Radiothérapie


Rédigé par Charline D. et publié le 8 juin 2018

La radiothérapie est un traitement fréquemment employé pour traiter le cancer, seul ou en association avec d’autres thérapies. Il repose sur l’exposition du patient à des rayonnements afin de détruire les cellules cancéreuses.

Les rayons X ont été découverts par le physicien allemand Röntgen en 1895. Les premières applications sont liées à la capacité de ces rayons à traverser le corps tout en étant plus ou moins freinés selon les tissus traversés. Les applications en sont la radioscopie et la radiographie dans le cadre du diagnostic médical. Les propriétés de ces rayons, capables de détruire les tissus malades, furent exploitées dans la radiothérapie.

radiothérapie

Qu’est-ce que c’est ?

La radiothérapie est un traitement local du cancer. Elle repose sur l’utilisation de rayonnements ionisantes dans une région anatomique bien définie pour détruire les cellules de la tumeur.

Les radiations ionisantes comprennent :

  • Les rayonnements électromagnétiques (photons) de haute énergie (rayons X, rayons gamma) qui ont la capacité de traverser aisément les tissus humains et de déposer leur énergie en profondeur ;
  • Des particules chargées (électrons, atomes ionisés) ou non chargées (neutrons) animées d’une vitesse élevée, du même ordre de grandeur que celle de la lumière.

À savoir ! Il existe deux sortes de photons : les photons gamma et les photons X. Ils ne diffèrent pas par leur nature mais par leur origine et leur mode de production. Les photons gamma sont émis naturellement par des noyaux d’atomes radioactifs à l’occasion d’une transition nucléaire. Les machines utilisées pour les irradiations avec des photons gamma sont appelées « Cobalt ». Les photons X sont produits artificiellement par le bombardement d’un métal lourd par un faisceau d’électrons rapides. Ces photons sont produits par des accélérateurs linéaires.

Les photons sont des rayonnements électromagnétiques de haute énergie. De charge et de masse nulles, ils se propagent dans le vide à la vitesse de la lumière.

Ils ont la capacité de traverser aisément les tissus humains et de déposer leur énergie en profondeur.

L’objectif de cette thérapie est d’obtenir la destruction des cellules cancéreuses visées tout en préservant un maximum les tissus sains voisins. Avec la chirurgie, la radiothérapie est le traitement des cancers le plus utilisé et contribue, avec la chirurgie, à la plupart des guérisons. Près de 150 000 malades suivent une radiothérapie chaque année en France, dans environ 200 centres de radiothérapie.

Ces traitements sont assurés par environ 600 radiothérapeutes assistés de près de 200 physiciens et 1 000 manipulateurs avec 300 appareils de radiothérapie externe (des accélérateurs linéaires essentiellement).

Les différents types de radiothérapie

Il faut différencier la radiothérapie externe de la curiethérapie : types radiothérapie

La radiothérapie externe

La radiothérapie consiste en l’exposition externe du patient. On utilise essentiellement des Rayons X et électrons faciles à produire. Les rayons traversent la peau pour atteindre les cellules visées. Les photons et les électrons sont produits par des accélérateurs linéaires.

La curiethérapie

La curiethérapie repose sur l’implantation de sources radioactives directement à l’intérieur de la tumeur. Elle est utilisée dans certains cancers gynécologiques, du sein, de la bouche ou de la peau. La source radioactive est laissée quelques jours en place. Cette technique nécessite une hospitalisation du patient en chambre isolée et protégée.

À savoir ! Il existe également la curiethérapie dite à « haut débit » qui repose sur le même principe que la curiethérapie classique, mais permet de réduire le temps de traitement à quelques minutes seulement.

La radiothérapie métabolique

La radiothérapie métabolique est utilisée pour traiter certains cancers de la thyroïde, la maladie de Vaquez et certaines métastases osseuses. Ce type de radiothérapie consiste à administrer par voie orale (capsule ou boisson) ou par injection intraveineuse, une substance radioactive qui va se fixer de façon sélective sur les cellules cancéreuses pour les détruire.

La radiothérapie peut être employée seule ou en association avec d’autres thérapies telles que la chirurgie ou la chimiothérapie. Le choix dépend de la localisation et du stade de la tumeur, et de l’état général du patient.

La radiothérapie peut précéder la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur et la rendre plus facilement opérable. Elle peut aussi la suivre afin de compléter le traitement chirurgical et éliminer le reste de cellules cancéreuses. Enfin, elle peut également être administrée en même temps que la chimiothérapie.

Principe

rayonnements ionisantsLes rayonnements ionisants sont fréquemment utilisés dans divers domaines dont la médecine. Ils peuvent être utilisés aussi bien à des fins thérapeutiques que diagnostiques. La dose reçue par le patient est exprimée en gray (Gy).

Les particules ionisantes utilisées lors de cette thérapie sont, en effet, capables de léser directement diverses molécules dont l’ADN (Acide Désoxyribo Nucléique), qui est le support d’information génétique. Cette propriété est très utilisée dans la stratégie curative des tumeurs par radiothérapie. Directement ou indirectement, les rayonnements ionisants induisent principalement des altérations au niveau de l’ADN ayant pour objectif de provoquer la mort des cellules visées.

Les rayonnements sont également capables de décomposer l’eau intracellulaire sur leur trajectoire. Ils entraînent une dissociation de la molécule d’eau en radicaux libres. A partir de leur lieu de formation, ces radicaux libres s’attaquent aux molécules de la cellule.

Cependant, selon la dose de rayonnements ionisants administrée, la radiosensibilité de chaque type cellulaire et divers autres facteurs, les effets de la radiothérapie n’engendrent pas toujours des dommages irréversibles à l’ADN des cellules cancéreuses.

Cibles

Les rayonnements ionisants impactent aussi bien les tissus sains que les tissus cancéreux. La capacité de réparation des tissus sains est en revanche plus importante. L’efficacité de la radiothérapie est basée sur cet effet différentiel.

Les lésions observées à la suite d’une irradiation sont diverses :

  • Létales : elles touchent d’emblée des fonctions vitales et ne peuvent être réparées de manière fidèle par l’organisme.
  • Potentiellement létales : elles sont réparables dans des conditions favorables.
  • Sublétales : elles sont réparables.

Les cellules normales récupèrent plus vite de lésions sublétales et potentiellement létales que les cellules cancéreuses.

La radiosensibilité est maximale pendant la mitose (multiplication cellulaire). C’est pourquoi les cellules normales et les cellules tumorales (qui se multiplient beaucoup plus que les cellules normales) réagissent de façon différente aux radiations. La radiothérapie anticancéreuse exploite cette différence.

Les cellules cancéreuses sont donc plus endommagées par la radiothérapie et réparent moins bien leurs lésions. C’est pourquoi la tumeur cancéreuse est détruite, partiellement ou totalement, par la radiothérapie sans endommager les tissus sains voisins.

En pratique

Les protocoles de radiothérapie sont définis en fonction de plusieurs critères dont le type de tumeur, sa localisation, sa taille, son extension et son grade. Connaître la dose totale à appliquer ne suffit pas pour définir un traitement tel quel. Il faut également considérer la dose par fraction, le nombre de fractions (ou séances), et le nombre de fractions par jour ou semaine. Classiquement, une radiothérapie délivre une dose totale par séance de 2 Gy, une séance par jour et 5 jours par semaine. Ce modèle permet d’obtenir un ratio efficacité anti-tumorale/tolérance des tissus sains satisfaisant. Ce fractionnement permet aux tissus sains de récupérer avant la prochaine séance.

Dans la plupart des cas, la source de rayonnement est localisée à distance du patient. On parle de radiothérapie externe. L’appareil ressemble à celui d’une radiographie en un peu plus volumineux.

La séance de radiothérapie est de courte durée, c’est-à-dire quelques minutes, et n’est pas douloureuse. Une hospitalisation n’est pas nécessaire et la séance peut être effectuée en ambulatoire.

Au préalable, une séance dédiée au repérage de la zone à traiter est nécessaire. Celle-ci est plus longue. Elle peut durer 1 heure voire 2 heures. A cette occasion, le radiothérapeute effectue les calculs des doses nécessaires et va marquer sur la peau du patient les points importants à traiter. Enfin, il va déterminer la position du patient et la technique d’irradiation.

A chaque séance et comme pour tout médicament, une dose précise de rayonnement est délivrée. Les séances sont répétées à la fréquence établie par le protocole.

À savoir ! La radiothérapie rend temporairement certains fluides corporels (salive, sueur, urine) du patient, radioactifs. L’irradiation disparaît en majeure partie en quelques jours, mais il est nécessaire de prendre certaines précautions pendant cette durée, particulièrement pour protéger les visiteurs (femmes enceintes, enfants).

Quels sont les effets indésirables de la radiothérapie ?

La radiothérapie cible les cellules cancéreuses. Elle peut cependant aussi endommager des cellules saines. Les dégâts occasionnés dépendent de la partie du corps traitée, de la dose utilisée et du mode d’administration des rayonnements.

Les effets secondaires de la radiothérapie occasionnés par l’atteinte des cellules saines de l’organisme sont fréquents mais généralement transitoires. Ils disparaissent à la fin du traitement. Parfois, certains effets secondaires peuvent perdurer plusieurs mois voire plusieurs années après le traitement : altération de la peau ou de la texture capillaire, perte de cheveux, petites varices, infertilité, gonflement des membres.

Les effets secondaires les plus fréquents sont la fatigue et la perte d’appétit. Cependant, ils peuvent fortement varier d’un patient à un autre. La présence ou l’absence d’effets indésirables ne permet pas de préjuger de l’efficacité du traitement.

La radiothérapie peut ainsi entraîner :

  • Fatigue ;
  • Perte d’appétit ;
  • Problèmes cutanés ;
  • Perte de cheveux ;
  • Nausées ;
  • Diarrhée ;
  • Troubles de la libido ;
  • Troubles de la fertilité ;
  • Problèmes au niveau de la bouche et des gencives, etc.

Ainsi, une radiothérapie au niveau de la bouche ou du cou (langue, amygdales, pharynx, etc.) entraînera plutôt une perte d’appétit, un épaississement de la salive, une bouche sèche, des douleurs lors de la déglutition, une altération du goût et des troubles respiratoires.

Une radiothérapie de la poitrine (poumons, œsophage, poitrine) engendre le plus souvent une inflammation de l’œsophage, des troubles de la déglutition et des reflux gastro-œsophagiens.

Une radiothérapie au niveau du ventre (côlon, intestin grêle, prostate, utérus, etc…) est plus sujette aux nausées et vomissements, diarrhée, inflammations intestinales, flatulences, fatigue, moindre tolérance aux produits laitiers, difficulté d’absorption des nutriments via la paroi intestinale, fréquence urinaire modifiée.

À savoir ! Le risque zéro n’existe pas en radiothérapie. La notion d’équilibre bénéfice/risque repose dans ce domaine sur un compromis entre l’efficacité sur le contrôle de la tumeur et la minimisation des dommages aux tissus sains voisins. Les protocoles de traitement sont bien évidemment conçus pour tirer un maximum de bénéfices de la thérapie avec un minimum de risques.

Charline D., Docteur en pharmacie

– La radiothérapie. La ligue contre le cancer. Consulté le 29 mai 2018.
– Radiothérapie. Fondation contre le cancer. Consulté le 29 mai 2018.
– Qu’est-ce que la radiographie. Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Consulté le 29 mai 2018.


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