Mésothéliome Pleural Malin (MPM)


Rédigé par Isabelle V. et publié le 27 février 2018

Mésothéliome pleural malinLe Mésothéliome Pleural Malin (MPM) est un cancer de la plèvre de mauvais pronostic. En France, on récence environ 1 000 nouveaux malades par an. Dans plus de 80 % des cas, le MPM résulte d’une exposition professionnelle à l’amiante.

Définition et rappels

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Cavité thoracique

Le Mésothéliome Pleural Malin est une tumeur cancéreuse rare qui se développe au niveau de la plèvre.

La plèvre est une membrane qui entoure les poumons et la paroi interne de la cage thoracique. Entre ces deux feuillets, on trouve un espace virtuel : l’espace pleural ou cavité pleurale.

La plèvre est constituée de cellules mésothéliales ; ce sont elles qui vont se cancériser d’où le nom de Mésothéliome. La localisation pleurale du MPM est responsable des symptômes observés lors de la maladie.

À savoir ! D’autres membranes internes peuvent donner lieu à des mésothéliomes : le péritoine (au niveau de la cavité abdominale) ou encore le péricarde (autour du cœur).

Causes

Dans 80 à 85 % des cas, le Mésothéliome Pleural Malin est dû à une exposition professionnelle à l’amiante. Mais le MPM peut également toucher les proches qui ont été en contact avec l’amiante via les habits de la personne exposée sur son lieu de travail. Certains sols sont aussi source de contamination par l’amiante (par exemple les roches de Haute-Corse).

En cas d’exposition, des fibres d’amiante sont inhalées. Elles contaminent l’appareil respiratoire et sont notamment prises en charge par les cellules mésothéliales de la plèvre. Ces cellules ont en effet des facultés de phagocytose, c’est-à-dire qu’elles vont digérer les corps étrangers ; c’est un mécanisme de défense de l’organisme. En raison du pouvoir hautement cancérigène de l’amiante, son accumulation dans le mésothélium de la plèvre peut entraîner l’apparition d’une tumeur.

À savoir ! « Seulement » 2 à 5 % des sujets exposés professionnellement à l’amiante développeront un mésothéliome.

À savoir ! Le « scandale de l’amiante » éclate dans les années 1990, conduisant à l’interdiction de ce matériau en 1997. La nocivité de l’amiante sur la santé des ouvriers était pourtant connue depuis 1899 ! En 1955, un médecin britannique, Richard Doll fait le lien entre amiante et cancer. Pourtant, l’amiante sera abondamment utilisée comme isolant thermique jusqu’à la fin du XXème siècle.

Symptômes

Le délai d’apparition entre l’exposition à l’amiante et les premiers symptômes est variable et très long : de l’ordre de 20 à 40 ans.

Les symptômes, surtout respiratoires, sont liés au développement de la tumeur et/ou à l’accumulation de liquide dans l’espace pleural (ce qui va comprimer les poumons). Il s’agit essentiellement de :

  • Douleurs dans la poitrine ou le dos ;
  • Toux, essoufflement.

Peuvent s’y ajouter de la fièvre, une perte de poids, des sudations nocturnes…

À savoir ! Le Mésothéliome Pleural Malin est reconnue comme maladie professionnelle. Ce statut entraîne une indemnisation du travailleur touché.

Diagnostic

Le diagnostic est réalisé grâce à l’examen clinique, l’imagerie et le résultat de l’histopathologie (analyse des tissus tumoraux). Dans un premier temps, une simple radiographie peut confirmer la présence d’un épanchement pleural (accumulation de liquide entre les 2 plèvres). Scanner, IRM et tomographie par émission de positrons permettent de mettre en évidence la tumeur et de visualiser son stade d’avancement.

L’analyse du liquide d’épanchement pleural est en général réalisée, mais n’est pas toujours concluante.

L’analyse histologique de la tumeur, soit suite à une biopsie (à l’aide d’une aiguille fine ou par pleuroscopie), soit suite à son extraction chirurgicale,  permet de confirmer le diagnostic de Mésothéliome Pleural Malin. Ce résultat doit être validé par le centre national pathologique de référence, le MESOPATH.

À savoir ! La pleuroscopie (exploration de la cavité thoracique à l’aide d’une caméra) est désormais préférée à la biopsie à l’aiguille fine car elle permet de prélever de plus gros morceaux de tumeur à analyser.

Traitements

La prise en charge du Mésothéliome Pleural Malin est personnalisée et décidée par une équipe médicale multidisciplinaire en accord avec le patient. Elle repose essentiellement sur la chimiothérapie.

Chirurgie

Elle est extrêmement spécialisée. On décompte 2 types d’intervention :

  • La pleurectomie/décortication : seule la plèvre est retirée. Plus « légère », cette chirurgie expose à des récidives rapides. Elle est réservée à des patients sélectionnés avec un envahissement tumoral restreint ;
  • La pleuropneumonectomie extra-pleurale : élimination de la plèvre, du poumon et du péricarde (enveloppe du cœur) mitoyens, d’une partie du diaphragme. Le péricarde et le diaphragme sont ensuite reconstruits avec un matériel spécial. Plus radicale, cette opération est plus difficile à supporter. La pleuropneumonectomie extra-pleurale tend à être abandonnée en raison d’un taux de mortalité post-opératoire élevée et d’un bénéfice décevant sur la survie des patients.

Chimiothérapie

Les médicaments les plus employés sont le cisplatine et le pémétredex en association. Ils ont administré en perfusion tous les 21 jours. Comme de nombreux médicaments anti-cancéreux, ils provoquent des effets indésirables plus ou moins graves, comme une chute des globules blancs et des plaquettes.

Des essais cliniques prometteurs sont en cours. Ils utilisent les anti-corps monoclonaux (bévacizumab ou encore pembrolizumab), seuls ou en association avec cisplatine/pémétredex.

Radiothérapie

Des rayons peuvent être prescrits conjointement à la chirurgie ou pour soulager certaines douleurs.

À savoir ! Le MPM a la faculté d’envahir les trajets laissés par les instruments chirurgicaux après des biopsies ou des ponctions de liquide pleural. Des séances de rayons peuvent être programmées pour éviter cette formation de métastases sur les trajets de ponction.

Malgré l’avancée des traitements, le Mésothéliome Pleural Malin demeure un cancer de mauvais pronostic avec une survie à 5 ans quasi nulle.

Isabelle V., journaliste scientifique

– Mésothéliome – cancer-environnement. Consulté le 23 février 2018.
– Actualités de la prise en charge du mésothéliome. S. Brosseau et al. Jim. 11 octobre 2017.

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