Parmi les arythmies, autrement dit les troubles du rythme cardiaque, les tachycardies sont les plus fréquents. Ces dernières se traduisent par une augmentation de la fréquence cardiaque (nombre de battements du cœur par minute). Selon leurs origines et leurs potentielles conséquences, les tachycardies peuvent être bénignes ou graves.
Définition et symptômes
A propos du cœur
Le cœur est un muscle constitué de cellules spécifiques : les cardiomyocytes. Ces cellules ont la capacité de se contracter comme une cellule musculaire, mais aussi de conduire l’électricité permettant de déclencher une contraction. Bien que le cœur ne pèse que 300 grammes chez un adulte, cet organe consomme à lui seul 10% de l’oxygène nécessaire à notre corps. Le myocarde est un muscle creux de la taille d’un poing recouvert de 2 membranes protectrices : l’endocarde qui est interne, et l’épicarde qui est externe.
Le cœur est composé de 4 cavités qui fonctionnent par paire. On distingue alors le cœur droit et le cœur gauche. Chaque paire est constituée d’une première cavité, l’oreillette, qui réceptionne le sang puis se contracte pour se vider dans la seconde cavité : le ventricule. Le ventricule est plus volumineux et éjecte le sang dans une artère après contraction. A noter que chaque compartiment est séparé par des valves, on parle de « valves cardiaques », elles assurent une circulation sanguine à sens unique.
Finalement, la circulation sanguine générale est assurée par une bonne synchronisation des différentes contractions au niveau du cœur.
Ainsi, le sang pauvre en oxygène (qui a déjà servi à nourrir notre organisme en oxygène) arrive dans l’oreillette droite, qui l’envoie dans le ventricule droit avant d’être propulsé dans l’artère pulmonaire en direction des poumons afin d’être oxygéné. C’est au niveau de cette première oreillette que se trouve le signal nerveux à l’origine des impulsions électriques qui assure une contraction régulière du cœur.
Le cœur gauche permet quant à lui de propulser le sang oxygéné, arrivant au niveau de l’oreillette gauche après un passage dans les poumons, dans tout l’organisme via l’aorte.
Qu’est-ce qu’une tachycardie ?
Lorsque le cœur bat trop vite, on parle de tachycardie. En effet, un cœur en bonne santé bat normalement entre 50 et 80 fois par minute. Bien sûr, plusieurs facteurs tout à fait bénins peuvent être à l’origine d’une accélération temporaire du rythme cardiaque, par exemple, l’exercice physique, le stress ou encore la peur.
Une tachycardie est évoquée lorsque le rythme cardiaque dépasse 100 battements par minute, pouvant parfois aller jusqu’à 400 battements par minute.
Ce type d’arythmie peut survenir au niveau des cavités supérieures du cœur (les oreillettes), on parle alors de tachycardie auriculaire, ou au niveau des cavités inférieures (les ventricules) en cas de tachycardie ventriculaire.
Plusieurs raisons peuvent être à l’origine d’une tachycardie. Parmi les plus fréquentes, on trouve :
- Une pathologie cardiaque, par exemple l’hypertension;
- Une mauvaise irrigation sanguine du cœur, notamment en cas d’athérosclérose, de valvulopathie, de cardiomyopathie (pathologie affectant le muscle cardiaque), d’insuffisance cardiaque, de tumeur ou d’infection ;
- Une maladie pulmonaire, de la glande thyroïdienne ou un déséquilibre électrolytique ;
- Un stress ;
- L’abus de substances toxiques.
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de tachycardie chez un individu :
- Une insuffisance coronarienne ;
- Une insuffisance cardiaque ;
- Un infarctus du myocarde ;
- Une pathologie cardiaque congénitale ;
- Une maladie pulmonaire chronique ;
- Des pathologies cardiaques inflammatoires ou dégénératives.
Quels sont les symptômes ?
Les patients souffrants de tachycardie, peu importe de quel type, décrivent quasi systématiquement des palpitations. Ils ressentent souvent aussi une faiblesse, une sensation de tête légère et un malaise pulmonaire. Parfois, la tachycardie peut être à l’origine : de vertiges, d’étourdissement, voire de syncope.
À savoir ! Une tachycardie persistante est dangereuse, car la pression artérielle diminue, et une insuffisance cardiaque apparaît. La tachycardie peut alors s’aggraver et devenir une fibrillation (type d’arrêt cardiaque).
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Devant les symptômes caractéristiques, une électrocardiographie (ECG) est utilisée pour diagnostiquer une tachycardie.
Quel traitement ?
Les traitements mis en place en cas de troubles du rythme cardiaque ont pour objectif de prendre en charge, à la fois, une éventuelle maladie cardiaque sous-jacente, donc la cause, les symptômes du trouble, et enfin, de prévenir les complications :
- Les traitements de la cause, et des éventuels facteurs aggravants, sont divers puisqu’ils dépendent de la pathologie dépistée. Il peut ainsi s’agir de traiter une insuffisance cardiaque, ou une hypertension artérielle, par exemple.
- La prévention, ou le traitement, des complications vise surtout à éviter la fibrillation auriculaire ou ventriculaire.
- Le traitement des symptômes consiste, quant à lui, à rétablir un rythme cardiaque normal.
En cas de tachycardie, il existe plusieurs options thérapeutiques. Le traitement peut être médicamenteux ou chirurgical. C’est le cardiologue qui détermine le traitement le plus adapté à son patient.
1 – Tachycardie ventriculaire
Pour traiter une tachycardie ventriculaire, il existe deux options : les médicaments (les anti-arythmiques) ou l’implantation d’un défibrillateur automatique implantable (DAI).
Un défibrillateur automatique implantable est un petit boîtier implanté sous la peau capable de surveiller en permanence le rythme cardiaque et d’administrer en cas de besoin une thérapie afin que le rythme cardiaque se normalise.
Une fibrillation ventriculaire (le rythme cardiaque est extrêmement rapide et irrégulier) dispose de 3 options thérapeutiques possibles :
- La défibrillation externe, autrement dit l’utilisation d’un défibrillateur qui délivre un choc thérapeutique afin de redémarrer l’activité du cœur. Ces appareils d’urgence sont disponibles dans les services d’urgences hospitalières, mais aussi dans de nombreux lieux publics ;
- L’implantation d’un défibrillateur implantable (DAI) ;
- Les médicaments.
2 – Tachycardie auriculaire
En cas de tachycardie auriculaire (aussi appelée tachycardie atriale ou flutter auriculaire), il existe deux options : les médicaments ou une intervention chirurgicale qui consiste via un cathéter à mettre fin aux signaux anormaux au niveau du cœur.
Pour traiter une fibrillation atriale ou auriculaire (fréquence cardiaque irrégulière et très rapide), il existe plusieurs options :
- Les médicaments ;
- La cardioversion qui est la délivrance d’un choc électrique au cœur sous anesthésie ;
- L’implantation d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) ;
- Une ablation mini invasive qui consiste à mettre fin aux signaux électriques anormaux dans le cœur via un cathéter ;
- Une ablation chirurgicale qui est une intervention à cœur ouvert qui consiste à « léser » intentionnellement le cœur en certains points afin de bloquer les signaux électriques anormaux.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Tachycardie ventriculaire. Le manuel MSD – version pour le grand public . Consulté le 5 décembre 2019.
– Rythmes supraventriculaires ectopiques. Le manuel MSD – version pour professionnels de la santé . Consulté le 5 décembre 2019.
– Tachycardie – rythme cardiaque rapide – options de traitement. Medtronic . Consulté le 5 décembre 2019.