions ou douleur à la déglutition) ;
  • Problèmes nerveux et musculaires (picotements, douleurs, perte de sensibilité) ;
  • Altération cutanée (peau sèche) et des ongles ;
  • Troubles au niveau du foie et de la vessie ;
  • Variation de poids ;
  • Confusion et troubles de la mémoire ;
  • Humeur variable ;
  • Trouble de la libido ;
  • Infertilité ;
  • Altération de l’acuité visuelle et de l’ouïe.

Les effets indésirables et leur intensité dépendent de la personne et du produit.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Anticancéreux : les points essentiels. PHARMACOmédicale. Consulté le 29 mai 2018.
– Chimiothérapie. Fondation contre le cancer. Consulté le 29 mai 2018.


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